Jean-Robert Pitte publie son “guide pour l'action"

C'est finalement non pas le rapport tant attendu de Jean-Robert Pitte, délégué à l'information et à l'orientation (DIO) auprès du Premier ministre, qui paraîtra le premier, mais une déclinaison “grand public" des réflexions issues du travail mené par le DIO et son équipe, à paraître le 6 octobre prochain chez François Bourin éditeur : Orientation pour tous - Bien se former et s'épanouir dans son métier.

Par - Le 01 octobre 2011.

“Un manuel pour se repérer dans le labyrinthe qu'est l'orientation", ainsi Jean-Robert Pitte a-t-il présenté l'ouvrage, le 27 septembre. Manuel, mais aussi guide pour l'action, puisque Jean-Robert Pitte avait un message clair à faire passer : “Orientez-vous vous-même ! Trouvez votre voie et, ensuite, trouvez les bons organismes où se former et, surtout, les bons débouchés", insiste-t-il. Comment faire ? “Bien connaître ses capacités et ses compétences, bien trouver sa voie par rapport à ses aspirations et, ensuite, réfléchir aux débouchés professionnels". Ce qui implique pour les usagers d'accéder à l'information et, pour les professionnels, de renforcer “les liens avec le monde de l'emploi, de l'économie et des entreprises". Cible du livre ? “Les professionnels de l'orientation, les familles, les éducateurs, mais aussi un certain nombre d'élus, puisque le livre va dans le sens de la loi du 24 novembre 2009 sur l'orientation et la formation". Loi qui prévoit la mise en place d'un Service public de l'orientation qui, pour rappel, repose sur trois éléments clés en cours de mise en œuvre : un label “Orientation pour tous - Pôle information sur les métiers et les formations" destiné à structurer les acteurs de l'AIO et à accroître leur visibilité, un portail internet “Orientation pour tous", représentant le service dématérialisé [ 1 ]Assuré par l'Onisep et le Cidj pour le public jeune, par Centre Inffo, les Carif-Oref et les branches professionnelles pour les adultes. d'information, en association avec un “numéro vert" mis en place d'ici décembre.

Appelant à une réforme des organisations comme des esprits, l'ouvrage pointe des causes multiples et, surtout, profondes, du dysfonctionnement des relations emploi-formation. Au-delà du diagnostic sans appel, le lecteur y trouvera de longs développements sur le système d'orientation scolaire et une (courte) présentation de ce que sera le droit à l'orientation pour tous, voté par la loi du 24 novembre 2009 et dont les textes d'application sont parus en mai 2011.

Décrite en introduction, la situation française apparaît bloquée, avec un “profond pessimisme" qui l'emporte, tant chez les décrocheurs que chez les étudiants ou les actifs, tous unis dans une même insatisfaction face à leur situation et, plus grave, peu confiants en l'avenir. Première cause pointée, une “crise persistante du système éducatif". Pourquoi ? “Globalement", non pas en raison d'une supposée “insuffisance des dépenses éducatives", mais plutôt du fait d'une crise sociétale qui débouche sur un système qui semble naviguer à vue, sans véritable feuille de route ni destination : lacunes pédagogiques, crise de la transmission, faiblesse des ambitions, déconnexion du système éducatif du monde du travail au nom de l'“anti-adéquationnisme", persistance de la dévalorisation de l'apprentissage et, enfin, “système d'information et d'orientation sur les formations et les métiers [qui] a le mérite d'exister et de bénéficier de financements substantiels, mais [qui] est complexe, opaque et donc pas assez efficace."

À noter que, “contestée par une partie du milieu professionnel de l'orientation et de la formation, celle qui peine à se remettre en cause", l'analyse ne fait pas consensus et s'appuie essentiellement sur une situation jugée “labyrinthique" (près de 8 500 lieux d'accueil) et sur des enquêtes révélant des usagers s'estimant insuffisamment informés et conseillés en matière d'orientation scolaire et professionnelle. Résultats, “trop de choix faits par défaut" et, in fine, des “insuffisances [qui] constituent l'une des causes du chômage global, singulièrement des jeunes, et de l'insatisfaction des Français face à leur travail".

Diagnostic sévère et, donc, lourde tâche pour la réforme de l'orientation votée le 24 novembre 2009, qui “crée un droit pour tous à l'orientation et, pour le mettre en œuvre, s'attache aux deux voies d'accès pratiquées par les usagers : le service dématérialisé et les lieux d'accueil" objets du label. Traités en annexe, ces deux voies participent d'un même but : “inviter les Français de tous âges à recourir davantage aux services des différents organismes d'orientation" et, sur la base d'un conseil donné avec “davantage de réalisme", propager “une culture de la formation tout au long de la vie".

Décrite au premier chapitre consacré à la découverte des métiers au collège et au lycée, la démarche d'orientation apparaît fondée sur “la connaissance de soi, des métiers" et “des formations, passage nécessaire pour la réalisation des projets d'orientation professionnelle". Partant de là, l'ouvrage déroule, essentiellement à l'intention des jeunes, les moyens d'y parvenir en fonction du contexte : les deux premiers chapitres sont consacrés à l'orientation scolaire, le troisième au décrochage, le quatrième à l'insertion dans la vie active via l'Université, et le cinquième à la nécessaire connaissance des débouchés des formations. Dernière étape en orientation pour tous après l'évocation de l'évolution en cours de carrière, “quelques pratiques d'orientation à l'étranger", qui viennent rappeler qu'une résolution européenne de 2008 promeut une meilleure “inclusion de l'orientation tout au long de la vie dans les stratégies d'éducation et de formation" [Résolution du 21 novembre 2008 du [conseil éducation, jeunesse et culture. Voir aussi dans ce numéro, p. 19.[/footnote].

Précisant que “l'objectif est bien la formation la meilleure possible pour chacun, tout au long de sa vie, en vue du plus grand épanouissement personnel possible", l'ouvrage développe surtout la situation des jeunes, scolarisés ou décrocheurs, sans explorer de manière approfondie le cas des “(ré)orientations" en cours de carrière, qui ne passent pas forcément par la case formation. Si le sixième chapitre est consacré à “l'évolution en cours de carrière", le sujet est expédié en huit pages où le lecteur trouvera très sommairement décrits le bilan de compétences, la validation des acquis de l'expérience (VAE) et les aides à la mobilité professionnelle. Cible du livre, donc, les jeunes et les adultes, mais ces derniers bien davantage en tant que parents qu'en tant qu'actifs. Peut-être l'objet d'un tome 2 ?
Les bénéfices de cet ouvrage seront reversés aux Compagnons du devoir, afin de soutenir leur action en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes.

Notes   [ + ]

1. Assuré par l'Onisep et le Cidj pour le public jeune, par Centre Inffo, les Carif-Oref et les branches professionnelles pour les adultes