Lisibilité et simplicité, telles sont les attentes des acteurs de la formation en entreprise

Par - Le 16 novembre 2013.

“Les responsables formation attendent
de la réforme amorcée de la lisibilité. Nous
sommes aujourd'hui, dans un monde de
communication événementielle. On « tease »
l'information autour de la formation, en
annonçant de nombreuses réformes (la territorialisation,
le CPF, le 0,9 %, etc.), sans que
personne n'en connaisse les modalités de
mise en oeuvre ! Dans les entreprises, cela
pose plus de questions que de réponses",
souligne Stéphane Diebold, président du Garf
(Groupement des acteurs et responsables de
formation).

“La formation, une affaire
de spécialistes"


“Légalistes", que ce soit par inclination ou
par obligation, les responsables de formation,
en tant que chargés de la mise en oeuvre des
grandes orientations de la formation au sein
des entreprises, ont tout de même “besoin
de comprendre le système pour le traduire".
Cette demande de lisibilité est bien sûr partagée
par les chefs de petites entreprises.
“Réforme après réforme, la formation professionnelle
reste une affaire de spécialistes.
Il faut avoir de vastes connaissances pour
comprendre notre système, avec ses strates
de dispositifs et son jargon. Comme si la formation
était trop sérieuse pour n'être à la portée
que d'une poignée d'initiés !", s'agace ce
chef de société d'informatique bordelais, qui
emploie une trentaine d'ingénieurs. Pour les
besoins de la formation de ses collaborateurs,
il recourt à son Opca, le Fafiec. Et confesse :
“Pour ne pas paraître idiot quand le conseiller
formation m'explique ce qu'il faut faire, j'ai
été obligé de suivre une formation de deux
jours à Paris sur la réforme de la formation
professionnelle en cours..." Malgré son implication,
le jeune patron avoue “n'avoir pas bien
compris notre système. La réforme devra simplifier
le système pour que nous, les béotiens,
puissions nous en servir".

Jean-Luc Devrouete, délégué national “TPEDif-
demandeurs d'emploi" au sein de l'Opca
Forco, qui centralise l'assistance et le conseil
aux petites entreprises, confirme cette attente.
“Nombreux sont les chefs d'entreprise
ou responsables de la mise en oeuvre de la
formation au sein des entreprises qui jugent
notre système très complexe, avec une tuyauterie
compliquée à suivre. Une infime partie
d'entre eux savent faire la distinction entre le
Dif, le Cif, le contrat, la période de profession
nalisation, le plan de formation, la POE collective
ou individuelle, les contrats d'avenir ou de
génération, le contrat d'apprentissage ou l'alternance,
etc. Il leur est également difficile de
comprendre les différents taux de contribution
(0,9 %…), etc." Selon Jean-Luc Devrouete,
les entreprises, “surtout les petites attendent
donc une simplification du langage : qu'il soit
court et précis. Elles attendent également
que la réforme leur offre des outils simples
et compréhensibles. Elles souhaitent réduire
l'assistance des conseillers pour comprendre
par elles-mêmes le système de formation et
sa mise en oeuvre".

Besoin de savoir “qui" va payer

Ainsi, si la fusion entre le Dif et le Cif est perçue
par nombre d'observateurs comme une
des simplifications souhaitée, les chefs de petites
entreprises ne semblent pas très enthousiastes.
“Socialement, le compte personnel
formation (CPF) est intéressant. Mais il n'est
pas sûr que cela change leur vision", précise
le délégué du Forco. Pour Stéphane Diebold,
le CPF est “un choix politique et cohérent
dans la continuité des différentes réformes.
Cependant, les responsables de formation
souhaitent que les modes opératoires de ce
dispositif soient clairement posés afin de leur
faciliter sa mise en oeuvre au sein de leurs
entreprises". Cela est d'autant important que
“souvent, les décrets d'application ne
correspondent
pas à ce qui était annoncé !" Le
président du Garf insiste : “Le responsable
de formation veut être rassuré. Il a besoin de
savoir, concernant le CPF par exemple, qui va
payer (pas pourquoi), à qui envoyer les documents
liés à ce dispositif, qui induit une autre
logique que celles actuelles du Cif et du Dif."
Il aurait bien aimé que l'ensemble des acteurs
(politiques, partenaires sociaux, professionnels,
experts, etc.) se retrouvent autour de la
table pour “réfléchir à la direction à donner à
la formation afin que celle-ci redevienne un
outil efficace au sein de l'entrepris".