Passer du conseil ponctuel à l'accompagnement dans la durée ?

Par - Le 01 mars 2010.

Le contexte actuel de crise (mutation économique ?) et l'“explosion" des mobilités contraintes pour de nombreux salariés créent des “déplacements de frontières" et mobilisent de nouvelles pratiques de conseil et d'accompagnement dans les Fongecif.

Exemple avec le Fongecif Alsace, qui a noué un partenariat avec Pôle emploi (Mulhouse) autour du contrat de transition professionnel (CTP), basé sur une convergence des valeurs et des pratiques mises en place en matière d'accompagnement. Et aussi, explique Marie Odile Lenhardt, directrice, “sur la nécessaire interconnaissance des systèmes d'acteurs et des dispositifs".

Conditions qu'elle considère indispensables à la mise en œuvre concrète de la sécurisation des parcours. Sandrine Joly, conseillère du Fongecif, évoque pour sa part les points communs et les différences qu'elle perçoit entre sa pratique au Fongecif et son action au sein du CTP. Les principales différences tiennent, pour une grande part, à la situation et à la démarche de la personne. Dans le CTP, l'adhésion de la personne se fait dans le cadre d'un contexte contraint de chômage, alors que les salariés encore en activité sont, le plus souvent, dans une démarche volontaire.

Le processus d'accompagnement du CTP a ses spécificités : engagement réciproque, relation à construire dans la durée, mobilisation en premier lieu sur l'emploi, accompagnement et suivi accrus. La stratégie du “pas à pas" est mieux adaptée aux publics “fragiles", et le contexte crée des dynamiques collectives entre les adhérents. Autant d'avantages mentionnés par la conseillère, avec l'ancrage territorial du CTP, les partenariats multiples, la mobilisation concertée de ressources financières.

Ce “voyage culturel", cette interconnaissance partenariale, cette réflexion “comparée" viendront enrichir les pratiques de conseil et d'accompagnement du Fongecif et du réseau national.

Avec ce même souci de renforcer l'accompagnement des salariés en quête de changement, le Fongecif Paca, quant à lui, a élaboré un nouveau dispositif d'accompagnement : le “Securicif". Gérard Goron, directeur, explique l'intérêt de sa démarche en mentionnant que plus de 30 % des personnes ne changent pas de situation professionnelle à l'issue de la formation. Securicif, c'est une “convention" quadripartite signée entre le salarié, l'entreprise, l'organisme de formation et le Fongecif. Si les bénéfices secondaires restent importants, le souhait d'apporter une aide supplémentaire est au cœur de cette expérimentation soutenue par le FSE et le Fup. Yannick Bourdarel, conseillère, liste les nombreux effets pour les personnes, les entreprises, les organismes de formation ainsi que sur les pratiques professionnelles d'accompagnement.

Elle considère que “le fait d'être à côté des salariés, avant, pendant, après une formation, change complètement le regard sur le métier du conseiller et notamment son rôle accru d'“intermédiation". La relation avec les salariés s'enrichit…". Et elle complète : “Nous mesurons à peine les effets de ce dispositif. Nous en percevons les premiers bénéfices et tout cela est prometteur, mais il nous faut un peu plus de recul."

Face à la question de la généralisation d'un tel dispositif, et donc de son coût, l'expérimentation permettra d'apprécier les moyens à mobiliser. Philippe Dole, inspecteur Igas, rappelle que ces expériences témoignent d'une nouvelle culture de l'action et que l'un des enjeux de la société d'aujourd'hui est d'investir dans l'humain, tout en garantissant une allocation de ressources pour toutes les personnes confrontées à ces mutations.