Yves Hinnekint, un créatif à la direction d'Opcalia

“Ce sont les projets qui font marcher les Bretons !"

Par - Le 01 septembre 2012.

L'homme est avenant et ne manque pas d'humour. Et ce qui l'anime par dessus tout, ce sont les projets. Yves Hinnekint, directeur général d'Opcalia, n'en manque pas car, c'est bien connu, “ce sont les projets qui font marcher les Bretons". Originaire de Rennes, notre homme revient avec étonnement sur son parcours qui a débuté par l'obtention d'un baccalauréat scientifique (série C) et un fort intérêt pour la promotion musicale. “À fond dans les Trans", entendez les Rencontres Trans musicales de Rennes, “je voulais devenir directeur artistique dans des maisons d'édition et de production musicales telles qu'Emi, BMG ou encore Polydor". Si la musique adoucit les mœurs, il faut croire qu'elle ouvre sur d'autres horizons. “Pour cela, j'ai tout d'abord effectué une prépa HEC pendant deux années, avant d'être diplômé de l'Institut supérieur du commerce (ISC) de Paris, option audit financier, en 1990." Pendant ses études, Yves Hinnekint se confronte à l'esprit d'équipe en pratiquant le rugby au sein du Sporting club universitaire de France (SCUF), “créé en 1895" et qui comporte sept disciplines. Il y pratique également le tennis, soit “deux sports non compatibles dont les engagements diffèrent, y compris sur le plan musculaire". Il insuffle d'ailleurs cet esprit d'équipe à ses collaborateurs, “car j'ai toujours eu à cœur de m'entourer de personnes plus compétentes dans leurs thématiques et domaines d'expertise". En manager avisé, il a pris la responsabilité d'entraîner “30 gamins âgés de huit ans" au sein de l'école de rugby du SCUF, et cela est “plus dur que de gérer Opcalia".

Son premier métier : directeur administratif et financier dans une entreprise de BTP et de maintenance basée à Paris. “Mais comme le Breton est voyageur", Yves Hinnekint part, dans le cadre de son service militaire, en Guinée Bissau en tant que conseiller financier du chef de la Mission française de coopération et d'action culturelle. À l'issue de cette expérience, le voilà de retour à Paris pour y exercer cette fois le métier d'expert en assurances vol. “Au bout de deux jours, les gens me disaient « Bonjour, M. l'expert ». C'est bon pour l'ego, mais c'est tout. Puis, j'ai eu l'honnêteté de dire au-revoir." L'activité suivante sera déterminante puisque notre voyageur rencontre son “mentor", Patrick Ferrère, alors directeur général du Fonds d'assurance formation des salariés des exploitations et entreprises agricoles(Fafsea). En mai 1994, il exerce en effet la fonction de co-directeur régional du Fafsea Île-de-France. “En janvier 1997, j'ai pris les valises et j'ai débarqué en Martinique pour la création et la mise en place des délégations Martinique, Guadeloupe et Guyane du Fafsea. Ce fût une expérience forte." “Il s'était porté volontaire", confirme Patrick Ferrère, directeur général de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) depuis 2001. “Il a montré de grandes capacités commerciales et relationnelles, poursuit-il. Il a très largement développé ces délégations régionales, tout en laissant un très bon souvenir. Et puis, ajoute-t-il, lors du conflit de la banane en décembre 1998, le Fafsea a été sollicité pour tenir le rôle de conciliateur, via le sujet de la formation professionnelle. Yves Hinnekint a tenu ce rôle et c'est un excellent médiateur dans le cadre du paritarisme. Avec lui, l'arrivée de la formation professionnelle a montré qu'il était possible de construire un dialogue social positif. Il est à la fois attentif et respectueux vis-à-vis des autres et il le fait avec bonhomie et humour". Par rapport à cette intervention en tant que médiateur, Yves Hinnekint considère que “l'expérience a été géniale dans la mesure où j'ai rencontré tous les institutionnels (du FSE, des branches professionnelles, les élus...)" De retour en métropole en avril 1999, il a “le culot de proposer à Patrick Ferrère la création d'une fonction de chargé de mission auprès du directeur général". Requête accordée, d'autant plus que la mission porte sur le développement et le suivi de projets liés aux financements européens et internationaux, ainsi que sur le développement de partenariats avec d'autres Opca (Uniformation, Opcareg, etc.).

Soucieux d'évoluer professionnellement, notre homme postule au poste de directeur de l'Opcareg Île-de-France (devenu Opcalia Île-de-France) en 2002, qui connaissait alors une situation de crise. Pari gagnant, avec “une confiance des adhérents maintenue, une nouvelle image de l'organisme s'appuyant sur des projets innovants, des comptes de résultat et des bilans équilibrés". Olivier Gourlé, conseiller politique emploi formation à la CFTC, reconnaît en lui “non pas un exécutant, mais un opérationnel, qui a l'esprit ouvert, pragmatique, et qui comprend le langage et les priorités des partenaires sociaux. Il est à la fois force de propositions, capable d'éclairer le conseil d'administration tout en mettant en œuvre les décisions de ce dernier. Il est à l'écoute de son CA et cette particularité là, tout le monde ne l'a pas", affirme-t-il. En 2006, Yves Hinnekint s'attelle à la mise en œuvre de la fusion d'un Opca interbranches (Opcib) et de l'Ipco, instance de coordination des Opcareg, qui aboutit à la naissance d'Opcalia fin mai 2007. L'organisme réunit aujourd'hui 300 collaborateurs, contre 35 en 2011, suite aux récents regroupements. “Jusqu'à présent, j'étais positionné sur des dynamiques de projets et de construction. Mais ce n'est pas le tout de négocier des rapprochements, il est également nécessaire d'œuvrer à la consolidation d'Opcalia."

Touche-à-tout à condition d'être créatif et constructif, car “c'est amusant de créer quelque chose", cet amoureux de bandes dessinées avait obtenu d'Hugo Pratt en personne le droit de reproduction de certaines planches de Corto Maltese. “J'ai fait reproduire au Vietnam certains dessins en tableaux laqués. Les copyrights ont été reversés à une association locale vietnamienne pour l'intégration de jeunes de quartiers dans le domaine de la création. Hugo Pratt avait beaucoup aimé ces tableaux." Et de conclure : “Je fais aussi très bien les crêpes !"