Pour FO, de “mauvaises interprétations du fonctionnement du système"

Par - Le 16 avril 2012.

“Un point d'étape intéressant." C'est le regard que porte Stéphane Lardy, secrétaire confédéral de la CGT-FO en charge de la formation, sur le rapport Larcher. Ces propositions pourront “nourrir une réflexion sur le système, quel que soit le président de la République élu en mai prochain". Et pourtant, “il comprend beaucoup d'imprécisions, de mauvaises interprétations quant au fonctionnement du système, et manque parfois d'explicitations", juge Stéphane Lardy.

Un exemple ? “Quand Gérard Larcher propose la création d'un contrat formation-emploi, liant le demandeur d'emploi et Pôle emploi pour la mise en œuvre d'une formation correspondant à des emplois disponibles ou potentiels, je ne saisis pas la plus-value. Comment ce nouveau contrat doit-il s'inscrire par rapport au PPAE (projet personnel d'accès à l'emploi) ? En sus, le Code du travail prévoit déjà une obligation, pour le demandeur d'emploi, d'accepter une offre d'emploi !"

Le représentant de FO se déclare opposé à la suppression de la contribution légale et des contributions conventionnelles sur le plan de formation, pour les entreprises de 10 salariés et plus. Ainsi, il s'insurge contre les critiques opposées au “former ou payer", sur lequel repose tout le système : “La contribution légale permet surtout aux salariés de se former !" Par ailleurs, avec le passage à 250 salariés du seuil au-dessus duquel une entreprise est tenue d'organiser une négociation relative à la GPEC, “nous allons nous retrouver avec une boîte noire comprenant les entreprises moyennes, qui emploient entre 50 et 250 personnes. Si cela est mis en œuvre, nous risquons sérieusement une baisse des actions de formation", estime le représentant de FO. Pour lui, le véritable débat se situe au niveau de l'accompagnement. “Comment faire en sorte que les entreprises forment ?"

Parallèlement, Stéphane Lardy estime qu'il est nécessaire de se pencher sur le développement d'un droit attaché aux personnes. Ce que propose Gérard Larcher quand il préconise la création d'un compte individuel de formation. “Le rapport est prudent et souligne que les crédits devront être utilisés dans certains cas prioritaires, comme par exemple, des logiques de reconversion. Cependant, là encore, nous ne sommes pas persuadés que cela permette d'augmenter significativement le nombre de salariés ayant recours à la formation. Un droit personnel peut être un outil, mais comment inciter les gens à l'utiliser ? Le Dif a été crée dans la même optique, et aujourd'hui, il reste peu utilisé."

Enfin, “pour Force ouvrière, il est positif que le rapport Larcher aborde la question de l'Afpa et de ses missions. Les pouvoirs publics se sont appuyés sur le droit européen comme prétexte pour la faire passer sur le marché concurrentiel. Or, ce n'est qu'un prétexte : le droit européen permet d'exonérer l'Afpa du droit de la concurrence !"

Le secrétaire confédéral de Force ouvrière se déclare choqué par
le jugement porté sur le Fonds paritaire de sécurisation des parcours
professionnels. “Le texte laisse entendre que le FPSPP fonctionne mal et que c'est pour cette raison que le gouvernement effectue des ponctions. Or, ces prélèvements sont dus à des questions budgétaires !" Et il se montre dubitatif quant à la proposition consistant à créer des fonds de sécurisation régionaux. “Comment les financer ?, interroge-t-il. La mise en place d'une telle initiative peut se concrétiser selon deux scenarii : soit créer des fonds autonomes dans les régions, financés notamment par les Conseils régionaux, Opca et Fongecif, soit les affilier au FPSPP, auquel cas il faut qu'il soit doté de 3 ou 4 milliards d'euros !"