“Peu de perspectives pour les personnes peu qualifiées, même sur des postes élémentaires"

Par - Le 16 mars 2010.

Selon le Cedefop (Centre européen pour le développement de la formation professionnelle), 80 millions d'offres d'emplois seront disponibles en Europe dans les dix prochaines années. Des offres “à forte intensité de connaissances et de compétences : cadres d'entreprise et d'administration, professions intellectuelles ou scientifiques et techniciens de haut niveau représenteront 42 % de l'emploi total en 2020", a analysé Aviana Bulgarelli, directrice du Cedefop, interviewée par Le Monde le 1er mars dernier.

Des signes encourageants pour les bac + 5 et plus, mais une sonnette d'alarme supplémentaire pour les personnes peu ou pas qualifiées, traditionnellement liées à des secteurs dont le déclin s'observe depuis plusieurs années, “principalement à cause de la mondialisation et du changement technologique, qui condamnent également les emplois routiniers dans les services", a observé Aviana Bulgarelli. Et si la formation continue peut être un levier pour augmenter ses compétences et de facto son employabilité, cela ne suffit pas, pour la directrice du Cedefop : “Ce n'est pas seulement de connaissances - c'est-à-dire de plus de formation - dont nous avons besoin, mais aussi de compétences transversales, qui ne sont pas directement liées au poste occupé."

Autre problématique à prendre en considération : crise économique et concurrence obligent, le phénomène du déclassement, mis en lumière notamment par le sociologue Camille Peugny [ 1 ]Le déclassement. Camille Peugny. Grasset, 176 p., est de plus en plus prégnant. “La pénurie d'emplois pousse les entreprises, tous secteurs confondus, à recruter des travailleurs plus qualifiés. Parce que ces derniers acceptent des postes de niveau inférieur", mais aussi parce que “ce que l'on acquiert généralement dans les formations de niveau supérieur est crucial pour s'adapter et pour être innovant dans son travail".

Cela signe-t-il la disparition des emplois peu qualifiés ? Les activités liées à la construction, l'industrie ou la vente, notamment, vont continuer à croître, mais à un rythme inférieur à celui des activités à “forte intensité de connaissances". Et appelleront des compétences de niveau intermédiaire.

Notes   [ + ]

1. Le déclassement. Camille Peugny. Grasset, 176 p.