Gérard Larcher : “J'ai souhaité contribuer à une réforme de la formation..."
Par Benjamin d'Alguerre - Le 01 mai 2012.
Mission remplie pour Gérard Larcher. L'ancien président du Sénat, à qui Nicolas Sarkozy avait commandé un rapport portant sur une réforme de fond de la formation professionnelle le 18 janvier dernier à la suite du sommet social de l'Élysée, aura donc rendu sa copie dans les temps impartis (voir nos analyses, L'Inffo n° 810, pp. 2-5). Nombreux étaient alors ceux qui avouaient leur scepticisme quant à l'exercice. Toutefois, si ce rapport a suscité des critiques de la part des partenaires sociaux, d'experts du domaine de la formation ou de juristes, aucun ne l'a rejeté en bloc, comme s'en est félicité Gérard Larcher, dans un entretien exclusif accordé à L'Inffo ce 19 avril.
Une petite victoire, donc, pour ce gaulliste social qui se targue “d'avoir souhaité contribuer à une réforme de la formation, et non d'avoir rédigé un rapport de circonstance".
“Création du FPSPP, mise en œuvre du service public de l'orientation, réforme des Opca, priorité donnée à l'apprentissage et l'alternance… et tout cela en cinq ans de présidence Sarkozy, ce n'est pas mal, non ?" S'il paraît satisfait des mesures prises depuis 2007, Gérard Larcher ne considère pas pour autant la politique de formation professionnelle comme un pays de cocagne. S'il s'est attelé à la rédaction d'un texte prônant une réforme en profondeur de la formation, c'est avant tout pour pallier les imperfections d'un système dans lequel “la moyenne d'attente de formation pour un individu au chômage est de six mois" et avec l'ambition de doubler le nombre de demandeurs d'emploi formés, ainsi que d'améliorer l'orientation des jeunes face au marché du travail.
La réforme de 2009 ? Le sénateur des Yvelines juge qu'il est “trop tôt" pour en juger, même s'il avoue comprendre la grogne des partenaires sociaux quant aux deux ponctions successives auxquelles l'État a soumis le FPSPP ces deux dernières années. Il plaide par ailleurs pour une régionalisation de ses actions, régionalisation tempérée toutefois car – fibre gaulliste oblige – Gérard Larcher insiste sur la préséance de l'État, préconisant notamment la création d'un Conseil national dédié à ces questions. “J'ai beaucoup de respect pour ces grands ténors régionaux de la formation que sont Jean-Paul Denanot ou Alain Rousset, mais je demeure persuadé que l'État doit demeurer garant de la cohésion sociale dans notre pays", a-t-il expliqué, ajoutant qu'“idéalement, une politique efficace en matière de formation pourrait exister à partir d'un triptyque composé des services de l'État (incluant Pôle emploi), des Régions et des partenaires sociaux". Et pas question, à ses yeux, de se réfugier derrière l'exemple allemand, puisque “même dans ce pays fédéral, les décisions en matière d'emploi relèvent du Bund", c'est-à-dire l'État.
Du modèle allemand, Gérard Larcher conserve cependant la culture de l'apprentissage. Un sujet sur lequel l'ancien ministre délégué aux Relations du travail du gouvernement Raffarin III avait déjà œuvré en 2004 aux côtés de Jean-Louis Borloo, à l'occasion de l'accélération du plan de cohésion sociale ayant pour objectif de porter le nombre d'alternants à 500 000. Un travail qui s'était poursuivi ensuite, lorsque, sous le gouvernement Villepin, Gérard Larcher s'était vu confier le portefeuille de l'Emploi, du Travail et de l'Insertion professionnelle des jeunes. “Je suis bien évidemment heureux que l'apprentissage et l'alternance aient constitué deux grands chantiers du mandat de Nicolas Sarkozy et de François Fillon, mais attention aux effets pervers non désirés : en effet, on forme plus facilement les niveaux I et II, au détriment des niveaux V qui en ont grandement besoin. La taxe d'apprentissage a pour vocation d'être utilisée au bénéfice de la formation de tous et non uniquement des élèves des grandes écoles. La récente réforme des Opca avait d'ailleurs pour ambition de pallier cette faille".
Le rapport rendu embrasse une large partie du paysage des dispositifs de la formation professionnelle. Mais s'il ne devait rester qu'un seul élément de son texte, Gérard Larcher estime qu'il devrait s'agir de la simplification des règles administratives. “Il faut
dé-rigidifier le champ de la formation professionnelle. C'est de cela que nos concitoyens ont besoin", a-t-il conclu.