La propreté manque de bras

Par - Le 16 septembre 2010.

Technicité, professionnalisation, environnement sont au cœur des préoccupations du secteur de la propreté. Avec 17 000 entreprises et 420 000 salariés, la branche s'est engagée depuis deux ans dans un important programme de développement durable avec 51 actions concrètes sur le plan social, environnemental et économique.

Globalement, la croissance de l'emploi est beaucoup plus soutenue dans la propreté que dans l'ensemble des autres secteurs de service : 5 % en moyenne sur les dix dernières années. Ainsi, chaque année, le secteur crée environ 20 000 emplois supplémentaires (excepté en 2009 : 10 000 emplois). Mais ses métiers sont confrontés à des difficultés de recrutement. En cause, leur mauvaise image. En effet, un sondage montre que plus de 80 % des jeunes associent la propreté aux métiers de “femme de ménage" et d'éboueur, indique la FEP (Fédération des entreprises de propreté).

En réalité, les métiers sont de plus en plus techniques et se déroulent dans des sites très différents les uns des autres, comme les hôpitaux, les usines, les sites d'“ultrapropreté", les bibliothèques – dont les ouvrages anciens et fragiles nécessitent des techniques de nettoyage particulières –, sans oublier “le nettoyage après sinistre (inondation, feu, etc.), voire aussi les scènes de crime !" Bref, les jeunes auraient une image fausse des métiers de la propreté.

À cela s'ajoute la pyramide des âges. D'après l'Insee, 23,5 % des employés du secteur de la propreté ont plus de 50 ans, 27,8 % plus de 40 ans, 27,8 % plus de 30 ans. “Si la branche est bon élève social dans l'emploi des seniors et des travailleurs handicapés, le vieillissement de ses salariés va rapidement poser un triple problème, explique Bertrand Castagné, président de la commission sociale de la FEP : il faudra remplacer dans les dix prochaines années les 150 000 salariés qui partiront à la retraite ; les nouveaux entrants ne comblent pas pour l'instant les départs et le secteur doit former et recruter massivement pour faire face à ces besoins."

Ainsi, les chiffres dee l'ANPE de 2007, publiés fin 2009, montrent, par exemple, que les entreprises de propreté de trois régions ont déposé un nombre d'offres d'emploi bien supérieur à la demande : Rhône-Alpes a émis 12,7 % des offres nationales (contre 7,8 % des demandes), la région Paca a présenté 9,7 % des offres (7,7 % des demandes). Idem pour les Pays de la Loire qui ont proposé 7,4 % des offres (contre 4,2 % des demandes). En revanche, les entreprises d'Île-de-France et du Nord-Pas-de-Calais ne peuvent faire face à la demande croissante d'emplois, puisqu'elles ont respectivement proposé 7,3 % des offres nationales (15 % de demandes) et 3,5 % (11,4 %).

Au phénomène de régionalisation, s'ajoutent des difficultés de recrutement au niveau du personnel d'encadrement : les RH, directeurs financiers, ou même les chefs d'équipe, préfèrent se tourner vers d'autres secteurs. “Il est donc fondamental de repérer les compétences professionnelles nécessaires pour recruter, souligne Bertrand Castagné, mais aussi pour professionnaliser et faire fonctionner l'ascenseur social." À cette fin, la FEP a développé des projets collectifs mobilisant des petits groupes de six à douze PME pour les aider à mieux recruter, mieux évaluer les candidats et cibler les besoins en formation.

Mais le secteur de la propreté est aussi confronté à la multiplication des temps partiels et des horaires décalés. “Pourtant, grâce à l'évolution du matériel moins sonore et à une meilleure organisation du travail, explique Laurence Acerbo, présidente du comité national développement durable de la FEP, il serait possible pour une entreprise de propreté d'intervenir en journée aux heures de bureau, comme c'est le cas dans d'autres pays (Danemark, Suède, Belgique, etc.)".

Parallèlement, le secteur s'est engagé dans nombre d'actions pour valoriser la profession : un salaire minimum de départ de 3 % de plus que le Smic, la lutte contre les troubles musculo-squelettiques (TMS), et contre l'illettrisme, notamment.

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