Lutte contre l'illettrisme - Une expérimentation de l'ANLCI pour sécuriser les parcours des apprentis
Par Philippe Grandin - Le 01 septembre 2012.
L'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) se mobilise autour de la question de la sécurisation des parcours des apprentis. Elle vient de dresser un premier bilan de l'expérimentation : “Renforcer les compétences de base en apprentissage". Lancée en 2009 en partenariat avec les Conseils régionaux et des partenaires institutionnels des territoires, elle se décline dans 50 CFA volontaires de 9 régions de métropole et d'outre-mer. Elle est soutenue par le Fonds d'expérimentation jeunesse (Fej), rattaché au ministère des Sports et de la Jeunesse, la Fondation BTP Plus et le ministère de l'Outre-mer.
En France, 3,1 millions de personnes sont concernées par l'illettrisme, dont 1,8 million de personnes dans l'emploi (57 %). “Les difficultés à lire, écrire et à effectuer des calculs simples constituent un obstacle pour l'accès à la qualification et un frein à l'autonomie professionnelle", rappelle Hervé Fernandez, directeur de l'ANLCI, soulignant que certains maîtres d'apprentissage peuvent aussi y être confrontés. “Dans le cadre de l'expérimentation, nous avons proposé des solutions concrètes pour sécuriser les parcours, en identifiant les écueils à éviter et en mettant à disposition des outils construits en commun. Les CFA ont mis à plat leurs process et ont opéré une description de leur quotidien avec les apprentis. Les chargés de mission de l'Agence ont garanti le lien et la cohérence de ce travail au regard de la lutte contre l'illettrisme", détaille-t-il. Et d'évoquer la nécessaire prise en main de la boîte à outils élaborée, afin de créer une “accélération de la contagion des bonnes pratiques". L'Agence a d'ailleurs “demandé des moyens complémentaires au Fonds social européen pour poursuivre ce travail".
Compte tenu des constats apportés par cette expérimentation depuis plus de deux ans, l'ANLCI a élaboré des recommandations. Elle insiste en particulier sur l'intérêt pour les Opca et les branches de développer une politique de prise en charge des apprentis en grande difficulté avec les compétences de base, ce qui irait dans le sens d'une diminution du taux de rupture des contrats. Elle préconise la création d'espaces d'échanges de pratiques inter-CFA, en vue d'en mobiliser un plus grand nombre et d'essaimer les démarches de prise en charge des apprentis.
Marina Fructus, directrice du CFA de la CCI de Nîmes, précise les deux axes du projet de son établissement, à savoir la sécurisation des parcours et la responsabilisation : “L'apprentissage est souvent une voie par défaut. Nous sommes en présence de jeunes avec un parcours chaotique, en situation de réorientation et de rupture, et qui ont peur du scolaire. Il est donc important de les accompagner au moment du choix de l'apprentissage, mais aussi tout au long du parcours, explique-t-elle. Nous travaillons sur la transversalité des matières (mathématiques, français, etc.), d'où la nécessité de repenser la relation pédagogique. Les formateurs ne sont plus derrière leur bureau, mais au centre d'îlots composés de groupes d'apprenants."
En Rhône-Alpes, le second plan régional de lutte contre l'illettrisme prévoit la prise en charge des jeunes apprentis en difficulté avec la maîtrise des compétences de base, ce qui n'était pas le cas dans le cadre du premier plan (2006). “L'objectif est de poursuivre l'expérimentation et de faire adhérer à ce projet le plus de CFA possible. Il faut également rester vigilant en se demandant vers quoi nous devons avancer pour que ce projet soit pérenne", conclut Anne Messegué, chargée de mission régionale de l'ANLCI en Rhône-Alpes.