Pourquoi réformer la formation professionnelle ? (N. Sarkozy - 3 mars)

Par - Le 10 avril 2009.

"Pour les salariés, la formation, c'est la meilleure des sécurités professionnelles ; c'est aussi un gage de promotion sociale, l'assurance de pouvoir progresser au sein de son entreprise ou d'accéder à un autre emploi, plus valorisant et mieux rémunéré", a assuré le président de la République, lors de son discours sur la réforme de la formation du 3 mars à Alixan dans la Drôme. Et de compléter : "La formation professionnelle, enfin, c'est la compétitivité de nos entreprises."

S'adressant aux chefs d'entreprise présents, il les a exhortés à investir dans les hommes et les femmes de l'entreprise, qui sont "leur principale richesse" pour "se développer, innover, rester compétitifs et gagner de nouveaux marchés".

"Le système français souffre de vraies lacunes", a affirmé le chef de l'Etat et il a précisé pourquoi il fallait une réforme.

D'abord, parce que " les inégalités d'accès à la formation sont criantes ", a déploré le Président alors que "27 milliards d'euros lui sont consacrés chaque année". "Les dispositifs actuels fonctionnent trop souvent à l'envers", a-t-il estimé. Et de citer différents chiffres sur ces inégalités : un accès à la formation qui passe d'une chance sur deux pour les cadres à une chance sur sept pour les ouvriers ; des salariés des entreprises de moins de 10 salariés qui ont cinq fois moins de chance de se former qu'un salarié d'une entreprise de plus de 500 salariés ; 75 % des demandes de formation des chômeurs qui n'aboutissent pas ; les difficultés d'accès pour les plus de 45 ans.

Ensuite, parce que " notre système de formation est injuste. Les petites entreprises payent pour former les salariés des grandes. Ainsi, près de 30% des entreprises, principalement des TPE, ne font que financer la formation sans envoyer leurs salariés en formation".

Puis, parce que "la collecte des fonds de la formation professionnelle est complexe et ses coûts de gestion sont trop importants", et s'inscrit "dans un système cloisonné qui raisonne trop en logique de branche professionnelle alors que quantité d'emplois aujourd'hui […] ne dépendent pas d'un secteur d'activité". Et en outre, "c'est un système qui ne fait pas assez jouer la concurrence dans le choix des prestataires de formation", a ajouté Nicolas Sarkozy.

Enfin, "l'information, l'orientation et le conseil aux personnes comme aux entreprises, notamment pour les plus petites d'entre elles, sont insuffisants. On compte en France 45 000 organismes de formation qui préparent à plus de 15 000 titres et diplômes. C'est un maquis inextricable", a considéré le Président.

Patricia Gautier-Moulin

Article paru dans Le Quotidien de la Formation du 4 mars 2009