Entretien avec Magali Rofidal, chef de projet emploi-formation au pôle de compétitivité Imaginove
“Une réponse : la mutualisation des formations"
Par Sandrine Guédon - Le 16 janvier 2010.
Pourquoi un pôle de compétitivité dans le secteur de l'animation ?
L'État nous a confié la mission de travailler en synergie et faire émerger des projets technologiques. L'objectif du pôle est de développer les synergies entre les filières des industries de l'image en favorisant l'anticipation et en stimulant l'innovation des professionnels. Nous cherchons à rassembler les laboratoires de recherches, les entreprises sur des problématiques de production pour financer des projets. La Région Rhône-Alpes rassemble plusieurs filières industrielles, entreprises et laboratoires, mais aussi enseignement supérieur, dans le cinéma, l'audiovisuel, les jeux vidéo, le multimédia interactif, les films d'animation. Nous les accompagnons sur l'anticipation des usages et des changements. La compétitivité des entreprises qui composent le pôle repose sur l'expertise des collaborateurs et sur leur capacité à s'adapter rapidement et efficacement aux évolutions de l'environnement.
Quelles ces problématiques ?
On sait, par exemple, que les gens achètent de moins en moins de DVD, qu'ils utilisent de plus en plus internet et la télévision ; de même pour les jeux vidéo, nous sommes de plus en plus dans la dématérialisation des contenus. Il faut anticiper ces évolutions et nous accompagnons les entreprises en ce sens. Il existe des convergences en terme de marché ; deux secteurs peuvent travailler sur un même contenu : le film et le jeu vidéo, par exemple vont élaborer des scénarios pour deux supports, l'un devenant le prolongement de l'autre. Ces filières connaissent des convergences d'usage et de technologies qui obligent à décloisonner les métiers. Ils ont en commun un même modèle économique et doivent suivre les mêmes évolutions pour être présent sur le marché. Dans cette perspective, le pôle développe en parallèle du financement des projets, des actions pour soutenir l'emploi. Ces entreprises sont économiquement fragiles, car elles subissent des cycles courts d'activité nécessitant des investissements lourds en matériel et en compétences, ont des besoins importants de flexibilité et de mobilité de la main-d'œuvre, et ne possèdent pas de structure RH.
Cela veut dire que vous les accompagnez également en matière de formation ?
Oui. C'est pour cela que nous avons mis en place de programme “Imaginove compétences", sur les compétences dites “initiales", mais aussi en matière de formation continue. S'agissant des écoles, l'idée est de faire en sorte qu'elles soient proches des entreprises. C'est la raison pour laquelle nous avons constitué un réseau d'écoles (qui a fait l'objet d'une labellisation) qui ont été identifiées par rapport aux besoins en compétences des entreprises sur les différents métiers qui les concernent. Aujourd'hui cela concerne quinze écoles, principalement privées, qui s'intègrent véritablement dans un réseau de salariés ou futurs salariés. Notre travail consiste donc à identifier des talents et faciliter l'intégration des jeunes dans le tissu économique rhônalpin. Et en matière de formation continue, nous avons un rôle de mutualisation des compétences.
Pourquoi cette mutualisation des compétences est-elle nécessaire ?
Parce 80 % de nos entreprises comportent moins de dix salariés. La mutualisation permet d'organiser des actions communes aux différentes structures. Quand les actions de formation ont lieu à Paris et qu'elles sont chères, les entreprises n'envoient pas leurs salariés en formation. Imaginove compétences permet de faire de l'ingénierie de formation, trouver des organismes de formation, monter des stages en Rhône-Alpes et cofinancer les formations, permettant ainsi de réduire de moitié les coûts et de faire les choses sérieusement.
L'étude prospective se conclut par une liste d'actions à engager : collecter et mutualiser l'information, identifier les besoins à court terme pour une entreprise singulière comme pour l'ensemble du secteur, organiser une veille sur les évolutions du marché pour anticiper les effets sur la main-d'œuvre, organiser une veille sur les évolutions technologiques pour anticiper les besoin de compétences nouvelle, engager un dialogue avec les organismes de formation initiale susceptibles d'intervenir dans la formation continue, assister les entreprises et les salariés dans l'identification des organismes de formation pertinents pour les besoins exprimés, diffuser dans le milieu professionnel une évaluation progressive des organismes de formation pour aboutir à la rédaction d'un annuaire, et, enfin, contribuer à la transparence financière en renforçant la diffusion des données sur les montants de la collecte, les coûts des formations, les tarifs des prestations.)]