La complexification des circuits de financement, responsable d'une diminution des départs en formation ?

Par - Le 16 décembre 2010.

“La réforme de la formation professionnelle, un an après : les premiers enseignements", tel était le thème d'une table ronde organisée le 18 novembre par l'Association française pour la réflexion et l'échange sur la formation (Afref). Analyse de la Fédération de la formation professionnelle, représentée par sa déléguée générale, Marie-Christine Soroko.

“La loi n'a pas encore changé grand-chose pour le fonctionnement de l'offre de formation, a-t-elle indiqué. En revanche, l'environnement a, et va, changer." Quelques “signaux forts" apparaissent révélateurs des évolutions que va apporter cette loi.

Tout d'abord, elle consacre ce qui concerne la construction du parcours professionnel, la formation n'en étant qu'un élément, mais cependant un “élément majeur des ressources humaines et de la GPEC". Plus question pour le salarié ou l'entreprise de former pour former, il existe dorénavant une obligation d'intégrer l'acte de formation dans un parcours. Et l'évolution législative apporte des outils : deux bilans (professionnel et à mi-carrière) et un droit associé à l'orientation, mis en route après l'analyse de la situation du salarié ; auxquels s'ajoutent le développement de la reconnaissance des qualifications.

“Deuxième signal fort, corollaire du premier, l'installation du salarié acteur de sa formation professionnelle", a-t-elle poursuivi, citant les outils prévus par la loi : le Dif portable, le Cif hors temps de travail, le passeport formation et les bilans et on affiche la volonté d'augmenter d'un niveau de qualification.

Dernier révélateur, selon la déléguée générale : la transparence, pour les Opca, mais aussi pour tous les acteurs. Elle s'est félicitée que la loi ait précisé que la responsabilité de la formation restait dans les mains des employeurs : “Ce sont des éléments positifs encore peu visibles aujourd'hui, mais qui, demain, devraient permettre aux entreprises et aux salariés de pouvoir accéder plus facilement à certaines formations, avec davantage de visibilité sur le financement de ces formations."

Elle est plus réservée sur la complexité du Fonds paritaire de sécurisation des parcours (FPSPP). Le prélèvement des 13 % pour l'alimenter gêne les entreprises dans le financement de leurs besoins, et la déléguée générale s'attend à “des retombées sur les salariés faiblement qualifiés et les demandeurs d'emploi, du fait de la complexité des circuits". Conséquence : les adhérents de la FFP font état d'une baisse de consommation de formation. “Nous constatons une certaine tension, alors que les financements sont là, et c'est ce qui est le plus frustrant", a-t-elle pointé, comparant la situation d'aujourd'hui à un goulot d'étranglement.