Entretien avec Alain Bétant, délégué à la formation au sein de la direction technique de France Télécom-Orange

Qu'est-ce qui caractérise cette VAE collective ?

Une première opération de VAE collective a été menée dès 2007 par la direction territoriale Nord en faveur des techniciens d'intervention clients des marchés “entreprise" et “grand public". En février 2010, nous avons généralisé cette action au plan national. Cela nous a d'ailleurs apporté un gain de temps, notamment sur le choix des diplômes proposés aux salariés concernés par exemple, car une VAE collective reste longue à construire. Cette démarche s'est adressée à 7 300 techniciens d'intervention répartis dans 26 unités d'intervention. Nous n'avons pas retenu de diplômes de l'Éducation nationale, mais des titres professionnels du ministère chargé de l'Emploi et référencés au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) : “Technicien réseaux et télécommunication d'entreprise" (TRTE, niveau IV) et “Installateur de réseaux câblés de communication" (IRCC, niveau V).

Comment l'avez-vous mise en œuvre ?

Nous avons travaillé avec l'Afpa, dont l'implantation régionale a favorisé un accompagnement des techniciens dans la démarche VAE. L'association a réalisé un premier “filtrage" des demandes, avant de procéder à un accompagnement des candidats. Pour l'obtention des deux titres visés, ces derniers ont été dans l'obligation de suivre une formation relative à la construction et le dépannage de réseaux coaxiaux et de fibres optiques (pour l'IRCC) et une formation téléphonie PABX^{[ 1 ]}Private automatic branch exchange, commutateur téléphonique servant à relier les postes d'un établissement avec le réseau. et serveur informatique (pour le TRTE). Ces formations ont été réalisées par l'Afpa dans le cadre de 48 sessions de formation organisées dans 9 campus de l'association. Cette opération collective pilotée au plan national, avec un calendrier commun et un accompagnement personnalisé, était relayée sur le plan régional par un correspondant Afpa et un responsable “développement des compétences" dans chaque unité d'intervention France Télécom-Orange. Dans ce cadre, 189 techniciens ont obtenu leur titre professionnel, soit le TRTE, soit l'IRCC.

De quelle manière avez-vous présenté ce projet pour obtenir l'adhésion des techniciens ?

Au préalable, nous avons bien sûr communiqué, pendant une période de deux mois. Le projet a été présenté à la direction technique France, puis au sein de tous les comités de direction présents au sein de chaque unité d'intervention. Nous avons précisé que l'entrée dans la démarche VAE ne comprenait aucune contrepartie (augmentation salariale, promotion, etc.), d'autant que le groupe prend tout en charge.

Il s'agissait de valoriser les compétences des techniciens sans diplôme, dont la moyenne d'âge est de 50 ans, et de tous les autres, sans aucune discrimination. D'ailleurs, certains techniciens se sont demandés ce que pouvait cacher une telle initiative de la part du groupe. Mais cette démarche illustre le nouveau “contrat social" de l'entreprise, à savoir développer les certifications, promouvoir les métiers de la direction technique et la VAE dans les domaines techniques. Et aussi la reconnaissance personnelle des techniciens.

Avec quels résultats ?

De nombreux techniciens ayant refusé de s'engager dans cette démarche ont maintenant tendance à vouloir en bénéficier. De plus, puisque l'opération a bien fonctionné, nous avons lancé deux autres VAE collectives, en partenariat avec des Universités et des IUT : la première concerne les 2 800 techniciens d'exploitation et la seconde, les 2 600 techniciens des unités de pilotage réseaux (UPR). Les diplômes visés sont les mêmes pour les deux populations, à savoir un DUT (diplôme universitaire de technologie) réseaux et télécommunications (niveau III) et une licence professionnelle dans le même domaine (niveau II). Pour le moment, 26 techniciens d'exploitation engagés dans la démarche VAE ont obtenu leur diplôme, sans avoir recours à une formation complémentaire, et 8 ont procédé à une validation partielle de leurs compétences. D'autres techniciens d'exploitation, ainsi que les techniciens des UPR, constituent actuellement leur dossier par rapport aux deux diplômes visés. Sur l'ensemble de ces opérations de VAE collectives, plus de 300 techniciens de la direction technique France auront obtenu un diplôme de niveau V à II.