Marie Domenech, téléconseillère

Par - Le 01 décembre 2011.

“Tellement important d'être reconnu par le travail"

“Je suis différente comme tout le monde. Je suis Jean-Paul et Patricia, mes responsables qui ont vu mon potentiel alors que d'autres recruteurs ne le voyaient pas. Je suis mes collègues du service client qui, chaque jour, m'aident à oublier ma maladie de peau orpheline". Je suis ? Marie Domenech, téléconseillère clientèle, égérie de la campagne 2009 d'Orange pour la semaine pour l'emploi des personnes handicapées. “Moi qui suis toute petite", plaisante-t-elle, “j'ai ressenti beaucoup de fierté ! On ne m'a pas reconnu dans la rue mais c'était important de le faire, de montrer que l'on peut avoir un handicap et que cela n'empêche pas d'aller de l'avant". Ne pas se laisser abattre, Marie Domenech sait faire.

D'abord, la vie avant le handicap : les études interrompues à 16 ans, deux premiers enfants, de nombreuses missions qu'elle qualifie elle-même de “petits boulots" : prospectrice VRP, employée de bureau, serveuse, etc. Ensuite, naissance de jumelles et apparition d'une maladie de peau orpheline, qui l'amène à reconsidérer sa carrière. “Je me suis dit que travailler derrière un téléphone serait bien pour moi et j'ai suivi une formation rémunérée par l'ANPE de conseillère clientèle en téléphonie". Ne parvenant alors pas à trouver un emploi dans ce secteur, Marie Domenech sera un temps agent d'entretien à l'Université de Pau, métier pour lequel elle commence à préparer le concours avant que la session ne soit annulée. “L'UFR m'a alors proposé un poste de secrétaire, ce qui correspondait à un stage de remobilisation à l'emploi que j'avais effectué des années auparavant". À nouveau sans emploi à la fin de son contrat emploi solidarité, elle sera un temps agent de surveillance à l'académie de Bordeaux, avant de décrocher un poste d'employée de bureau, aide comptable à l'Association des paralysés de France (APF), son premier CDI en tant que travailleuse handicapée. Affectée à de nombreuses tâches de secrétariat et de comptabilité, Marie Domenech “adore son nouveau métier", au point d'entamer une VAE Assistante administrative à l'Afpa de Pau.

L'histoire aurait pu s'arrêter là si son conjoint n'avait pas été muté à Bayonne suite à la fermeture du service Wanadoo où il travaillait. “Il a expliqué que j'étais secrétaire à l'APF et que j'aurais très certainement du mal à retrouver du travail à Bayonne, on lui a présenté la cellule handicap et j'ai été reçue. Tout s'est fait très rapidement, en trois mois. J'ai été formée en interne par Orange au métier de téléconseillère technique et je bénéficie d'un poste et d'horaires adaptés, même si je fais le même travail et le même nombre d'heures que les autres", précise-t-elle. Très satisfaite de son nouvel emploi, Marie Domenech a aussi pu mener à terme la VAE qu'elle avait entamée à l'APF. “C'était très important pour moi de terminer", explique-t-elle, “enfin, j'ai un diplôme de niveau bac, s'il m'arrive quoique ce soit, je pourrai le dire !"

“À 50 ans, je suis fière de mon parcours et pourtant, le handicap n'est pas facile à vivre. J'ai aussi développé une fibromyalgie, j'ai mal partout, je suis régulièrement défigurée. C'est surtout le regard des autres qui est dur à supporter. Mon boulot, c'est ma jambe, ce qui me fait lever tous les jours : le fait de travailler me porte. Il faut oser, quel que soit le handicap, on peut le surmonter, si on en a envie et si on est aidé". Aidée ? “Que les employeurs devant lesquels nous nous présentons nous fassent confiance", réclame-t-elle. Et de conclure, “une personne handicapée travaille aussi bien, voire mieux, parce qu'elle connaît la valeur du travail". C'est dit...

1975

Abandonne les études en deuxième année de CAP Commerce

1989-1990

Stage de remobilisation à l'emploi

1995

Développe un premier handicap

2003

Formation de conseillère clientèle en téléphonie

Depuis 2008

Téléconseillère chez Orange

2009

Titre d'assistante administrative en VAE