Vincent Merle plaide pour une adaptation des certifications au marché du travail
Vincent Merle a souhaité répondre à ceux qui disent “la VAE, c'est bien, mais"... “ça ne marche pas", ou “pas chez nous", ou encore “c'est lourd". À condition de travailler ensemble, des solutions sont possibles. En commençant par une “mise en cohérence" des certifications.
Par Centre Inffo - Le 16 février 2009.
“Au moment où la certification est soumise à enregistrement, un rapport d'opportunité devrait juger de son adaptation au marché du travail", a proposé le 5 février le professeur du Cnam Vincent Merle, qui a présidé le groupe de travail sur la validation des acquis de l'expérience.
“L'angle d'attaque" du groupe de travail était “différent du rapport Besson, qui disait « la VAE c'est bien, mais ça ne marche pas »", a-t-il expliqué. “Notre point de vue est différent. La VAE bouscule beaucoup d'habitudes, mais elle est sortie du cercle militant. L'ensemble des acteurs reconnaît désormais cette voie comme importante dans la sécurisation des parcours. Tout cela est admis."
Encore faut-il trouver “le moyen de dépasser le « c'est bien chez les autres, pas chez nous », si on veut que la VAE soit un levier de changement dans une société marquée par la culture du diplôme", a-t-il observé. Pour ce faire, “il faut travailler ensemble", a insisté Vincent Merle, qui, tout au long des travaux qu'il a présidés, a insisté sur le rôle des acteurs. En premier lieu, celui des branches professionnelles, “dont beaucoup ont réussi à mobiliser les entreprises". Deuxième acteur-clé : les Régions. “L'inégalité de développement de la VAE est liée en partie aux mobilisations différentes des acteurs selon le territoire", mais “quand les Régions sont impliquées, cela change."
Si “beaucoup pensent que « la VAE c'est bien, mais c'est lourd », il nous semble que la VAE est un processus nécessairement complexe et long", a argumenté Vincent Merle. Certes, “tout ça prend du temps", mais, contrairement à une idée reçue, “la VAE ne détourne pas les salariés de la formation", a-t-il ajouté.
Il faut surtout “préparer et former les membres des jurys". C'est un “problème de temps et d'argent". Autre facteur de progrès, la mise en cohérence des certifications. “La CNCP[ 1 ]Commission nationale de la certification professionnelle. www.cncp.gouv.fr a fait son travail, des portails permettent de repérer les certifications par grand champ professionnel. Mais le nombre des certifications est très important, nous en sommes à 15 000, dont la plupart émanent de l'enseignement supérieur." Faut-il diminuer leur nombre ? “Pas nécessairement", a jugé prudemment Vincent Merle. Donc, “pour plus de cohérence, il faudrait développer les passerelles entre les certifications", a-t-il avancé. Et tout de même “discuter de la pertinence de ces certifications par rapport à la réalité du marché du travail. Au moment où la certification est soumise à enregistrement, un rapport d'opportunité devrait être produit". Un document répondant à deux interrogations cruciales : à quels besoins répond cette certification et à quel public s'adresse-t-elle ?
“Nous avions aussi suggéré la mise en place d'une cellule technique qui fasse vivre la VAE, à côté de la commission nationale de la CNCP, a-t-il complété. Un organe qui capitaliserait les pratiques et aiderait à diffuser les bons usages de la VAE." Comme le font à leur échelle l'Anact[ 2 ]Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail. www.anact.fr et le Centre Inffo, via sa revue Actualité de la formation permanente[ 3 ]www.centre-inffo.fr/actualite-de-la-formation. Mais Vincent Merle craint que cette proposition ne soit pas retenue par le secrétaire d'État à l'Emploi.
[(Pour une orientation “interactive"
Le 5 février, Pierre-Yves Cusset, chargé de mission au COE[ 4 ]Conseil d'orientation pour l'emploi. www.coe.gouv.fr, a regretté que “l'orientation des jeunes se conjugue trop souvent à la forme passive : on « est orienté »".
“L'orientation a au moins trois composantes, a-t-il rappelé : l'information sur les métiers, l'aide à l'élaboration d'un projet professionnel et personnel, et l'orientation proprement dite en fin de troisième et de terminale." Or, “elle ne doit pas être synonyme d'affectation. Et ne devrait pas être l'orientation par l'échec". Les solutions ne peuvent s'inscrire que “dans la durée. Dès la cinquième, il faut y consacrer un jour par trimestre, a précisé Pierre-Yves Cusset. L'idée est de ne pas réinventer un nouveau cours, il faut que cela soit interactif". L'idéal ? Créer un guichet unique pour faciliter les démarches des jeunes et des salariés. Oui, mais... toutes les institutions en charge de l'orientation se verraient bien dans la position du “chef de file".
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Aider les entreprises à choisir les “bons" organismes de formation
Dans l'offre, le bon coexiste avec le moins bon. Faire clairement la distinction, Michel Théry[ 5 ]Michel Théry est responsable du département production et usage de la formation continue du Céreq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications). www.cereq.fr, rapporteur du groupe de travail sur la qualité de l'offre, est pour.
Le 5 février, il a estimé que les organismes collecteurs devaient “continuer" à recommander les “bons" organismes de formation à leurs adhérents. “Quand nous nous réunissons avec des DRH, ils nous interrogent : « Quelle est la liste des bons organismes de formation ? » Il faut aider les entreprises à acheter des formations. Distribuer les bons et les mauvais points, certains Opca le font déjà, mais cela est remis en cause par certains organismes de formation. Le groupe de travail a estimé qu'il fallait continuer dans cette voie."
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Notes
1. | ↑ | Commission nationale de la certification professionnelle. www.cncp.gouv.fr |
2. | ↑ | Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail. www.anact.fr |
3. | ↑ | www.centre-inffo.fr/actualite-de-la-formation |
4. | ↑ | Conseil d'orientation pour l'emploi. www.coe.gouv.fr |
5. | ↑ | Michel Théry est responsable du département production et usage de la formation continue du Céreq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications). www.cereq.fr |