Le système d'orientation anglais : l'accent sur le dépistage précoce des difficultés
Par David Garcia - Le 01 septembre 2009.
Au début des années 2000, l'Angleterre a pris conscience de son retard en matière de lutte contre l'échec des jeunes qui sortent du système éducatif sans aucune qualification. Avec la création de Connexions, le gouvernement - au départ, cette agence publique était sous tutelle du ministère de la Famille et de l'Éducation - a peut-être trouvé l'antidote au mal du décrochage scolaire, autrement plus important qu'en France.
“Le gouvernement a mis l'accent sur le repérage précoce des “publics à risques" (problèmes sociaux, difficultés d'apprentissage, comportements déviants), via leur signalement aux services de Connexions agissant pour le compte des local authorities et, surtout, l'individualisation de l'offre de formation pour les 14-16 ans, au sein même de la classe ou dans le cadre de programmes sur mesure (et sous statut scolaire) mêlant éléments du cursus académique, développement personnel, acquisition de compétences de base, découverte et pratique professionnelles, développement de l'employabilité", explique Jean-Marie Lenzi, collaborateur du délégué interministériel à l'orientation (DIO) français. L'élève demeure sous statut scolaire et continue de suivre une partie des enseignements délivrés dans sa classe. Le programme d'activité qui lui est proposé est élaboré par l'ensemble de l'équipe pédagogique et le “personal adviser" de l'établissement. Le temps consacré au travail en équipe et la présence de nombreux personnels d'accompagnement (assistants d'éducation, conseillers d'orientation, infirmières, etc.), qui peuvent représenter jusqu'à la moitié de l'effectif total d'un établissement, permettent un meilleur suivi des élèves en difficulté.
Si le système anglais présente des avantages considérables (pilotage fort de l'État, recherche du consensus et pratique systématique de l'expérimentation, de la contractualisation et de l'évaluation, souci de cohérence dans la conception des politiques publiques, largement interministérielles, et décentralisation très poussée de leur mise en œuvre, culture du partenariat dans la prise de décision comme dans l'action sur le terrain), il prête néanmoins le flanc à certaines faiblesses. La principale étant sans doute la focalisation sur les publics en difficulté. “Au détriment de l'information et du conseil en orientation scolaire et professionnelle destinée aux jeunes considérés comme ne présentant pas de besoins particuliers - alors même que le système éducatif anglais, fortement modulaire et laissant par là même une certaine liberté de choix à l'élève, nécessite un accompagnement afin de l'aider à construire un parcours cohérent", souligne la DIO.
Le budget de Connexions s'élève à 500 millions de livres. Un montant comparable, toutes proportions gardées, aux moyens alloués par les pouvoirs publics français dans le domaine de l'orientation.
[(Un même réseau d'agences multiservices
Effectif depuis le 1er avril 2008 et consacré par la loi promulguée le 26 novembre 2008 (Éducation and skills bill), le transfert des services Connexions aux 150 local authorities - instances locales élues agissant en même temps comme services déconcentrés de l'État au niveau d'un bassin d'emploi et de formation - s'accompagne de la réaffirmation des principes qui avaient inspiré leur création en 2001. À savoir “la décision de confier à la fois l'orientation et l'action sociale en faveur des jeunes à un même réseau d'agences multiservices, laquelle permet d'assurer la cohérence des mesures de suivi et d'accompagnement et d'offrir aux jeunes en difficulté un ensemble de services destinés à favoriser leur retour en emploi ou en formation", note la DIO. Les difficultés rencontrées par un jeune (sociales, éducatives, personnelles) étant directement liées entre elles et devant être traitées comme telles, de manière globale, le conseil en orientation “s'inscrit dans un ensemble plus vaste comprenant les mesures liées à la famille, à la santé, au logement ou à la prévention de la délinquance et de la toxicomanie".
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