Entretien avec Daniel Vatant, directeur général d'Habitat Formation
“Nous nous inquiétons du retard qui pourrait être pris dans le lancement de la collecte"
Par Sandrine Guédon - Le 01 janvier 2010.
Comment préparez-vous l'avenir de l'Opca, au regard des dispositions de la loi sur l'orientation et la formation ?
Un Opca, c'est d'abord un ensemble d'entreprises adhérentes. Notre toute première préoccupation est donc de les aider à s'approprier les nouvelles dispositions d'ores et déjà issues de la loi, et celles qui seront précisées par décret au fil du temps. Les tout premiers questionnements des entreprises portent sur le mode de calcul de la contribution au FPSPP et ses conséquences.
Au-delà des appréciations qui peuvent être portées sur la pertinence du système qui se met en place, les entreprises ont évidemment quelque peine à comprendre que la contribution au FPSPP s'appliquera sur les contributions légales assises sur la masse salariale 2009, y compris au titre du plan de formation, alors que l'année est quasiment achevée et que les budgets sont bien souvent déjà consommés. De plus, l'arrêté qui fixera le taux de contribution n'est pas encore publié et, comme tous les Opca, nous nous inquiétons du retard qui pourrait être pris dans le lancement de la collecte.
Au niveau d'Habitat Formation, la perte de capacité d'engagement au titre de la professionnalisation et du Cif est également un sujet de préoccupation dans l'attente des règles qui seront fixées par la future convention État-FPSPP. Si ces règles ne permettaient pas un “retour" significatif vers l'Opca, le taux de satisfaction des demandes de Cif chuterait mécaniquement et des difficultés pourraient apparaître au niveau de la professionnalisation, avec le risque de casser la dynamique constatée sur les contrats de professionnalisation (Habitat Formation n'ayant pas connu la baisse constatée nationalement, et enregistrant même une légère progression du nombre de contrats).
Sur ces sujets majeurs comme sur tous les autres, Habitat Formation développe un politique d'information en mobilisant tous ses supports (dont son site internet), en démultipliant l'organisation de réunions collectives et les visites d'entreprises dans les régions. Pour renforcer encore le service de proximité, notre conseil d'administration a décidé le 15 décembre l'implantation d'une nouvelle antenne régionale à Lille, début 2010.
Bien entendu, nous sommes questionnés sur l'avenir de l'Opca lui-même. Nos instances paritaires ont toujours considéré qu'Habitat Formation remplissait de façon très satisfaisante les missions assignées par la loi aux Opca. Elles agissent donc activement dans le sens de la sauvegarde d'un organisme collecteur spécifique correspondant à la cohérence du champ professionnel qu'il a vocation à couvrir.
Comment envisagez-vous vos rapports avec le FPSPP ?
En tant qu'Opca “hors champ", nous ne sommes pas partie prenante des décisions qui pourront être prises par le FPSPP, ce qui est en soi une anomalie, puisque nos entreprises adhérentes contribueront comme les autres à l'alimentation de ce fonds. Un premier pas dans le sens d'une situation plus cohérente a été franchi avec la procédure de consultation des organisations d'employeurs constitutives des Opca hors champ sur le pourcentage de la contribution au FPSPP et bientôt sur le mode d'utilisation de ses ressources.
_ Nos réponses sur ces deux points sont en cours de finalisation. Nous espérons aussi que la future convention État-FPSPP soit elle aussi signée rapidement, et qu'elle fixe de vrais objectifs de fond, en particulier pour la formation des salariés les moins qualifiés, mais sans corseter le choix des dispositifs mobilisés pour les atteindre.
Il est également souhaitable qu'une vraie réflexion soit engagée sur les principes et mécanismes de la péréquation.
Quelle est votre appréciation sur le rapport IGF-Igas ?
Notre appréciation rejoint complètement celle qui a été formulée par les partenaires sociaux. “Qui veut noyer son chien…" est la première phrase qui nous soit venue à l'esprit à la lecture de ce rapport qui, non seulement contient bon nombre d'inexactitudes, mais formule des jugements totalement arbitraires avec une agressivité qui laisse pantois !
On ne peut que s'interroger sur l'écart entre ce rapport et celui produit par l'Igas en mars 2008, qui avait souligné sans la qualité de la gestion paritaire. Même si tout système est bien évidemment améliorable, les salariés des Opca qui travaillent d'une manière particulièrement professionnelle tout au long de l'année pour le développement de la formation - qui plus est avec succès - ne peuvent qu'être choqués par une telle entreprise de démolition qui stupéfie aussi bon nombre d'entreprises satisfaites des services de leur Opca.
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