Younes Mouloud, Un diplôme et un métier grâce au Cif-CDD

Par - Le 01 septembre 2013.

À quatre ans, Younes Mouloud “saute" sa
deuxième année de maternelle. À trenteet-
un ans, il décroche le Prix spécial 2013
des Trophées de la transition professionnelle
du Fongecif Île-de-France. À l'entendre
s'exprimer avec aisance et clarté, on
s'apprête à l'écouter combler l'entre-deux
d'un interminable tableau de médailles.
On se trompe, les distinctions sont bien
là mais d'un autre ordre : “J'ai redoublé
la 5e, la 3e, la 2nde, échoué deux fois au
brevet des collèges et raté le bac." Au
moins était-il raccord avec les 80 % de
ses camarades qui, croit-il se souvenir, ont
réussi avec lui l'exploit d'inverser l'objectif
républicain d'amener huit jeunes sur dix
au succès. Sans fierté ni rancoeur, Younes
Mouloud avance placidement quelques
explications : déconnexion entre les bancs
de l'école et “l'éventuel (sic) travail" à
suivre, “absence d'intérêt", “manque
d'ambition", “infantilisation" et “relations
non constructives avec les enseignants"
figurent parmi les principales. Le bac hors
de sa poche, il décide de mettre fin au
“ratage complet" qu'aura pour lui représenté
l'école. Ni les parents, ni les professeurs, ni
les conseillers d'orientation n'ayant réussi
à susciter le moindre intérêt pour quelque
perspective professionnelle que ce soit,
aucun deuil de projet n'est alors à faire : “Si
on m'avait invité à apprendre pour le plaisir
d'apprendre, j'aurai pu avoir un parcours
différent, mais on me poussait à me projeter
alors que j'étais trop jeune", estime-t-il. “Il
fallait juste me laisser tranquille."

“RDV sur la case BTS sans passer par la case bac…"

Ses désirs d'alors sont plutôt du genre
consommables et les siens tiennent en
quatre lettres : M.O.T.O. Pas de quoi
se lancer dans un BEP mécanique mais
suffisamment motivant pour aller vivre sa
première expérience professionnelle. Sept
mois de salaire en poche, il peut enfin
accéder au Nirvana : franchir la porte d'un
concessionnaire et aller s'exploser la jambe
dans un accident initiatique. Le voici motard.
Attiré par un BTS informatique accessible
sans le bac, il ne parvient pas à signer un
contrat d'apprentissage et s'essaie alors
à l'intérim. Inventaires en grande surface,
vendeur conseiller clientèle au sein d'une
enseigne spécialisée en jeux vidéos et même
aide-kinésithérapeute en centre hospitalier,
Younes Mouloud donne satisfaction mais
ne se plaît nulle part. Ses expériences ont
le mérite de lui permettre de comprendre
qu'une part de sa motivation passe par
l'argent. À nouveau désireux de se former
en informatique, il pousse les portes d'un
centre de formation, réussit test et entretien
mais bute sur la question du financement.

En panne d'inspiration, le conseiller de
l'organisme de formation ferme les portes
une à une avant de se raviser par téléphone :
“Vous sortez d'un CDD, allez au Fongecif et
demandez un congé individuel de formation !"
Cif-CDD accordé, Younes Mouloud vise
un diplôme de technicien supérieur en
maintenance informatique et réseaux.
Comment se passe les retrouvailles avec le
monde de l'éducation ? “Très bien, j'accède à
une formation rémunérée et j'en sors avec un
diplôme de niveau III alors que je n'ai même
pas le bac !" Cette fois-ci en phase avec les
formateurs qui acceptent de parler “parcours
de vie", motivé par la perspective d'acquérir
un métier, Younes Mouloud se surprend à
soutenir un mémoire alors qu'il n'était “même
pas capable d'écrire une double page à
l'école", se souvient-il.

Une deuxième chance saisie pour durer…

De retour sur le marché du travail, notre jeune
diplômé réalise plusieurs missions d'intérim
avant de signer un CDD d'un an chez le
prestataire d'un grand couturier. Peu enclin
à se satisfaire de la simple perspective d'un
emploi stable, il décline une offre en CDI,
s'offre des vacances prolongées en Californie
et revient travailler en intérim avant de
postuler à un emploi de Junior IT Specialist
dans un cabinet international de conseil
en stratégie. Cinq entretiens plus tard et le
voici en poste aux Invalides, à partager son
temps entre assistance en ligne, gestion de
parc informatique et d'événements internes
ou externes. Embauché en janvier 2011,
Younes Mouloud a déjà été promu à l'échelon
supérieur et ne compte pas s'arrêter là.

Sans pour autant vouloir rester sur des rails :
“J'aimerais que mon parcours se poursuive
mais pas dans la technique, plutôt dans
le management et la gestion de projet",
esquisse-t-il. Une chose est désormais
certaine : “Il ne fait aucun doute que je vais
continuer à me former." Et de conclure :
“Même si je décidais de ne pas faire carrière
dans l'informatique, j'ai maintenant un niveau
de formation qui me permet de poursuivre."