“Une mise en situation collective"
Par Nicolas Deguerry - Le 01 avril 2011.
Souvent assimilés aux serious games avec lesquels ils partagent l'exigence de réalisme, les simulateurs s'en distinguent par l'absence d'intention ludique. Leur credo ? Proposer des environnements virtuels pour permettre l'entraînement au geste professionnel. L'intérêt ? S'affranchir des contraintes du monde réel en phase de formation.
Ainsi des simulateurs de vol, utilisés de longue date, avec des conséquences évidentes en matière de sécurité et d'économie.
Fait nouveau entraîné par la baisse des coûts technologiques et le développement de la simulation de loisir, le recours aux mondes virtuels est de moins en moins réservé à l'aéronautique.
Ainsi du “bébé simulateur patient" de Laerdal Medical France, outil dédié à l'enseignement de la réanimation du nouveau-né. “En séance de simulation, on peut se tromper, et la méthode permet bien l'acquisition des gestes, des attitudes et des comportements, Arnaud Moussy, responsable Île-de-France de Laerdal Medical. Elle permet aussi une meilleure rétention des savoirs, des méthodes et protocoles." Autre avantage, la possibilité “de se mettre en situation dans des cas rares", que l'apprenant ne rencontre pas forcément au cours des études.
À noter qu'à l'inverse du e-learning classique, qui vante parfois la réduction de l'encadrement pédagogique, la simulation est une mise en situation collective : présence d'un “facilitateur" mobilisé pour éviter que la séance dérive par rapport à l'objectif initial, d'un “technicien" qui pilote le dispositif, d'“instructeurs" et, surtout, “élément le plus important", selon Arnaud Moussy, existence d'un “débriefing" collectif qui permet aux apprenants d'évaluer leurs prestations et d'envisager les autres solutions possibles.
Autre exemple avec l'Afpa, engagée dans de nombreux projets innovants. D'abord, CS-Wave, simulateur de soudure produit par Diginext et dont la première conception remonte à 2000. “Associés à la conception, les formateurs n'ont pas été la communauté la plus facile à convaincre", se souvient Dominique Steib, chef de projet et co-inventeur du simulateur. “Il a aussi fallu rassurer la hiérarchie, en précisant les conditions de l'efficacité pédagogique, économique, environnementale et sociale."
Évoquant les facteurs clés de succès, Dominique Steib et Chantal Sartorio, directrice projet au pôle Innovation de l'Afpa, rappellent les fondamentaux : “Soutien par le management, équipe interne référente, maintenance sans faille et intégration du système dans les scénarios pédagogiques" du dispositif. Non sans oublier d'inviter à regarder ce qui se passe ailleurs : “Beaucoup d'organismes étrangers utilisent CS-Wave, il faut s'appuyer sur la communauté d'utilisation du système, avec pour objectif de voir d'autres scénarios de déploiement et d'usages." En phase d'expérimentation au sein des formations hôtellerie-restauration de l'Afpa, les dispositifs grand public témoignent à leur manière de la démocratisation des simulateurs : ainsi des télécommandes Wii appliquées au… découpage du poireau, ou de la Kinect qui permet de s'exercer au maniement du faitout. On n'arrête pas le progrès.
À voir aussi sur Fffod.org, le retour d'expérience de l'AFT-Iftim (groupe de formation aux métiers du transport) sur l'utilisation des simulateurs pour l'apprentissage de la conduite routière et l'entraîneur virtuel à la conduite de bus de la RATP.