Thomas Courtoux, enseignant et conjoint d'exploitante
Par Nicolas Deguerry - Le 16 avril 2011.
“Le sport, il ne suffit pas d'en faire beaucoup, il faut aussi être bon." Ce commentaire lapidaire, Thomas Courtoux, 34 ans, se souvient avec bonne humeur l'avoir entendu alors qu'il envisageait de rejoindre la filière sport après son bac. Beau joueur et certainement pas sans ressources, il opte alors pour une prépa maths sup bio option technologie, qui lui ouvre la porte de l'Institut national agronomique (Ina).
Merci qui ? Peut-être un peu maman et papa, respectivement professeur en lycée agricole et fonctionnaire à la Direction départementale de l'agriculture reconverti à 32 ans dans l'élevage. Ceux-là mêmes qui, le voyant peu à l'aise en terminale C, lui avaient suggéré une ré-orientation en D', la filière scientifique des lycées agricoles. Le tout sans drame, les parents s'étant avisés de faire valoir la place généreuse laissée au sport dans cette nouvelle voie… Habile, le fils l'est aussi. Mention très bien au bac, le voilà bientôt ingénieur agronome, spécialisé dans le machinisme agricole. Il fait alors ses armes au très stratégique poste de secrétaire général du Syndicat national des constructeurs de véhicules agricoles (SNCVA) : “Un métier phénoménal, qui m'a bien plus formé que l'école, par la quantité et la qualité des gens que l'on rencontre, un poste très vaste qui permet de se confronter à d'autres personnes, loin de l'isolement que peuvent ressentir ceux qui commencent par s'installer", commente-t-il.
Isolé, Thomas Courtoux l'est d'autant moins que la suite s'écrit avec sa femme, rencontrée sur les bancs de l'Ina. Car quand celle-ci, peu enthousiasmée par une carrière dans l'agroalimentaire, décide de reprendre une exploitation cidricole en Haute-Normandie, Thomas Courtoux démissionne. Son nouveau métier ? Pluriel. Professeur en machinisme agricole et aide familial dans l'entreprise de sa femme. “J'ai reproduit le modèle familial, dans l'autre sens !", s'amuse-t-il en rappelant que sa mère, professeur, s'occupait de la traite matin et soir. Et les journées bien occupées, lui aussi connaît. Aux dix-huit heures d'enseignement, “une passion", s'ajoute le travail dans le verger et sur les machines, ainsi qu'un engagement syndical au Snetap, dont on comprend vite qu'il représente un enjeu d'importance. Responsable de section syndicale au lycée, responsable régional adjoint, élu au conseil d'administration de la Commission technique paritaire régionale et à celui de la Commission régionale d'enseignement agricole : soit, un pied dans les structures représentatives de l'enseignement public et un autre dans celles concernant l'ensemble de l'appareil de formation du ministère de l'Agriculture, public et privé.
“L'intérêt d'être dans ces instances, c'est de pouvoir participer aux débats qui déterminent l'avenir des lycées d'enseignement professionnel", souligne-t-il en expliquant que la filière est fortement impactée par la réforme de la formation professionnelle : “Le bac pro en trois ans, c'est positif mais c'est aussi la fermeture de deux classes de BEP à la rentrée 2012 dans notre établissement, ce qui signifie une baisse d'effectifs qui menace notre existence même." Semble-t-il confiant dans la capacité collective à “trouver des alternatives qui soient viables aux yeux de l'État et de la Région", Thomas Courtoux indique au passage être également directeur adjoint de jury dans le cadre de l'ouverture d'un BTS “Génie de machinisme agricole". Soit une activité de plus à son crédit qui aide à comprendre ce qui l'amène à lancer : “Le métier de prof', on n'en a jamais fait le tour…"
Quelle place reste-t-il au sport dans cette belle aventure ? “Je retrouve le temps de faire du vélo !" Aveu aussi spontané qu'enthousiaste, qui nous ramène à une légendaire anecdote de l'agriculture et du cyclisme, qui prétend que lorsqu'un journaliste demandait au limousin Poulidor de confirmer que le Tour était dur, celui-ci répondait : “Oui, c'est dur, mais essayez de récolter des topinambours !"
1999
Ingénieur agronome (Paris-Grignon).
1999-2002
Secrétaire national du Syndicat national des constructeurs de véhicules agricoles (SNCVA).
Depuis 2002
Professeur en lycée agricole professionnel (Neubourg, 27) et conjoint d'exploitante agricole.
2004
Concours de “Professeur en lycée agricole".