Mayotte - 200 parcours de formation pour lutter contre l'illettrisme
Par Philippe Grandin - Le 01 septembre 2012.
Opcalia a rendu publics les résultats d'une enquête menée à Mayotte − département français depuis mars 2011 −, avec l'appui de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) et des principaux acteurs territoriaux, sur la maîtrise des compétences de base dans les entreprises locales [ 1 ]Ces résultats seront incorporés à ceux de l'étude “Information et vie quotidienne" (IVQ) de l'Insee, initialisée cette année à Mayotte et qui évaluera l'illettrisme sur l'ensemble du territoire. . L'enquête a été réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 300 salariés de tous domaines d'activité du secteur privé, mesurant les difficultés dans trois domaines clés : lecture-déchiffrage-repérage, écriture de mots (dictée), et compréhension d'un texte simple et court. Elle révèle qu'une personne interrogée sur cinq est “analphabète" (absence de scolarisation), une sur deux est “illettrée" et une sur trois seulement présente peu ou pas de difficultés aux tests.
Les plus jeunes sont dans une situation un peu meilleure, puisque cette même proportion passe à un sur deux pour les salariés de 20 à 35 ans. Le taux d'analphabétisme varie aussi en fonction du secteur d'activité : de 51 % dans le bâtiment, 31 % dans l'industrie-transport, 24 % dans les services, et 12 % dans le commerce. Selon l'enquête, “45 % des personnes interrogées auront à améliorer leur maîtrise dans un ou deux domaines clés avant de pouvoir suivre toute autre formation qualifiante". Cette remise à niveau “devra s'effectuer principalement dans la maîtrise ou la compréhension de l'écrit, la lecture simple (déchiffrage) étant quasiment toujours maîtrisée".
L'enquête a retenu et mesuré le rapport à la langue française, qui n'est pas toujours celle utilisée au quotidien par les Mahorais. Elle ne tient pas compte de l'apprentissage de la langue arabe, via les écoles coraniques. Cependant, indique l'étude, “le multilinguisme a fortement progressé (la pratique exclusive du mahorais a été divisée par trois), avec intégration assez massive du français dans la sphère privée, plus forte encore au sein de l'entreprise".
À partir de cette enquête, Opcalia considère que l'objectif théorique annuel de traitement de l'illettrisme à Mayotte (hors traitement de l'analphabétisme) est de 408 formations par an, “à engager par les acteurs et partenaires locaux de la formation professionnelle". Opcalia engage d'ici fin 2012 la mise en place de 200 premiers parcours de formation “1001 Lettres" (notamment sur la base d'un récent appel auprès du FPSPP), s'appuyant sur des modules construits à partir de situations professionnelles concrètes : lire un document, comprendre une consigne, utiliser l'informatique pour les tâches courantes, communiquer au quotidien et agir en sécurité. L'organisme compte également élargir ce champ d'action en adoptant “une attitude proactive permettant de favoriser ou améliorer, en amont de toute intégration professionnelle, la qualité de la formation initiale et le développement de partenariats avec les acteurs locaux". Une réflexion est aussi engagée entre ces derniers pour apporter “une indispensable réponse" à la question de l'analphabétisme.
L'Association de gestion du fonds mahorais pour l'emploi et la formation continue (Agefome FC), a été crée par accord interprofessionnel en mars 1997. En janvier 2008, elle a intégré le réseau des Opca sous le nom de “Opcalia Agefome Mayotte", puis, au 31 décembre 2009, d'“Opcalia Mayotte Courriel: (contact [at] opcalia [tiret] mayotte.com) (remplacez les indications entre crochet)".
Notes
1. | ↑ | Ces résultats seront incorporés à ceux de l'étude “Information et vie quotidienne" (IVQ) de l'Insee, initialisée cette année à Mayotte et qui évaluera l'illettrisme sur l'ensemble du territoire. |