Les métiers du spectacle vivant et de l'audiovisuel... à la fête

Le spectacle Demain le XXe siècle présenté par un collectif de CFA le 14 septembre au théâtre des Folies Bergères a assurément servi avec brio un double objectif : valider une formation et promouvoir la voie de l'alternance.

Par - Le 01 octobre 2009.

_ Pour Isabelle Gentilhomme, présidente du CFA du spectacle vivant et de l'audiovisuel de Bagnolet[Créé en 2001 par convention entre la Région Île-de-France et l'Association pour la formation en alternance dans les secteurs du spectacle vivant, de l'audiovisuel et du multimédia, [www.afasam.fr [/footnote], il s'agissait, d'une part, de “permettre aux jeunes régisseurs de passer leur examen pratique de fin de formation" et, d'autre part, de “promouvoir l'apprentissage en alternance comme voie d'excellence pour l'obtention de diplômes, de qualifications et de titres, ainsi que comme voie royale d'insertion professionnelle". Il faut dire qu'avec un taux d'insertion professionnelle à trois mois qui s'élève à 90 %, le CFA a toutes les raisons de plaider pour la voie professionnelle. Même enthousiasme du côté de Georges Terrey, directeur délégué des Folies Bergère et président de l'Octa, qui, interrogé sur les raisons qui l'ont conduit à mettre son théâtre à disposition d'apprentis, répond : “Tout simplement parce que je crois profondément en ce mode de transmission des savoirs qui, en donnant accès à une formation gratuite à des jeunes, tout en les baignant dans le milieu professionnel, me paraît la meilleure méthode pour appréhender le métier qu'ils ont choisi. (…) Tout en conservant les pratiques anciennes du compagnonnage dans la transmission des savoirs, il est totalement en adéquation avec la nécessaire mixité des âges qui me paraît essentielle dans notre société. Vous l'avez compris… Je crois en l'apprentissage !"

[(LA PROMOTION 2007-2009

Constituée de 46 apprentis, la promotion 2007-2009 comprenait 36 contrats d'apprentissage et 10 contrats de professionnalisation. À noter que même si ces derniers “coûtent" plus chers, tous ont trouvé un employeur. L'effectif se répartit à égalité entre les trois options de la filière “régisseur de spectacle" : lumière, son et plateau. Par un paradoxe que ne s'explique pas le directeur du CFA, “il est un peu plus difficile de placer les techniciens plateau, alors que les commissions paritaires nous en réclament", souligne-t-il.)]

Réel intérêt des employeurs

“Si la filière apprentissage est relativement nouvelle dans notre secteur", déclare Patrick Ferrier, directeur du CFA du spectacle vivant et de l'audiovisuel et du CFP aux techniques du spectacle , “nous constatons que les employeurs sont fidèles et apprécient, au-delà de l'intérêt financier, la dimension qualitative". Toujours est-il que le secteur est constitué, selon les chiffres de l'Afdas, à 96 % d'entreprises de moins de 10 salariés et que les contrats sont de plus en plus courts. “Tous les apprentis vont rapidement trouver une place, mais surtout dans le cadre de l'intermittence du spectacle, les embauches en CDI sont rares", explique Patrick Ferrier. Reste à vérifier si le statut gêne l'insertion dans la durée, ce que le directeur du CFA entend contrôler en croisant les données de la caisse des congés et de la caisse retraite du spectacle.

[(BIENTÔT UN DIPLÔME DE NIVEAU IV

Alors que la filière “régisseur de spectacle" correspond à un diplôme de niveau III, Patrick Ferrier annonce la création d'un diplôme de niveau IV “Technicien lumière" pour janvier 2010. Il s'agit de “développer l'apprentissage pour des personnes en situation d'échec scolaire, voire de déroute sociale". D'où des contacts pris avec la Mission locale de Bagnolet pour voir si des jeunes en difficulté pouvaient être intéressés. Le cas échéant, il leur faudra tout de même attester de bonnes bases intellectuelles et, surtout, “de passion et d'envie", des ingrédients indispensables pour faire face aux contraintes du métier (pics de travail important, y compris en soirée, week-ends et jours fériés). Prochain objectif, la création de filières de niveau IV pour les techniciens son et plateau.)]

Challenge commun

Réunion d'intérêts pédagogiques communs autour d'un projet artistique, le spectacle des Folies Bergère a aussi été l'occasion pour les apprentis du CFA de travailler en partenariat logistique et artistique avec d'autres organismes : le Centre de formation professionnelle aux techniques du spectacle (CFPTS), l'Ina Sup (pôle européen des sciences et métiers de l'image), les CFA de l'École du spectacle[CFA Danse, Chant et Comédie, [www.academiedanseparis.com [/footnote], le CFA'Com (métiers de la communication visuelle et du multimédia), le CFA Coiffure esthétique Ambroise-Croisat, et le CFA Médéric, qui forme chaque année près de 700 apprentis aux métiers de l'hôtellerie et de la restauration . Résumant bien l'intérêt d'un tel partenariat, Marc Tanguy, directeur du CFA'Com, dont les apprentis étaient chargés de créer le visuel de l'opération, présente comme une “évidence" sa participation à cette soirée : “Un projet ouvert à d'autres CFA permet de décloisonner les savoir-faire et de donner une image collaborative des métiers d'art au sens large." Ainsi que le souligne Isabelle Gentilhomme, le projet “permet de découvrir des secteurs d'activités aux modes de fonctionnement différents et de s'y adapter, exercice auquel chacun sera confronté au cours de sa vie professionnelle".

[(DE NOMBREUSES FORMATIONS CONTINUES

Le département formation continue d'Ina Sup propose près de 300 formations de perfectionnement ou de reconversion à tous les métiers de l'image et du son et près de 70 apprentis sont engagés dans l'un des parcours suivants : BTS “Audiovisuel" option “Métiers du son" ou “Montage et post production", licence “Systèmes audiovisuels et numériques", diplôme technique en documentation audiovisuelle. Le CFPTS propose, lui, plus de 90 formations continues dans tous les secteurs techniques (plateau, son, lumière, régie, décor, direction technique, outils numériques, prévention des risques).)]

Nicolas Deguerry

in L'inffo formation n° 753, 1er au 15 octobre 2009

[(SUR LE PORTAIL ORIENTATION & FORMATION

“Le régisseur de spectacles est sur tous les fronts. D'un bout à l'autre du plateau, il s'affaire pour que la représentation se déroule sans accroc. Autant dire qu'aucune école ne permet d'accéder directement à ce métier exigeant. Même s'il existe des formations spécifiques à la régie-production, la plupart des régisseurs sont issus des métiers techniques du spectacle. Les diplômes vont des niveaux bac + 2 à + 6, dont la formation en alternance du CFA du spectacle vivant et de l'audiovisuel de Bagnolet (titre de niveau III “Régisseur de spectacle"). La majorité des professionnels est engagée le temps d'une production avec le statut d'intermittent du spectacle mais la fonction publique territoriale en accueille également au profit des collectivités (maisons de la culture, théâtres, etc.).")]