La “responsabilité sociale" des entreprises en débat
Le groupe Alpha organisait le 10 mars à Paris un colloque sur le thème “Hommes, territoires, nouvelles frontières du dialogue social". Consacré notamment au développement économique des territoires et à la responsabilité sociale des entreprises, cet événement a mis en valeur le rôle de la formation dans la gestion de l'activité réduite des entreprises.
Par Centre Inffo - Le 01 avril 2009.
Environ 1 200 personnes étaient venues écouter le point de vue d'élus locaux régionaux et départementaux, de syndicalistes de la CGT, la CFDT, la CFE-CGC et l'Unsa, et de l'État, représenté par le secrétaire d'État chargé de l'Emploi, Laurent Wauquiez.
Très vite placés au banc des accusés d'une forte montée en puissance du chômage, “la financiarisation de l'économie, qui fait de l'emploi une variable d'ajustement systématique", selon Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, mais aussi les 25 milliards d'euros d'allègement de charges sociales consentis aux entreprises sur les bas salaires. Des aides qui ont “encouragé la déqualification des salariés, a assuré François Chérèque, secrétaire général de la CFDT. C'est ainsi que l'on est arrivé à 17 % de personnes au Smic en France. Et aujourd'hui il faut répondre dans l'urgence aux besoins de formation de personnels peu qualifiés, donc licenciés." Pierre Ferracci, président du groupe Alpha, et qui a présidé en 2008 le groupe de travail multipartite sur la réforme, a lui aussi déploré “l'exclusion des plus fragiles des plans de formation" et appelé à “cesser les aides au travail non qualifié au profit d'un meilleur investissement en formation".
Françoise Bouygard, déléguée adjointe à l'emploi et à la formation professionnelle, a tenu néanmoins à défendre cette politique de soutien aux entreprises, qu'elle interprète avant tout comme “un soutien à leur compétitivité étant donné le coût de revient des bas salaires en France".
Chômage partiel et formation
Elle a préféré faire valoir le rôle de l'État en termes de mesures de soutien immédiat à la formation des salariés exclus, totalement ou partiellement, de l'emploi : “Des conventions sont en cours de préparation avec le Fup et les Régions pour financer la formation des personnes en chômage partiel. Nous développons les contrats de transition professionnelle, à présent sortis de l'expérimentation. Non seulement mieux indemnisées, les personnes ayant conclu un CTP bénéficient de formations financées à 80 % par les Opca partenaires, Agefos-PME et Opcalia, et à 10 % par les Régions. Ainsi, nous préparons l'avenir", a souligné Françoise Bouygard.
Gérard Cherpion, député UMP des Vosges - département fortement touché par les plans de restructuration -, a, lui, joué les provocateurs : “Et si l'on mobilisait les fonds destinés aux départs volontaires pour la requalification des personnes les plus fragiles ? Cela éviterait à d'ex-salariés inconscients de se précipiter sur des belles voitures au lieu de préparer leur avenir en se requalifiant. Ceux qui ont fait cela, sont aujourd'hui au RMI."
Le président de l'UIMM, Frédéric Saint-Geours, tout en se défendant vigoureusement de vouloir “la sécurisation des licenciements économiques", a de son côté tenu à faire valoir la création du FSPP par l'Ani du 7 janvier, destiné à la formation de 500 000 salariés peu qualifiés et 200 000 chômeurs. François Chérèque s'est félicité de la création prochaine d'un fonds d'investissement social de 2,5 à 3 milliards d'euros – proposé par la CFDT –, et qui devrait être cofinancé par l'État et les partenaires sociaux, pour contribuer à la formation des chômeurs partiels, des demandeurs d'emploi et pallier la disparition de l'allocation de fin de formation dans la nouvelle convention d'assurance chômage.
Cette politique de formation venant en soutien de l'activité partielle n'a pas manqué non plus de retenir l'intérêt de Laurent Wauquiez, qui a jugé que la conférence avec les partenaires sociaux du 18 février dernier “n'était pas allée assez loin à ce sujet", préconisant au passage une indemnisation de 70 % du salaire net et de 90 % pour les salariés au Smic en chômage partiel. Seul Daniel Soury-Lavergne, directeur général d'ArcelorMittal France, est venu apporter une note discordante dans ce consensus en faveur du couple chômage partiel-formation. Faisant valoir l'étroitesse du cadre légal de l'ouverture des droits au chômage partiel pour les ruptures d'activité (limitées à six semaines), Arcelor a annoncé la mise à l'étude au sein de l'UIMM d'un “licenciement temporaire avec garantie de retour dès que les circonstances économiques le permettent, au niveau de la qualification quittée".
Le bureau de l'Unédic réuni le lendemain, 11 mars, a décidé de négocier la participation du régime d'assurance chômage au financement d'un chômage partiel prolongé. Il s'agirait de s'inspirer de l'ex-dispositif Trild (“temps réduit indemnisé de longue durée")[ 1 ]Né en mai 1994, à la suite de la loi quinquennale ; disparu au 31 décembre 1995, faute de renouvellement de la convention. partiellement pris en charge par l'Unédic et qui deviendrait tripartite : État, Unédic et employeur.
Notes
1. | ↑ | Né en mai 1994, à la suite de la loi quinquennale ; disparu au 31 décembre 1995, faute de renouvellement de la convention. |