Le monde de la formation, dans une “logique de l'offre"

Par - Le 01 novembre 2011.

“Les grands esprits se rencontrent !" Telle a été la réaction de Lionel Soubeyran, président du Sicfor-FCF, syndicat des formateurs-consultants indépendants, à la lecture du rapport de l'Institut
Montaigne intitulé Pour en finir avec les réformes inabouties (voir L'Inffo n° 798, p. 2).

“L'un des problèmes majeurs de la formation professionnelle, aujourd'hui, demeure que les petites entreprises paient pour les grosses, indique-t-il. Les rédacteurs de ce rapport ont totalement raison lorsqu'ils préconisent d'abandonner le système du « former ou payer », vu qu'aujourd'hui, les entreprises ne forment que pour améliorer leur productivité au détriment des compétences personnelles des salariés !" Et c'est de sa propre expérience de formateur indépendant que Lionel Soubeyran tire son jugement : “Sur une promotion de dix personnes en formation, huit le sont généralement au titre de leur Dif… sans que ces dernières ne soient capables d'expliquer ce qu'est ce fameux droit individuel à la formation. C'est dire à quel point les nouveaux dispositifs mis en place par les réformes successives de la formation professionnelle sont méconnus et ont négligé l'une des finalités essentielles de ce concept, à savoir la promotion sociale."

À ce titre, Lionel Soubeyran n'hésite pas à déclarer que la réforme de 2009 a constitué “un bond de dix ans en arrière". Argumentant : “Quand la Direccte effectue un contrôle sur notre travail, elle évalue négativement tout ce qui ne relève pas de l'acquisition de connaissances stricto sensu. Pourtant, être innovateur et aider au développement de nouvelles compétences et de nouveaux comportements constitue la plus-value des formateurs indépendants. D'ailleurs, ce n'est que la conséquence logique de toutes les réformes votées à partir des années 2000 qui ont été dans le sens du refus de l'innovation."

Estimant que le monde de la formation était passé dans une logique de l'offre, Lionel Soubeyran n'a pas hésité à démontrer l'absurdité de cette tendance en citant Woody Allen : “J'ai les solutions : quel est votre problème ?" Cette boutade “illustre bien la conception de la formation professionnelle. D'abord, on recense l'offre existante et ensuite seulement, on s'occupe de savoir à quelle problématique elle peut répondre", a ironisé le président du Sicfor-FCF.

Son opinion va clairement à l'encontre de celle exprimée jusqu'à présent par les partenaires sociaux concernant les thèses du rapport Montaigne. “Normal, observe-t-il, les partenaires sociaux ne défendent que l'emploi – ce qui est tout à leur honneur – mais pas la formation professionnelle en tant que telle. Ont-ils communiqué, par exemple, sur le Dif auprès des adhérents de leurs organisations et des salariés des entreprises ? Très peu !" Plus encore, pour le président du Sicfor-FCF, la formation professionnelle n'est même plus un sujet de préoccupation pour les partenaires sociaux, ni pour l'État : “Si tel était le cas, est-ce que l'État se serait permis de mettre la main sur le trésor des Opca comme il le fait depuis deux ans ? Bien sûr que non. En vérité, il y a un accord tacite entre les partenaires sociaux et l'État pour que la situation actuelle se pérennise. Le rapport Montaigne a eu le mérite de vouloir remettre la situation à plat et, telles qu'elles sont, les préconisations de ses auteurs nous conviennent très bien."

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