Mayotte : le CNFPT prépare la “départementalisation"

Par - Le 16 décembre 2010.

En 2014, Mayotte changera de statut pour devenir un département d'outre-mer, suite au référendum de mars 2009. Dans le cadre de la tournée qu'il effectue tout au long de l'année dans les 29 délégations régionales du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), son président François Deluga s'est rendu en octobre dernier à Mayotte, qui compte 5 500 agents.

Il a alors signé un contrat d'objectif territorial et inauguré les nouveaux locaux du CNFPT. “Dans notre projet national de développement 2010-2015 voté le 15 septembre dernier, nous avons placé dans nos priorités la mise en œuvre d'efforts particuliers pour les Dom qui n'ont pas été assez traités à la hauteur de ce qu'il fallait jusqu'à présent", déclare François Deluga. Le Cot (contrat d'objectif territorial) signé est spécifique à Mayotte, puisque l'État est présent parmi les signataires : le Conseil régional, le Conseil général, la mairie de Mamoudzou, le président de l'Association des maires, les syndicats mixtes et, enfin, le préfet, “ce qui n'arrive jamais, précise François Deluga. Mais dans le cadre de la départementalisation, il est nécessaire d'avoir une coordination. Nous avons ainsi une visibilité sur trois ans pour un projet construit avec tous les acteurs, d'autant plus que nous mettons en place la stratégie de “rupéisation" qui définira Mayotte comme une “région ultra périphérique" (Rup), ce qui lui permettra d'avoir accès aux fonds européens". Dans le Cot, le CNFPT s'engage ainsi à former les cadres à la préparation de dossiers européens, avec la venue de deux consultants sur l'île.

Mais l'objectif principal est de “former la fonction publique locale, qui va disparaître en tant que telle et intégrer la fonction publique territoriale", souligne le président du CNFPT. Les formations d'intégration seront donc plus importantes qu'ailleurs. Également mis en place, des modules d'appropriation de la culture territoriale.
En outre, Mayotte présente des spécificités vis-à-vis des autres Dom, puisque 80 % des agents appartiennent à la catégorie C, ce qui implique d'accorder une grande place aux préparations aux concours. En outre, le taux d'illettrisme parmi les agents s'élevant à 20 % (contre 10 % en métropole), l'accent sera également mis sur les formations aux compétences de base et, notamment, l'apprentissage de la langue française. Des formations initiales de policiers municipaux et de sapeurs pompiers seront également réalisées.

Les formations prévues pour les 48 attachés de la catégorie A et les 12 rédacteurs de la catégorie B concernent, quant à elles, les finances publiques, le management et la sécurité, domaine au sein duquel “les lacunes sont importantes", précise François Deluga.

La plupart des sessions de formation se dérouleront à Mayotte. Quelques déplacements seront effectués en métropole pour que les cadres puissent se confronter avec la pratique métropolitaine. “Nous allons surtout travailler à l'échelle interrégionale entre Mayotte et la Réunion, les deux îles n'étant qu'à deux heures d'avion. Nous préférons consacrer les financements aux formations plutôt qu'à des allers-retours en métropole", ajoute François Deluga. D'ailleurs, en octobre dernier, après Mayotte, le président du CNFPT s'est envolé pour la Réunion. Il n'y a toutefois pas signé de Cot, les négociations n'étant pas terminées. Cinq Cot avec cinq villes réunionnaises devraient être en tous cas signés en 2011.

L'enveloppe consacrée à Mayotte et à la Réunion a ainsi été augmentée de 10 % pour atteindre un million d'euros pour Mayotte, et deux millions pour la Réunion, qui compte 37 500 agents. François Deluga a décidé, suite à sa visite, de doter la délégation mahoraise du CNFPT, qui comptait dix agents, d'une personne supplémentaire. Et le président du CNFPT de se féliciter de “la multiplication par dix du nombre de journées stagiaires effectuées chaque année depuis 2005, pour atteindre en 2009 15 000 journées". Si François Deluga ne veut pas parler d'objectifs chiffrés pour les prochaines années, puisque les formations sont basées sur le volontariat, il reconnaît avoir ressenti “une énorme attente des agents Mahorais".