Sade : traiter le problème de l'illettrisme au sein des équipes avec tact et respect

Par - Le 01 mars 2011.

Responsable formation de la Sade (filiale de Veolia Environnement), Gérald Lefèvre a contribué à développer, depuis 2005, une politique de lutte contre l'illettrisme au sein de cette entreprise de travaux publics spécialisée dans l'installation de canalisations d'eau potable et d'assainissement. “66 % de nos collaborateurs relèvent du personnel ouvrier, souvent non qualifié, explique-t-il, et c'est à leur attention que nous avons mis en place, avec l'aide de l'Ifape, un programme de remise à niveau".

Lire des indications de sécurité, restituer des grilles de rapports sur les travaux effectués, calculer le contenu d'un camion-benne ou savoir communiquer au sein d'une équipe et avec des riverains, mais aussi établir des chèques ou remplir des documents adressés à une mutuelle sont autant de défis à relever pour les salariés en situation d'illettrisme, voire d'analphabétisme. Le responsable formation s'en explique : “Les métiers du BTP étant peu attractifs, nous focalisons notre recrutement autour de trois populations : des migrants venus du Maghreb ou du Mali, lesquels n'ont parfois jamais été scolarisés, les habitants des zones urbaines sensibles ou des personnes issues d'un environnement rural et ayant souvent stoppé leur scolarité au niveau du brevet des collèges. Nous communiquons beaucoup afin d'éviter tout réflexe stigmatisant et dans le but de les mettre à l'aise."
Un film destiné à sensibiliser les collaborateurs de la Sade sur les situations d'illettrisme est généralement projeté lors des moments de convivialité que connaissent les collaborateurs de l'entreprise de BTP, avant que ces derniers ne reçoivent une information destinée à les pousser à se confier aux personnels RH référents sur cette problématique. Depuis la mise en place du programme, les formateurs de l'Ifape ont déjà pu remettre à niveau 150 salariés, avec une moyenne de 300 heures d'apprentissage par personne. “Ces formations sont effectuées hors temps de travail, les samedis matins ou après-midi, expose Gérald Lefèvre. Les métiers du bâtiment sont rudes et nos collaborateurs ont besoin de toute leur capacité d'attention pour suivre les formations proposées. Il aurait été inconcevable d'organiser des sessions après une journée de travail."
Effectué à partir de documents bien connus des salariés de l'entreprise (plans urbains, documents de travail, notes et schémas de sécurité, etc.), le parcours pédagogique a été spécialement développé par les équipes de l'Ifape. “Leur pédagogie est très active, signale Gérald Lefèvre, nous tenions à nous adresser à d'authentiques spécialistes de ce type de public. Or, il existe moins d'une dizaine d'organismes en France susceptibles d'organiser des sessions d'apprentissage à l'échelle de nos besoins."