Les attentes des entreprises, au coeur des missions des Opca

Par - Le 01 février 2014.

Les entreprises : qu'attendent-elles de la formation,
comment mettent-elles en place leurs politiques
? Elles ont témoigné à l'occasion d'une
table ronde intitulée “Compétences et formation,
levier de performance pour l'entreprise",
le 30 janvier. Des attentes que les Opca, avec la
réforme, vont devoir de plus en plus prendre en
compte.

Petites et grandes entreprises
Pour Jean-Marc Gaucher, directeur de l'entreprise
Repetto (chaussures, maroquinerie, prêt-à-porter),
c'est clair : “La formation professionnelle doit
correspondre aux besoins de l'entreprise." Repetto
a créé voici deux ans son école de traitement du
cuir, en lien direct avec son usine de Dordogne.
“En juin, d'autres entreprises nous rejoindront dans
ce centre de formation : Hermès, Weston, CWD,
etc.", a-t-il d'ailleurs annoncé.

Chez Orange, la problématique de la formation
est envisagée sur une échelle plus vaste,
puisque le groupe compte 170 000 salariés
(dont 100 000 en France). Chaque année,
86 000 salariés reçoivent une formation, 6 %
de la masse salariale y étant consacrés. Marie-
José Ruaudel, directrice développement carrières
cadres, a indiqué que deux besoins
étaient pris en compte lors de l'élaboration
des plans de formation : “La performance
sociale et la performance économique, qui sont
indissociables ! La première étape est d'analyser
la stratégie de l'entreprise et nos objectifs, pour
former les personnels en conséquence. La performance
sociale, ensuite, implique que nous investissions
en termes de développement personnel."
Pour coller au plus près des besoins, la moitié
des 3 millions d'heures de formation dispensées
chaque année est dispensée en interne.

Évolution du rôle des Opca

Jean Debeaupuis, directeur général de l'offre de
soins au ministère de la Santé, a mis en avant le fait
que la fonction publique hospitalière avait, elle aussi,
de forts besoins en termes de formation. Celleci
compte un million de salariés (qui représentent
64 % de la masse financière des établissements).
“Nous avons également un Opca, l'ANFH, et un budget
formation qui s'élève à 700 millions d'euros", a-til
rappelé. Les priorités sont fixées par le ministère,
mais aussi par les établissements eux-mêmes, et par
le biais du dialogue social. En 2014, un focus portera
sur la prise en charge des personnes âgées et le
développement de la chirurgie ambulatoire.
Les Opca doivent s'adapter aux différents cas de
figure. “Les attentes des PMI, des grands groupes
ou des TPE ne sont pas les mêmes. Il nous faut
être perspicaces", a souligné Yves Hinnekint, le
directeur général d'Opcalia, organisme collecteur
interprofessionnel. Il a indiqué qu'avec la
réforme en cours, mais aussi avec la précédente,
issue de la loi du 24 novembre 2009, les Opca
étaient poussés à faire de l'ingénierie de formation.
“En définitive, la fonction de collecteur n'est
qu'un sésame pour entrer dans l'entreprise. Notre
vrai rôle consiste, de plus en plus, à apporter des
solutions aux entreprises."

Peut-on évaluer les effets de la
formation ?


Mais peut-on évaluer les effets de la formation
en termes économiques ? Pour Jean-Claude
Dupuis, professeur en sciences de gestion à
l'IAE de Paris et conseiller scientifique à la FFP
(Fédération de la formation professionnelle),
“c'est illusoire : une entreprise, c'est un tout, il est
impossible d'évaluer l'impact financier d'un plan
de formation". Il a cependant proposé différentes
manières d'aborder la question. “Il faut sortir
du quantitatif. Avec le Medef, la FFP va lancer,
à partir de mars, une méthode pour évaluer les
autres conséquences de la formation, notamment
en termes de performance cachée", a annoncé Jean-
Claude Dupuis. Le deuxième axe de valorisation
proposé, c'est de présenter les actions en termes
de RSE (responsabilité sociale des entreprises)
dans le bilan comptable de l'entreprise.