Plénière du COE - Bertrand Martinot, DGEFP : “Objectif, 800 000 jeunes en alternance à l'horizon 2015"
Par Benjamin d'Alguerre - Le 16 février 2011.
Au cours d'une séance plénière consacrée à l'emploi des jeunes organisée par le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE), Bertrand Martinot, délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), a fait le point sur les problématiques de l'insertion des jeunes et des solutions à développer pour réduire le nombre de demandeurs d'emploi dans cette catégorie de la population d'ici à 2015.
Si le nombre de jeunes sortant du système scolaire sans qualification n'a cessé de baisser au cours des trente-cinq années écoulées (en 1975, 25 % des élèves d'une même génération interrompaient leurs études au collège ou au niveau CAP-BEP, contre 6 % aujourd'hui), l'allongement de la scolarité et l'élévation générale du niveau d'études ont accru les normes de qualification exigées sur le marché du travail, accentuant les risques d'exclusion professionnelle. Ainsi, 140 000 jeunes quittent encore chaque année le système scolaire sans diplôme et 90 000 quittent l'enseignement supérieur sans que leur formation se soit vue validée. Or le diplôme fonctionne “comme un filtre à l'embauche".
Il n'en demeure pas moins que, depuis l'apparition du chômage de masse dans les années 1970, la part des emplois aidés dans l'emploi des jeunes de moins de 26 ans est passée de 5 % à 30 % depuis le milieu des années 1990. En 2009, parmi les jeunes de moins de 26 ans, 26 % (soit 600 000 jeunes) étaient en situation d'emploi aidé, lesquels prennent souvent la forme de contrats d'apprentissage ou de professionnalisation, d'emplois aidés du secteur marchand (49 000 jeunes) et d'emplois aidés du secteur non marchand (55 000). Pour ces publics, les contrats en alternance représentaient 85 % des emplois aidés.
Afin de lutter contre le décrochage scolaire, les ministères de l'Éducation nationale et du Travail proposent de mettre en place des plateformes départementales de suivi et d'appui aux décrocheurs et de renforcer les coordinations sur l'ensemble du territoire entre acteurs de l'emploi et de l'éducation. À terme, Bertrand Martinot recommande la création de cinq postes de coordinateurs par département.
Former 12 % des 15-25 ans en alternance
Favoriser l'accès des jeunes à l'emploi grâce au développement de l'alternance, telle est la recommandation de la DGEFP pour atteindre un objectif de 800 000 jeunes en alternance à l'horizon 2015. Cet objectif permettrait de former 12 % des 15-25 ans, contre 7 % actuellement. Le programme exceptionnel du “grand emprunt" permettra de dégager 500 millions d'euros pour moderniser l'appareil de formation (250 millions) et l'hébergement des alternants (250 millions). Toutefois, aucun développement ne pourra se faire sans les entreprises, ni les jeunes eux-mêmes. Aussi, une valorisation du statut de l'alternant est nécessaire, de même que l'incitation des entreprises à recruter de tels collaborateurs via des incitations fiscales (9 547 entreprises ont bénéficié de la mesure “zéro charges" en 2010) et financières (primes à l'embauche des apprentis ou des contrats de professionnalisation), mais aussi la mise en œuvre du droit à l'accompagnement vers l'emploi et le contrat d'insertion dans la vie sociale (Civis). De fait, on comptait, en septembre 2010, 13 % d'entrées supplémentaires dans ce dernier dispositif par rapport à l'année précédente.
Des disparités régionales au niveau du Civis
Toutefois, si le Civis accompagne un million de jeunes depuis 2005, une grande disparité existe entre les régions, puisque les taux de sorties en emploi peuvent varier de 19,7 % (en Picardie) à 57,9 % (en Île-de-France). De même, le nombre de jeunes sans proposition depuis plus de trois mois, hors situation d'emploi ou de formation, varie de 5,6 % à 30,3 %.
Quant aux contrats d'autonomie, ils concernaient 36 000 jeunes fin 2010. Les hommes y sont davantage représentés que les femmes (58 % contre 42 %), et près de la moitié des bénéficiaires disposent d'un niveau de formation inférieur au niveau V (CAP-BEP). Néanmoins, 23 800 d'entre eux étaient parvenus à sortir du dispositif, avec, pour 10 000 d'entre eux, un accès durable à l'emploi. Enfin, les Écoles de la deuxième chance, cofinancées par l'État et les Régions (un tiers du fonctionnement des É2C par l'État, sur la base de 5 300 euros par place, hors investissement et rémunération) devraient accueillir 10 700 jeunes fin 2011, contre 7 700 fin 2010 (50 projets en cours).