Pour un renforcement de l'alternance

Par - Le 16 février 2011.

“Constructive et consensuelle." C'est ainsi que Marie-Françoise Leflon, secrétaire nationale de la CFE-CGC chargée de l'emploi, définit la première séance de négociation interprofessionnelle sur l'emploi des jeunes qui s'est tenue le 8 février.

Elle a attiré l'attention de ses interlocuteurs patronaux et syndicaux sur les problèmes de “surqualification" rencontrés par les jeunes diplômés au niveau master. S'élevant “contre l'accumulation de contrats précaires avant d'obtenir un CDI". Des jeunes qui, bien souvent, “n'ont pas le statut cadre bien que de niveau bac + 4 ou bac + 5", et donc “qui se sentent déclassés". À cet égard, la CFE-CGC plaide pour “un renforcement général de l'alternance, y compris au niveau master, car elle offre une entrée concrète dans l'entreprise et augmente les chances d'insertion durable sur le marché du travail". Dynamiser l'alternance, avec quels moyens ? “En croisant des fonds d'État et paritaires, sachant que nous ne pouvons dispenser l'État d'assumer ses responsabilités. 24 % des jeunes sont au chômage, c'est un problème de société", précise la responsable confédérale. Un problème de société auquel elle espère apporter des solutions par l'intermédiaire de la négociation qui vient de s'ouvrir. “Nous avons senti une volonté d'ouverture de la part de la délégation patronale", conclut-elle.

En effet, l'Union professionnelle artisanale (UPA) a également mis l'accent sur l'alternance, qui “assure le plus court et le plus sûr chemin vers l'emploi". Rappelant que “la propension des employeurs à embaucher un jeune est d'autant plus forte quand celui-ci a déjà touché du doigt les réalités de l'entreprise et du travail". Autre constat : les entreprises de l'artisanat et du commerce de proximité, qui “forment plus de la moitié des apprentis du pays", rencontrent des difficultés pour recruter les effectifs dont elles ont besoin. Sachant que le taux de remplissage des CFA est élevé, l'UPA appelle à accroître les capacités d'accueil de ces centres de formation.

Pour rendre l'apprentissage plus attractif auprès des jeunes, l'organisation patronale propose de mieux communiquer sur “l'avantage qu'il y a à détenir un contrat de travail et à se constituer une protection sociale dès l'entrée en formation". En outre, les partenaires sociaux devront trouver les moyens de faciliter la mobilité des apprentis et d'améliorer leurs conditions de vie, que ce soit en termes de logement, de transports, de restauration, de culture ou de prestations sociales.

Aux partenaires sociaux de “proposer des solutions, souligne le secrétaire national de la CFDT Laurent Berger. Nous souhaiterions que les branches proposent des engagements chiffrés. Les contrats de professionnalisation doivent intégrer en priorité les jeunes chômeurs et les jeunes peu qualifiés, de niveau V (CAP-BEP) et IV (baccalauréat). Il faut que les contrats en alternance bénéficient en priorité à des jeunes dont la situation est fragile".

La France comptait quelque 427 000 apprentis en 2008, en progression de 16 % par rapport à 2004. “Une grande majorité d'entre eux (80 %) a été formée dans une entreprise de moins de 50 salariés et plus de la moitié dans une entreprise de l'artisanat ou du commerce de proximité", souligne l'UPA.

UN “FONDS D'INVESTISSEMENT POUR L'EMPLOI DES JEUNES"

La CFDT préconise la création d'un “fonds d'investissement pour l'emploi des jeunes" qui regrouperait les moyens de l'Unedic et du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP). “Cela dépendra des mesures décidées par les partenaires sociaux. Il faudra que ce fonds soit alimenté par l'État et les Conseils régionaux. _ L'emploi des jeunes est un problème de société, il faut que l'ensemble des acteurs y participe. Les partenaires sociaux ne sont pas les seules parties prenantes", souligne Laurent Berger. Qui appelle le patronat à “prendre sa part de responsabilité et d'engagements concrets".