Marie-Guite

Dufay

Par - Le 27 février 2008.

La nouvelle présidente franc-comtoise souhaite que les grands chantiers qui se réalisent dans la Région soient l'occasion de faire revenir vers l'emploi des personnes qui en étaient le plus éloignées. Elle promet une meilleure prise en compte des contraintes qui existent pour beaucoup de femmes lorsqu'elles doivent se former et retrouver un emploi.

Inffo Flash - Vous avez été élue, en janvier, présidente de la Région, succédant ainsi à Raymond Forni, décédé le 5 janvier. Quelles missions vous assignez-vous dans le domaine de la formation en Franche-Comté ?

Marie-Guite Dufay - Une bonne politique de formation professionnelle, c'est à mon sens une politique qui réussit à amener vers l'emploi ceux qui en sont les plus éloignés. Nous devons être vigilants et travailler concrètement avec les différents acteurs du domaine de la formation, les syndicats et, bien sûr, les entreprises, pour répondre au mieux aux besoins d'emplois et de compétences qui existent dans la Région.

Nous devons être très attentifs aux mutations économiques, qui nous incitent à soutenir fortement la montée en qualification pour être compétitifs.

Je souhaite enfin que les grands chantiers qui se réalisent dans la Région soient l'occasion de faire revenir vers l'emploi des personnes qui en étaient éloignées par des clauses d'insertion. Nous avons, dans le cadre du chantier du TGV Rhin-Rhône, financé près de 500 formations pour des Francs-Comtois qui ont ainsi pu retrouver un travail.

IF - Les Régions souhaitent piloter le service public de l'emploi. La Franche-Comté fait partie des candidates pour l'expérimenter. Suivant quelles modalités ?

M.-G. D. - Mon souhait est effectivement que la Région co-préside le Conseil régional de l'emploi, instance qui a pour but d'orienter sur les territoires les différentes politiques publiques dans ce domaine. La Franche-Comté est une région pilote en matière de prise en compte des problématiques locales, et possède une capacité d'expertise concernant les besoins territoriaux.

Je vais d'ailleurs prochainement prendre l'initiative de mettre en place des cellules opérationnelles territoriales visant à mieux mutualiser les fonds de la formation professionnelle par bassin de population, afin de prendre en compte les besoins au plus près du terrain.

IF - Quel bilan pouvez-vous faire de la première conférence des financeurs de la formation professionnelle et de l'apprentissage en Franche-Comté, organisée en décembre dernier ?

M.-G. D. - Les financeurs de la formation sont très nombreux. Les Régions font des efforts importants et leur rôle continue de se renforcer avec les décentralisations récentes, en particulier dans le cadre de leur compétence d'élaboration du PRDF.

Cette première conférence a réuni les 40 financeurs principaux de Franche-Comté. Elle a permis de mettre en place un diagnostic partagé, de valider la nécessité de construire des parcours de formation cohérents, afin de renforcer l'efficacité des fonds mis en place, par une meilleure coordination.

IF - Il est beaucoup question de “sécurisation des parcours professionnels" des Francs-Comtois. Quels moyens prévoyez-vous pour sa mise en œuvre ?

M.-G. D. - La sécurisation des parcours professionnels ne dépend pas que des Régions. Je tiens à rappeler que nous évoluons dans un contexte national particulier, et le “détricotage" systématique du Code du travail auquel se livre le gouvernement n'est pas pour me rassurer en la matière. À notre niveau, je distingue quatre axes d'intervention.

  • La connaissance du tissu économique régional, qui nous donne une bonne idée des besoins des entreprises, mais aussi des secteurs en souffrance, pour mieux prévenir les difficultés. La Région, via sa politique de soutien aux entreprises et le travail de l'Agence régionale de développement, dispose d'outils d'analyse pertinents.
  • L'accompagnement des personnes, à commencer des plus fragiles : les jeunes, à travers notre soutien très important aux structures d'accueil (Missions locales, Espaces jeunes) ; les femmes (soutien à la mobilité grâce aux congés individuels de formation, par exemple), les travailleurs handicapés (une convention avec l'Agefiph a été signée) et les personnes en contrats d'insertion.
  • L'articulation des financements de la formation professionnelle, de manière à construire des parcours financés alternativement par des fonds publics et des fonds d'entreprises. C'est pour cela que nous avons multiplié les accords avec les différents financeurs (Assedic, Opca, Fongecif, Agefiph, etc.).
  • Le pilotage, par la Région, de cette mutualisation des moyens.

IF - En tant que deuxième femme à présider une Région en France, quelle place accordez-vous aux questions de formation et d'insertion professionnelle des femmes en Franche-Comté ?

M.-G. D. - Les femmes vivent souvent des situations particulières, qui devraient être mieux prises en compte dans les décisions politiques, à tous les niveaux. Une idée inspirée des pays nordiques me semble particulièrement intéressante : celle de réaliser des études de genres pour chaque mesure prise.

Ces analyses – qui s'inscrivent dans
une nouvelle génération de travaux – ne visent pas à opposer hommes et femmes, mais plutôt à mettre en exergue la construction sociale des rapports de genre féminin-masculin. Elles permettent de mieux prendre en compte les situations spécifiques et d'apporter des réponses plus fines et plus efficaces. Je souhaite donc réfléchir à la mise en œuvre de ce type de réflexion dans le cadre de nos politiques de
formation.

J'ai, enfin, à cœur de réfléchir à une meilleure prise en compte des contraintes qui existent pour beaucoup de femmes lorsqu'elles doivent se former et retrouver un emploi, comme, par exemple, la garde des enfants, ou les déplacements, et de proposer des dispositifs permettant d'y répondre plus efficacement.

Propos recueillis par Knock Billy