Questions à Najiba Fradin, directrice adjointe de l'Agefiph

En quoi les personnes handicapées sont-elles plus vulnérables face à la crise ?

Elles présentent les mêmes caractéristiques que les personnes peu qualifiées, du fait de leur faible niveau de formation. Elles sont exclues de l'emploi et cumulent cela avec des difficultés sociales. Le handicap impose des reconversions professionnelles. Il peut survenir en cours de carrière : les personnes handicapées font alors face non seulement au problème du handicap, mais aussi à celui de l'âge. Le maintien dans l'emploi nécessite le développement de carrière, et c'est une préoccupation qui doit toujours être présente à l'esprit des services des ressources humaines. D'autre part, comme tous les publics peu qualifiés, les personnes handicapées éprouvent une grande difficulté à percevoir l'intérêt de la formation - et aussi à savoir où s'adresser. Les acteurs qui s'occupent de la formation ne prévoient pas assez de place pour eux, ils cumulent donc tous les paramètres qui éloignent de la formation.

De quels outils disposez-vous pour sécuriser leurs parcours professionnels ?

Pour l'Agefiph, la formation est la priorité absolue. Notre rôle est d'abord et avant tout de mobiliser les dispositifs de droit commun et nous devons intervenir pour palier les inégalités sur le territoire. La loi de novembre 2009 ouvre de nouvelles opportunités pour les moins qualifiés, parmi lesquels les personnes handicapées devraient figurer en bonne place. Il convient alors que les organismes prennent la mesure des efforts à faire : qu'il s'agisse de la préparation opérationnelle à l'emploi (POE), des conventions avec les Opca ou de la mise en œuvre de contrats de professionnalisation, nous espérons que l'ensemble des outils puisse bénéficier de façon significative aux personnes handicapées, pour qu'elles retrouvent leur place.

Qu'a fait l'Agefiph pour remédier à la situation d'urgence des personnes handicapées lors de la crise ?

Nous avons appris de nos expériences. Nous avions passé des moments difficiles lors du passage aux Régions de la compétence formation professionnelle. Entre 2005 et 2007, nous avons connu une régression de l'effort de formation, toutes institutions confondues. Le chômage atteint très vite les personnes handicapées, et lorsque la crise est arrivée fin 2008, nous connaissions les mécanismes. Nous avons donc mis en place un programme complémentaire conjoncturel pour y faire face avec tous les opérateurs, comme les Cap emploi ou les Sameth ^{[ 1 ]}Service appui maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés. . Ce plan de soutien initialement prévu pour 2009-2010 a vite été complété afin d'accompagner également la reprise et prolongé jusqu'en 2011 ^{[ 2 ]}L'Agefiph a lancé le 1er janvier 2009 un plan de soutien aux personnes handicapées (www.agefiph2009.fr/plan-soutien.php) auquel elle a dédié 130 millions d'euros.
. Aujourd'hui, nous commençons à évaluer les actions, leur valeur ajoutée, afin de déterminer si certaines peuvent ou doivent être maintenues. En ce qui concerne les contrats en alternance, l'impact du plan de soutien est perceptible en particulier sur le quatrième trimestre 2009, puisque nous comptons 40 % de contrats en plus (soit 1 499 pour le dernier trimestre 2009, contre 1 073 pour le dernier trimestre 2008).