Hélène Ber, une instit' entre tableau et grand écran
Par Nicolas Deguerry - Le 01 novembre 2011.
“Aider les enfants à trouver leur voie"
Pourquoi institutrice ? “Dans ma tête, c'était un peu le métier idéal. Et puis c'est un métier que l'on connaît tous, on a tous eu une maîtresse, non ?" Voilà au moins qui ne déroge pas au B.A-BA de l'orientation : pour avoir envie d'exercer un métier, encore faut-il le connaître. Raison sans doute pour laquelle les enfants ont souvent un choix partagé entre le métier de papa/maman -forcément édifiant- et celui de maître(sse) d'école, forcément exemplaire. Sauf que dans le cas d'Hélène Ber, 36 ans et institutrice en classe de CM2, le choix final n'a rien à voir avec une prétendue vocation d'enfance. Alors ? Plutôt le souvenir opportun d'une “parenthèse enchantée", réapparu après quelques chemins détournés.
Explications. “J'ai toujours été bon élève, mais j'ai aussi toujours privilégié la voix du cœur à celle de la raison". Voilà pour le choix d'un bac A1 plutôt que celui d'une filière scientifique à laquelle la poussait ses professeurs. “Je me suis ensuite dirigée vers l'Iep d'Aix-en-Provence, filière Politiques sociales parce que le professeur Bruno Etienne y enseignait". Passionnant mais pas au point de se laisser tenter par une carrière dans la recherche. “Marre de faire des études, envie de gagner sa vie et de prendre son autonomie", Hélène Ber répond à une offre d'embauche en alternance de L'Oréal. “C'était tout le contraire de ce que j'avais choisi de privilégier, je n'avais pas envie de perdre mes valeurs, j'ai démissionné au bout de trois mois", résume-t-elle.
Dès lors portée par le souhait d'avoir un métier qui lui permette de se “regarder dans le miroir", elle découvre dans Télérama, “comme une évidence à ce moment là de [sa] vie", l'annonce “d'un organisme qui formait des personnes destinées à enseigner dans des écoles bilingues à la pédagogie innovante. Cela m'a beaucoup intéressée parce que je parlais anglais, le seul bémol, c'est que je ne savais pas que cette filière me limiterait au privé et me bloquerait dans mes évolutions", regrette-t-elle.
D'abord en poste au sein d'une école privée catholique, Hélène Ber s'investit dans le métier, qu'elle découvre “différent" de la perception commune. “Il y a beaucoup de matières à enseigner, et donc à préparer et à corriger. Au bout de trois ans, j'ai eu besoin de faire une pause et je me suis mise en disposition de l'Éducation nationale pour reprendre mes études". Dans quel but ? “J'ai toujours eu une passion pour le cinéma, mais je ne savais pas trop comment m'y prendre. Je suis tombée sur une formation de l'INA qui permettait de travailler en production et distribution audiovisuelles". Ce n'était pas un peu risqué ? “On me l'a beaucoup dit ! Mais j'ai un tempérament assez battant et quand j'ai envie de faire quelque chose, je ne doute pas, j'y vais !" Incontestablement une clé pour ne pas avoir de regret, même si Hélène Ber finira, après bien des rencontres mémorables et quatre festivals de Cannes, par décider de retrouver ses élèves. “J'ai fait des choses que je n'avais jamais faites, j'ai rencontré des réalisateurs, je sais comment la distribution d'un film fonctionne, mais j'ai finalement décidé de renouer avec l'enseignement". D'abord aux États-Unis, aujourd'hui dans une école internationale de la région parisienne. Commentaire ? “Il était temps ! Je suis très contente d'avoir retrouvé le chemin de l'école, c'est là où je m'épanouis le plus : c'est un très beau métier, utile et qui permet d'aider les enfants à trouver leur voie et à savoir qui ils sont, faire en sorte qu'ils aient envie de venir à l'école et s'y sentent heureux." Sincère, l'instit' conclut : “je pense aussi ne pas être faite pour qu'on me dise ce que je dois faire, j'apprécie l'autonomie et les marges de manœuvre". Les enfants aussi…
1994
Diplôme “English as a second language" (Canada)
1994-1998
Sciences po. (Aix-en-Provence)
Cursus “Sciences politiques, marketing et cinéma" (Canada)
2001
Professeur des écoles spécialisation “Enseignement bilingue"
2004
Master “Marketing et distribution dans l'industrie audiovisuelle" (INA/Sorbonne)