“Une formation plus à la carte, plus individualisée, pour répondre à la demande des Francs-Comtois." Questions à Sylvie Laroche, nouvelle vice-présidente en charge de formation professionnelle tout au long de la vie et des lycées, au Conseil régional de Franche-Comté

Par - Le 15 mai 2010.

Sylvie Laroche, directrice d'un centre d'hébergement d'urgence à Dole, dans le Jura, a présidé la commission développement économique, formation et apprentissage lors du précédent mandat et, suite aux sénatoriales, a été vice-présidente en charge de l'économie sociale et solidaire pendant un an.

Centre Inffo - Souhaitez-vous inscrire vos actions dans la continuité de votre prédécesseur ?

Sylvie Laroche - Le contexte a beaucoup changé. La Franche-Comté est l'une des régions les plus impactées par la crise, avec un secteur automobile et industriel forts. Cela nous amène à modifier notre approche de la formation professionnelle, qui doit être utilisée comme levier face à la crise, notamment avec la sécurisation des parcours professionnels, élément déterminant, mis en place en Franche-Comté dès 2008 par un protocole d'accord entre la Région, l'État, les partenaires syndicaux et patronaux. Nous sommes d'ailleurs la seule Région à avoir concrétisé la sécurisation des parcours professionnels de cette manière. En 2009, nous avions ainsi accompagné 12 000 salariés, de 72 entreprises, pendant leur chômage partiel. Notre priorité sera donc d'amplifier nos politiques de sécurisation des parcours professionnels avec les outils formation, mais aussi la mise en place de notre service public régional de formation (SPRF).

Centre Inffo - Justement, comment imaginez-vous votre SPRF ? Comment allez-vous le qualifier et quels en seront les bénéficiaires ?

Sylvie Laroche - Je conçois le SPRF comme un service “au" public de Franche-Comté, à savoir permettant aux Francs-Comtois d'accéder à des plateformes de formation sur tout le territoire. Cela implique un aménagement du territoire, car notre région compte de nombreuses zones rurales. Nous allons aussi mettre en place des enseignements numériques et à distance dans ce souci d'accessibilité. Nous devons nous fixer un objectif de promotion sociale et d'accessibilité aux savoirs de base et aux savoirs plus qualifiants, mais pas seulement sous la forme de stages. Pourquoi pas aussi sous forme d'ateliers pédagogiques personnalisés, qui permettraient une formation plus à la carte, plus individualisée et à la demande, avec des horaires atypiques, répondant aux disponibilités des Francs-Comtois ?
C'est une petite révolution ! Ce service public régional de la formation sera à destination des demandeurs d'emploi et des salariés victimes de la crise. Notre SPRF devrait être mis en place fin 2011 début 2012.

Centre Inffo - Comment souhaitez-vous qualifier votre SPRF ?

Sylvie Laroche - En service social d'intérêt général (SSIG). Car un autre enjeu de ce SPRF est de protéger notre offre de formation locale. Cette qualification nous permettra de garder la maîtrise des choses et de consolider notre offre de formation.

Centre Inffo - Vous allez devoir mettre en place le plan régional de formation pour 2011… Quels en seront les chantiers principaux ?

Sylvie Laroche - Nous allons, en effet, le retravailler et nous allons pouvoir jouer la carte de la concertation dans le contexte du SPRF. La contractualisation avec l'État est intéressante, car elle nous donnera de la visibilité, par exemple sur les ouvertures ou les fermetures de sections de lycées professionnels. L'un des principaux enjeux du PRDF sera l'apprentissage, qui est un enjeu majeur.

Centre Inffo - Concernant l'orientation, avez-vous des projets en perspective ?

Sylvie Laroche - Vaste question, que l'orientation ! Nous avions, il faut l'avouer, un peu “retiré nos billes" de ces enjeux, tout en nous disant que l'orientation est une compétence de l'État. Mais nous ne pouvons toutefois pas nous en désintéresser, car l'orientation peut être un élément de blocage ou de discrimination. Nous allons donc nous pencher sur cette question, mais nous n'avons pas encore décidé comment.
Je vais aussi travailler sur Efigip, notre centre de ressources, qui regroupe le Carif et l'Observatoire emploi. Je souhaite lui donner une autre dimension, le valoriser. Efigip s'adresse beaucoup aux professionnels de la formation, aux partenaires sociaux, il faut qu'il se démocratise et se popularise, qu'il serve aux Francs-Comtois. Nous allons nous atteler à beaucoup décloisonner et mieux articuler la formation en Franche-Comté.

Centre Inffo - Les secteurs automobile et industriel sont très présents en Franche-Comté. Pour aider le secteur automobile, une « task force » a été mise en place pendant la crise. Allez-vous poursuivre ces actions ?

Sylvie Laroche - Les grands axes de formation vont se poursuivre, mais avec un travail plus affiné, articulé avec le développement économique. Nous avons notamment un pôle de compétitivité “véhicules du futur" et agroalimentaire. Concernant le développement durable, nous avons travaillé sur le secteur de l'efficacité énergétique du bâtiment. Nous avons ouvert des formations comme la pose de panneaux photovoltaïques, par exemple, et nous poursuivrons dans ce sens.