L'insertion par l'activité économique devrait davantage utiliser le levier de la formation

Par - Le 01 juin 2012.

Si les salariés du secteur de l'insertion par l'économique suivent des formations plus longues que ceux du secteur privé, leur taux d'accès est nettement inférieur. Tel est l'un des constats dressés par l'Avise [ 1 ]Association créée en 2002 par la Caisse des dépôts et des acteurs de l'économie sociale. Elle agit pour accroître le nombre et la performance des entreprises de l'ESS. dans une enquête diligentée par la DGEFP.
80 % des salariés du secteur ayant un niveau inférieur ou égal au CAP-BEP, “l'accès à la formation professionnelle revêt ainsi un caractère stratégique, tant du point de vue de la sécurisation des parcours des bénéficiaires que de la réponse aux besoins économiques des territoires".

100 % des Geiq forment

Toutes les entreprises du secteur ne forment pas avec la même intensité. Si 100 % des groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (Geiq) [ 2 ]Les Geiq mettent à disposition de leurs entreprises adhérentes des personnes qu'elles ont embauchées en organisant une alternance entre apprentissages théoriques et situations de travail concrètes, souvent en contrats de professionnalisation. et 94 % des ateliers et chantiers d'insertion forment leurs salariés, les entreprises d'insertion, les entreprises de travail temporaire (ETT) d'insertion et les associations intermédiaires ne sont que, respectivement, 84 %, 87,5 % et 73 % à le faire. De même, l'enquête met en évidence de fortes disparités régionales, certaines régions comptant plus de 90 % de SIAE formatrices, et d'autres n'en affichant que moins de 70 %.

En moyenne, les SIAE forment 55 % de leurs salariés, et, contrairement aux entreprises du privé, l'implication des entreprises ne dépend pas de leur taille.

L'enquête montre que, sans surprise, les salariés des IAE se forment essentiellement aux savoirs de base et aux compétences-clés. Elle pointe également qu'ils ont un accès limité aux formations qualifiantes et diplômantes. Pourtant, dans les ateliers et chantiers d'insertion qui accueillent les publics les plus éloignés de l'emploi, les salariés “se saisissent relativement bien de ce type de formations" : 9 % de formations pré-qualifiantes, 6 % de formations qualifiantes et 3 % de formations diplômantes, contre, respectivement pour les entreprises d'insertion 5 %, 3 % et 1,5 %. Pour couvrir leurs besoins, les entreprises formatrices estiment devoir augmenter de 77 % le nombre d'heures de formation en 2012.

Appétence, financements et offre

“Au regard de cet état des lieux ; il apparaît que les SIAE pourraient activer davantage le levier que constitue la formation", indique l'enquête. Ce qui les freine ? Le manque d'appétence des salariés, estiment 48 % des entreprises, et le manque de mobilité, pour 71 % d'entre elles en moyenne (dans des régions comme l'Auvergne, le Centre ou le Limousin, les réponses atteignent plus de 85 %). Les entreprises avancent également des problèmes de financement : les coûts salariaux pendant la formation restent souvent à leur charge. 63 % des SIAE peinent à identifier les financements dont elles peuvent bénéficier, et seules 36 % d'entre elles peuvent s'appuyer sur un responsable formation. Enfin, l'offre de formation n'est pas adaptée (contenu, modalités d'organisation, supports pédagogiques), tant et si bien que 10 % d'entre elles ont monté leur propre organisme de formation et 43 % se sont regroupées pour peser sur l'offre − voire créer, conjointement, un organisme (3 %).

Notes   [ + ]

1. Association créée en 2002 par la Caisse des dépôts et des acteurs de l'économie sociale. Elle agit pour accroître le nombre et la performance des entreprises de l'ESS.
2. Les Geiq mettent à disposition de leurs entreprises adhérentes des personnes qu'elles ont embauchées en organisant une alternance entre apprentissages théoriques et situations de travail concrètes, souvent en contrats de professionnalisation.