Lecoq

Inffo Flash - À partir de quels constats le dispositif Trans'Compétences a-t-il été élaboré ?

Philippe Lecoq - Le projet Trans'Compéten-ces a été initié en 2004 par la commission emploi-formation du Conseil de développement économique et social du pays et de l'agglomération de Rennes (Codespar). Ce dernier est un générateur d'initiatives et d'idées. Depuis 2007, la MEIF du bassin d'emploi de Rennes, labellisée en 2005, a pris le relais et porte aujourd'hui le projet.

Le Codespar était parti du constat, qui est encore valable aujourd'hui, de l'inadéquation entre les offres d'emploi non pourvues et un taux important de personnes en recherche d'emploi. Ce
phénomène s'accentue quand le taux de chômage diminue, car la main-d'œuvre se raréfie et il est alors difficile de trouver les compétences pour un métier donné. Dans les années 2004-2005, il était impossible de trouver, par exemple, une main-d'œuvre qualifiée dans le BTP.

Le dispositif Trans'Compétences s'appuie sur l'idée que les compétences professionnelles sont transversales et transférables. Il concerne, d'une part, les salariés et les personnes en recherche d'emploi engagés dans des processus de “transition professionnelle", et, d'autre part, les entreprises connaissant des difficultés de recrutement, ayant de forts enjeux de management prospectif et préventif des emplois et des compétences.

IF - Quels sont ses objectifs ?

Ph. L. - Il est difficile pour les personnes de se charger de leur propre reclassement, et à ce titre, il est nécessaire de les accompagner. Trans'Compétences constitue donc un outil qui permet à des salariés et à des personnes en recherche d'emploi d'évoluer professionnellement, de trouver un métier ou un poste qui correspond mieux à leurs aptitudes professionnelles, à leur personnalité. Une personne qui exerce dans le tertiaire administratif (secrétaire) a ainsi la possibilité, compte tenu de ses compétences, de travailler dans le secteur des services à la personne, par exemple. C'est aussi ce type de constat qui a incité à la mise en place du dispositif.

Cet outil sera utilisé par les entreprises pour définir le profil le plus approprié, en termes de compétences, aux postes à pourvoir en interne (salariés qui souhaitent se réorienter) ou en externe.
Il constitue une réponse adaptée à un marché de l'emploi en mutation avec la prise en compte d'une vision globale des besoins.

IF - Sous quelle forme se présente Trans'Compétences ?

Ph. L. - Dans un premier temps, nous avons élaboré un questionnaire papier avec une double entrée, une pour les entreprises, une pour les personnes en recherche d'emploi et en réorientation. Depuis 2007, ce questionnaire se présente sous la forme d'un logiciel accessible via un intranet sécurisé et nécessitant un identifiant et un mot de passe. Trans'Compétences s'appuie en effet sur l'existant. Il s'agit plus précisément d'un guide d'entretien à l'usage exclusif des professionnels (consultants en reclassement, conseillers à l'emploi, organismes réalisant des bilans de compétences, etc.), qui exercent auprès des agences ANPE, des Missions locales, etc.

L'utilisation de Trans'Compétences est soumise à une charte. Une clause prévoit notamment que les collaborateurs chargés de la mise en œuvre de ces prestations et processus aient les qualifications professionnelles requises et suivent le cycle de “formation et initiation" à la démarche Trans'Compétences. Six cabinets de consultants ont d'ores et déjà signé la charte de partenariat (voir p. 30).

Le dispositif ne bénéficie pas d'une publicité auprès de la population. C'est un conseiller, d'un cabinet de consultants ayant signé la charte, qui évoque avec la personne en recherche d'emploi, par exemple, ses compétences mises en œuvre dans un métier donné, à savoir le travail en équipe, le fait de savoir exprimer de façon schématique une activité commerciale, et une activité de reporting (recueil et consolidation des données). Il s'avère que ces trois éléments peuvent être transférés dans le milieu tertiaire et industriel.

La MEIF a développé l'outil intranet et l'opérateur agréé (consultant signataire de la charte) accède gratuitement à l'outil. Nous considérons d'ailleurs qu'un DRH doit également pouvoir l'utiliser facilement. Enfin, nous travaillons avec l'Union des entreprises pour déterminer les secteurs sur lesquels mobiliser l'outil.

La société Thalès, spécialisée en microélectronique, de Châteaubourg (Ille-et-Vilaine), est très intéressée par le projet, dont il faut attendre les premiers résultats concrets.

Propos recueillis par Philippe Grandin