Général Jean-Paul

Martial

Par - Le 01 septembre 2013.

_ “Après dix ans passés dans l'armée, les militaires sont encore jeunes, bien formés…"

La loi de programmation militaire pour 2014-2019 risque de se traduire par une importante réduction d'effectifs et de crédits budgétaires. Quels seront les impacts sur votre service ?

Avant 2009, chaque armée avait son service de reconversion. Dans le cadre de la RGPP [réforme générale des politiques publiques], le dispositif Défense Mobilité a été créé pour regrouper ces services. À titre d'exemple, les entreprises ont aujourd'hui un point de contact unique avec notre service, ce qui permet vraiment de fluidifier les relations. Pour l'action 2009-2014, la rationalisation a été menée en vue d'optimiser les ressources tout en générant des gains d'effectifs. Il n'y a pas eu d'impact défavorable puisque le taux de placement des militaires est de 74 %, contre 66 % en 2008. Et nous sommes dans un contexte très difficile, en période de crise de l'emploi. Pour la suite, nous affinerons tous les outils mis à notre disposition pour accompagner au mieux ces personnels qui quittent l'armée.

Quel est le profil du militaire qui parvient facilement à retrouver un emploi dans la vie civile ?

Lorsque leur première expérience professionnelle a été faite à l'armée, qu'ils ont signé deux contrats, de cinq ans en moyenne, ces personnels ont une trentaine d'années. Après dix ans passés dans l'armée, les militaires sont encore jeunes, bien formés. Ils ont acquis des compétences techniques qui sont généralement transposables. Mais nous n'échappons pas aux règles constatées sur le marché de l'emploi : les moins de 26 ans qui quittent l'armée n'ont pas forcément une bonne employabilité. Il en est de même pour les personnes de 50 ans et plus qui peuvent avoir des difficultés à se reconvertir. Aujourd'hui, les compétences techniques sont très recherchées. Les secteurs qui recrutent en priorité du personnel militaire sont le transport et la logistique, les installations et la maintenance, ainsi que les services aux personnes et aux collectivités. Mais au-delà des compétences, les entreprises qui recrutent des militaires sont également conquises par leurs qualités de “savoir-être", leur engagement…

La formation est-elle nécessaire pour les militaires qui ont fini leur contrat avec le ministère de la Défense ?

La formation est essentielle. Elle fait partie du projet professionnel qui est, par définition, un projet personnel. Tout est très cadré, nous vérifions les aspirations des candidats au départ en leur confiant des enquêtes métiers, par exemple. Ils peuvent aussi s'adapter à l'environnement de l'entreprise tout en étant encore rémunérés par l'armée. Il y a aussi des congés pour les créations ou reprises d'entreprise… Les formations validées sont achetées auprès des prestataires par la voie des marchés publics. Nous avons des conventions avec l'Afpa, des partenariats avec Pôle emploi, des relais avec les Régions, qui connaissent les besoins sur les bassins d'emploi. Nous sommes en permanence dans une démarche d'anticipation. L'objectif est de développer l'employabilité immédiate des militaires en reconversion pour leur éviter d'être au chômage. C'est également une nécessité budgétaire car leurs éventuelles allocations chômage sont imputables sur le budget de la Défense…

Certains militaires choisissent la voie du fonctionnariat en quittant la Défense…

Oui, il y en a 18 % environ qui rejoignent les fonctions publiques, notamment d'État et territoriale. Il existe différentes voies d'accès, sans nécessité de passer de concours pour les emplois réservés ou pour certains postes dans l'administration.

Que souhaiteriez-vous encore développer à Défense Mobilité ?

Aujourd'hui, nous sommes présents sur les réseaux sociaux. Nous avons des chargés de relations avec l'entreprise qui prospectent au quotidien sur l'ensemble du territoire. Nous aimerions être plus connus par les PME, les amener à s'adresser à nous pour leurs recrutements.

Et quels seront les emplois recherchés demain ?

Pour les années futures, nous ne savons pas quels seront les secteurs porteurs, même si l'aéronautique continuera probablement à offrir des carrières. Mais nous sommes à l'écoute des domaines qui recrutent, comme la géothermie ou… l'agriculture, secteur dans lequel Défense Mobilité n'était jusqu'alors pas très présent, mais qui offre actuellement des emplois.

À la tête de Défense Mobilité, le général Jean-Paul Martial veille au bon retour à la vie civile des personnels
des armées, contractuels, qui doivent un jour quitter
le ministère de la Défense. Gérant des flux humains qui doivent se reconvertir, il se félicite des partenariats qui se multiplient entre la Défense et les entreprises disposées
à recruter d'anciens militaires. Une convention est signée ce 3 septembre avec Areva. Autre motif de satisfaction
du directeur de l'agence : Défense Mobilité a adopté
le système de management par la qualité Iso 9001 (version 2008) et en a obtenu la certification en juin dernier.