Missions locales - Le président de l'UNML défend l'autonomie du réseau

Par - Le 01 septembre 2012.

L'acte III de la décentralisation se prépare, et chacun des acteurs surveille, précisément, son territoire. Ainsi Jean-Patrick Gille, président de l'Union nationale des Missions locales (et député PS d'Indre-et-Loire), rencontrait le 19 juillet dernier à ce sujet plusieurs membres de l'Association des Régions de France. En cause, un document de l'ARF (mis en ligne sur son site) exposant son intention de voir les Régions, en tant qu'“autorités organisatrices", mettre en place des services publics régionaux d'orientation.

Et de détailler l'organisation souhaitée. Ces derniers associeraient “les CIO, les structures implantées dans les établissements d'enseignement supérieur, les conseillers psychologues des agences spécialisées de Pôle emploi", ils regrouperaient “les professionnels de l'orientation dans des espaces métiers articulés avec les branches professionnelles", et mettraient “en cohérence les actions des différents acteurs et réseaux locaux de l'orientation, du conseil et de l'accompagnement : CRIJ, BIJ, CIBC, Cap emploi, Maisons de l'emploi et de la formation, Missions locales". Et de poursuivre(au présent) : la Région “organise et agrée le réseau des Missions locales qu'elle cofinance, avec le transfert des financements de l'État correspondant, avec les collectivités infrarégionales". De quoi susciter des réactions, comme celles du Synami CFDT, qui s'est aussitôt élevé contre cette volonté de régionaliser le réseau des Missions locales.

“Nous ne sommes pas contre la régionalisation et la territorialisation des politiques de l'emploi, tempère indique Jean-Patrick Gille, nous faisons cela depuis toujours, à l'inverse de Pôle emploi qui doit être déconcentré. Nous sommes partis des territoires, mais nous avons maintenant un maillage national." Ce qui met les Missions locales en situation d'appuyer les Régions si elles venaient à devenir chef de file de l'insertion professionnelle des jeunes. “J'y suis personnellement favorable, et l'UNML peut être d'accord. Nous voulons rester un dispositif national, avec un cahier des charges national, et nous voulons être respectés dans notre démarche associative et territorialisée", résume le président du réseau.

L'affaire n'est pas terminée, car, Jean-Paul Denanot, président de la commission formation de l'ARF, persiste : “Les Régions ont un rôle particulier sur le pilotage de l'orientation, dont font partie les Missions locales, et elles ont toute légitimité à les piloter." N'ayant pas de compétence directe, les Régions apportent des financements sans en retirer l'avantage escompté, selon lui “Nous avons du mal à nous faire entendre et nous ne sommes pas toujours suivis lorsque des besoins se font sentir. Nous demandons qu'il y ait une coordination." Et de confirmer que les Régions réclament le transfert de la participation de l'État. “Nous ne cherchons pas le pouvoir, nous cherchons l'efficacité", assure-t-il.

Au cœur du problème, le financement. Si les Régions obtenaient le pilotage de l'insertion professionnelle des jeunes, leur part dans le financement des Missions locales passerait d'environ 17 % actuellement à près de 70 %, car elles récupéreraient les quelque 50 % de l'État. Un risque que le Synami CFDT a dénoncé, craignant qu'avec cet accroissement de pouvoir, les Conseils régionaux “deviennent seuls maîtres à bord et étouffent définitivement les territoires".