Monique Iborra - “Le CPRDF, une régression, tant sur le fond que sur la forme"

Par - Le 01 novembre 2009.

Statique, programmatique, technocratique, archaïque… Monique Iborra, députée socialiste de Haute-Garonne, ne tarit pas d'adjectifs peu amènes sur le contrat de plan régional de développement des formations professionnelles (CPRDF), tel que défini dans la loi : “Ce que je regrette surtout dans ce texte, c'est le contrat de plan. Déjà, dans le terme même, c'est d'un archaïsme épouvantable."
Il est loin, le plan régional de développement des formations tel que conçu dans les Régions. “Ce contrat de plan, c'est quelque chose de programmatique, un document administratif technocratique. Un PRDF est un document dynamique qui s'agrémente d'expériences et fait participer un grand nombre d'interlocuteurs."

Pour la vice-présidente du Conseil régional Midi-Pyrénées, en charge, notamment, de la formation professionnelle, le plus grave est qu'il soit élaboré au sein des Comités de coordination régionaux de l'emploi et de la formation professionnelle (CCREFP), où ne sont pas représentés tous les acteurs en charge de la formation professionnelle, ce qui était le cas des PRDF ancienne formule : “Une coproduction avec tous les acteurs, dont les partenaires sociaux. En ce qui nous concerne, nous aurons largement consulté tous les acteurs avant d'aller en CCREFP. On ne peut pas assister à cette régression sans réagir."

“Il y a une mainmise de l'État, non seulement sur les prérogatives des partenaires sociaux, mais aussi sur leurs fonds." Le FPSPP étant “utilisé pour financer les politiques d'emploi de l'État. Le FPSPP est a priori une bonne idée. Mais il est national et transversal, et aujourd'hui, il n'est pas décliné en régions."

Dans un autre domaine, elle estime que le gouvernement “ne veut faire que du chiffre et faire remonter artificiellement le nombre de contrats d'apprentissage" en voulant passer outre le rejet par la CMP de l'amendement sur le “sas" permettant à des jeunes d'entrer en CFA sans avoir d'employeur. “Cela pose un vrai problème de démocratie, sur le rôle des parlementaires."

[(Possibilité pour les préfets de Région de faire appel à des organismes privés pour le placement des chômeurs

Au sujet de la disposition autorisant les préfets de région à faire appel à des organismes privés pour le placement des demandeurs d'emploi (article 13 quater), la sénatrice Christiane Demontès (groupe socialiste) se montre sceptique : “Le recours à ces organismes coûte beaucoup plus cher que le service public de l'emploi, pourtant, le service n'est pas meilleur. C'est vraiment de l'argent jeté par les fenêtres", déclare-t-elle.
Son principal reproche à leur encontre : une méconnaissance du terrain. _ “En 2008, dans le cadre du « Plan banlieues », Fadela Amara souhaitait que nous nous mobilisions pour travailler sur l'insertion des jeunes des quartiers. Le gouvernement a fait appel à des organismes privés pour les accompagner. Ça n'a pas fonctionné, car les jeunes n'y croyaient pas beaucoup. De plus, les rendez-vous étaient parfois fixés jusqu'à trois semaines ou un mois après la prise de contact ! Ces jeunes ont dû se tourner de nouveau vers les Missions locales." Ainsi, Christiane Demontès se dit-elle plutôt favorable à l'octroi de moyens supplémentaires pour ces dernières et à l'idée que Pôle emploi développe des partenariats.

Elle souligne, par ailleurs, que de nombreuses mesures existent déjà dans les Régions en faveur des demandeurs d'emploi, et estime que la loi va dans le sens d'une recentralisation contreproductive. “Par exemple, en 2004, en Rhône-Alpes, lorsque j'étais vice-présidente du Conseil régional, nous avons mis en place le contrat d'aide et de retour à l'emploi durable (Cared) qui permet aujourd'hui à entre 2 500 et 2 800 chômeurs de trouver un emploi dans des entreprises très diverses chaque année."

Aurélie Gerlach
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