Le président du Centre des jeunes dirigeants propose la suppression du contrat de professionnalisation

Par - Le 16 décembre 2012.

Tout d'abord, un constat : “Les négociations sur la sécurisation de l'emploi patinent sérieusement !" Puis, un sondage, effectué auprès des 4 000 chefs d'entreprise adhérents du Centre des jeunes dirigeants (CJD), qui aura reçu 700 contributions. Enfin, l'élaboration − à partir des réponses apportées − de trente-cinq propositions concernant l'alternance, l'employabilité des jeunes et des seniors ou encore une gestion de la formation continue plus proche des besoins des PME que le CJD a présenté, le 26 novembre, à Michel Sapin.
Des propositions “sans prétentions", aux dires de Christophe Praud, le nouveau président du Centre, “mais qui s'inscrivent dans notre rôle d'agitateurs d'idées du monde patronal", a-t-il expliqué à L'Inffo, le 27 novembre.

Le contrat de professionnalisation ? “À abandonner, pour lui substituer le seul contrat d'apprentissage, plus lisible. De toutes façons, les dirigeants de PME et TPE ne font pas la différence entre les deux !" L'alternance ? “Une voie d'excellence qu'il faut développer dans les petites entreprises en exonérant de charges durant six à douze mois les contrats passés avec des jeunes en CDI ou en stage long." Les élèves des grandes écoles type Éna, Centrale ou HEC ? “Imposer une année d'alternance dans leur cursus et trois mois de stage au sein d'une PME dès la rentrée prochaine. Il est inacceptable que les décideurs de demain ignorent ce que sont ces entreprises qui ont créé 600 000 emplois depuis dix ans !".
Président du CJD depuis juin 2012 (date à laquelle il a succédé à Michel Meunier), Christophe Praud, dirigeant de Maven, une TPE alsacienne spécialisée dans le conseil stratégique aux PME, entend bien rester fidèle à la tradition d'innovation sociale qui est celle du Centre des jeunes dirigeants depuis sa fondation, en 1938. “Le gouvernement cherche sa voie, mais ses décisions ne répondent pas à l'immédiateté des problèmes d'emploi", annonce-t-il tout de go. Pourtant, à l'en croire, les réticences des chefs d'entreprise à embaucher pourraient être levées si une politique proactive à leur endroit était enclenchée : “Au-delà des besoins en recrutement, les dirigeants ressentent des inquiétudes à l'idée de développer l'emploi dans leurs entreprises. De fait, certains appliquent le principe de précaution et reportent – voire suspendent – leurs intentions d'embauche.". Et parmi les initiatives proactives que suggère le CJD au gouvernement, se trouve l'idée forte d'une revalorisation de la formation au sein des PME et TPE, par le biais, particulièrement, d'un crédit d'impôt pour les entreprises formant leurs collaborateurs au-delà des obligations légales, employant des chômeurs de longue durée ou des seniors de plus de 55 ans inscrits au chômage depuis neuf mois révolus.

Un label “PME-TPE" pour les organismes de formation

Les petites et moyennes structures recourent peu à l'offre de formation continue, du fait, selon le CJD, d'une inadaptation à leurs besoins. “Les PME se retrouvent souvent hors du fléchage des Opca, qui peuvent leur refuser le financement de certaines formations car elles sont jugées à la marge de l'activité principale de l'entreprise. Nous le constatons avec certaines formations commerciales, non financées", explique Christophe Praud. Afin de sécuriser le recours à la formation, le CJD propose la création d'un label “PME-TPE" pour les organismes de formation. Un label qui contraindrait les formateurs à réaliser, a minima, un mois de stage dans une PME chaque année afin de mieux connaître les réalités de ces entreprises. “Les formateurs sont comme tout un chacun, précise le président du Centre des jeunes dirigeants, ils ont eux aussi besoin de remettre leurs compétences à jour." Et s'il se défend de “vouloir donner des leçons à quiconque", Christophe Praud sait agiter la menace du bâton si la carotte ne suffisait pas à inciter les organismes de formation à se rapprocher des PME : “Nous suggérons que les organismes ne formant pas leurs formateurs au titre de la formation continue, dans une proportion de 2,5 % de leur masse salariale durant deux années de suite, se voient sanctionnés par la perte de leur numéro d'activité !"

Encourager la formation interne

Et concernant la formation interne, jugée comme “un remarquable facteur d'efficacité", elle est vivement encouragée dans les recommandations du CJD qui suggère la facilitation du processus de remboursement des heures réalisées par des formateurs internes à l'entreprise, mais aussi la promotion du tutorat opérationnel et la prise en compte de la formation aux postes de travail par l'ensemble des Opca. “Ce type de formation « sur place » facilite grandement l'apprentissage et permet à l'activité de ne pas être interrompue… C'est une solution parfaitement adaptée au rythme des PME. Malheureusement, certains Opca refusent encore de les financer", regrette Christophe Praud.