Accompagner globalement pour une insertion durable

Par - Le 16 juillet 2011.

Fruit d'une enquête de terrain conduite par la Fnars, le Livre blanc de l'accompagnement social[ 1 ]Le livre blanc de l'accompagnement social, préface de Nicole Maestracci, Fnars. Les Éditions de l'Atelier, 166 p. défend avec conviction un modèle “global". Qu'y a-t-il donc à défendre ? “D'autres manières de faire, plus cohérentes, plus humaines, plus efficaces", à rebours, selon la Fnars, “des politiques publiques actuelles qui tendent à segmenter les prises en charge, vers l'emploi, vers le logement, vers la santé, etc.".

À la suite d'un effort de définition et de description du travail social en France, l'ouvrage formule des recommandations d'“engagements proposés au réseau Fnars" et des “propositions aux partenaires et aux pouvoirs publics". Le tout avec un objectif précisé en préface par la présidente du réseau, Nicole Maestracci : “Inscrire l'insertion sociale dans la durée, à la fois dans le temps de la personne accompagnée et dans le temps de l'action politique."

[(LA FNARS, RÉSEAU ASSOCIATIF DE PROXIMITÉ DES PRÉCAIRES

Créée en 1956, la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars) regroupe 850 associations ou organismes gérant 2 700 établissements et services. Le réseau accueille, héberge, loge et accompagne plus de 600 000 personnes et familles par an. La Fnars est également un acteur majeur de l'emploi avec 46 000 personnes salariées en insertion chaque année. Le réseau compte 12 000 salariés (travailleurs sociaux, psychologues, médecins, directeurs), ainsi que des milliers d'administrateurs et bénévoles. )]

Le travail social renvoie à un nombre limité de métiers, correspondant à des diplômes bien précis, précise l'ouvrage. L'accompagnement social couvre un groupe de fonctions et de métiers plus larges, et concerne d'autres intervenants sociaux : “médiateurs de rue", “médiateurs de quartier", animateurs, éducateurs, ou encore “travailleurs pairs" – c'est-à-dire des personnes qui ont été elles-mêmes à un moment de leur vie en situation d'exclusion sociale, et dont l'expérience facilite la prise de contact avec des personnes exclues.

[(LES DIPLÔMES DU TRAVAIL SOCIAL

À l'inverse de l'accompagnement social, le périmètre du travail social est bien défini et structuré en quatre domaines et quatorze diplômes régis par le Code de l'action sociale et familiale :

 cinq diplômes Aide et assistance (auxiliaire de vie sociale ; technicien de l'intervention sociale et familiale ; assistant de service social ; conseiller en économie sociale et familiale ; médiateur familial) ;

 cinq diplômes Éducation spécialisée (aide médico-psychologique ; moniteur éducateur ; éducateur spécialisé ; éducateur de jeunes enfants ; éducateur technique spécialisé) ;

 un diplôme Accueil à domicile (assistant familial) ;

 trois diplômes Encadrement (certificat d'aptitude aux fonctions d'encadrement et de responsable d'unité d'intervention sociale ; ingénierie sociale ; certificat d'aptitude aux fonctions de directeur d'établissement ou de service d'intervention sociale).

(Source : Fnars). )]

L'“accompagnement social global"

Le développement de la notion d'“accompagnement social global" est fortement lié à l'évolution des formes de précarité et d'exclusion. Car depuis les années 1980, relèvent les auteurs, si le travail permet encore de garantir une “assurance sociale a minima", il ne permet plus toujours de construire un projet de vie. C'est notamment le cas pour les 1,5 million de travailleurs pauvres, les familles monoparentales (5 millions de personnes, dont un tiers vit en dessous du seuil de pauvreté) et les quelque 120 000 jeunes sortis chaque année du système scolaire sans aucun diplôme.

Devant réparer et, idéalement, prévenir, de nombreuses difficultés aboutissant à des situations dont il n'est pas toujours “évident de distinguer les symptômes et les causes", l'accompagnement social global vise à éviter le “cloisonnement" et/ou le “saucissonnage" entre les différents axes d'intervention : démarches administratives (CMU, RSA, etc.), aide à la vie quotidienne (logement, budget, alimentation, etc.), accès aux soins, soutien à la parentalité, insertion socioprofessionnelle, etc. Le tout sans tomber dans un service d'assistanat généralisé, mais, au contraire, par la promotion d'un processus de “co-construction" de projet d'action personnalisé reposant sur un double principe de “proximité" et de “libre adhésion".

Si une telle démarche existe déjà, la Fnars appelle aujourd'hui à aller plus loin. Premièrement, en suggérant à ses adhérents de s'engager sur des actions telles que la “professionnalisation", la “mutualisation" ou encore la “co-construction" ; deuxièmement, en proposant aux partenaires et pouvoirs publics sept orientations, parmi lesquelles, “faire reconnaître un droit à l'accompagnement social global", “organiser la complémentarité entre les acteurs de l'accompagnement social global sur les territoires" et, enfin, “associer intervenants sociaux et personnes en situation de précarité à l'élaboration et à l'évaluation des politiques publiques".

Notes   [ + ]

1. Le livre blanc de l'accompagnement social, préface de Nicole Maestracci, Fnars. Les Éditions de l'Atelier, 166 p.