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Par Benjamin d'Alguerre - Le 02 mars 2015.
Cinq mois après l'inauguration de l'Institut de la coopération agricole (ICA) le 23 novembre dernier (lire), Coop de France, le syndicat national des coopératives agricoles, agroalimentaires et agro-industrielles françaises rendait publique les conclusions de la première enquête Ipsos (en pièce-jointe) consacrées aux besoins de formation des élus et administrateurs coopératifs.
Résultats : moins de 25% des élus avaient bénéficié d'une action de formation au cours de l'année écoulée. En cause, le manque d'offre sur le marché (45% des répondants), mais surtout, la difficulté pour ces administrateurs de quitter leur exploitation sans la pénaliser pour consacrer quelques jours à se former. Et l'appétence n'est pas en cause, puisque, parmi les élus ayant bénéficié d'une action de formation, 92 % indiquaient l'avoir apprécié et 77 % jugeaient le contenu pédagogique “de bonne qualité".
“Faire monter les compétences des administrateurs"
On compte aujourd'hui près de 50 000 élus et administrateurs au sein des 2 750 entreprises coopératives recensées par la Coopérative agricole. Un secteur qui pèse près de 40% de l'agroalimentaire français (presque 170 groupes coopératifs, 84,8 milliards de chiffre d'affaires global, 160 000 salariés)... mais qui pêche en matière de formation de ses dirigeants.
“Faire monter les compétences de nos administrateurs représente notre mission prioritaire : la gouvernance est le point-clé de la performance économique de nos entreprises agricoles et de leur développement stratégique", explique Jérôme Calleau, agriculteur coopératif et élu référent de l'ICA. Pas facile cependant. À 3 000 euros en moyenne la journée de formation d'un élu et au vu des difficultés de ces derniers pour se rendre disponible le temps de la formation – un élément particulièrement sensible chez les éleveurs –, ils sont nombreux à préférer laisser tomber. 80% des élus avouent ainsi ne même pas disposer de visibilité sur les budgets destinés à leur propre formation d'une année sur l'autre.
Stratégies financières
L'argent, pourtant, ne représente pas un problème, à en croire Benjamin Domingo, consultant pour Services Coop de France, le prestataire formation, audit et conseil des coopératives agricoles qui prend en charge jusqu'à 40% du coût des journées de formation. “Le blocage financier, ce n'est pas le coût de la journée de formation. Ce qui bloque, c'est la coopérative qui n'a formé aucun de ses élus pendant cinq ou dix ans et qui se décide à rattraper le temps perdu en une seule fois".
À ce titre, les recommandations stratégiques élaborées par la Coopérative agricole préconisent d'assurer annuellement la formation d'environ 10 % des membres du conseil d'administration de chaque entreprise dans le cadre d'un plan de formation spécifique.
“Les plus grosses coopératives comptent entre 20 et 30 membres au sein de leur CA. Envoyer deux ou trois d'entre eux se former chaque année représente à la fois un moyen d'intégrer la formation à la stratégie de développement des entreprises, mais aussi de ne pas pénaliser les coopératives par l'absence d'un trop grand nombre d'élus" souligne Florent Varin, directeur opérationnel de l'ICA. Financièrement jouable, donc, d'autant qu'un imminent partenariat avec Vivea, le fonds mutualisé de la formation des exploitants agricoles – il devrait se voir signé vendredi – devrait permettre de dégager davantage de budgets. Aujourd'hui, d'ailleurs, l'Institut compte près de 30 formations labellisées à destination des élus.
La Coopérative agricole entend bien faire de cette première enquête le point de départ de sa feuille de route "formation". Si l'accent y est mis sur les moyens dévolus à la formation, reste encore à déterminer des critères d'évaluation pour mesurer les retours de formation. “Pas facile", reconnaît Jérôme Calleau, “c'est une notion que les petites coopératives ont encore du mal à intégrer. Des efforts particuliers sont à faire de ce côté-là".