Centre Inffo et tout l'écosystème de la formation endeuillés par la mort de Jean-Marie Luttringer

C'est au Centre national d'information pour la productivité des entreprises (Cnipe, ancêtre de Centre Inffo) que Jean-Marie Luttringer a fait ses premières armes dans le droit de la formation. À Strasbourg où il formait des syndicalistes à l'Institut du Travail de la Faculté de droit (1965-1971), il a répondu à une annonce du Cnipe publiée dans Le Monde qui cherchait un juriste en droit du travail pour promouvoir la loi Delors du 16 juillet 1971. « J'ai répondu par curiosité et avec l'idée d'exercer cette activité pendant trois ans. De fil en aiguille, j'y suis resté », se remémorait-il dans les colonnes  de notre magazine Inffo formation en 2016 ^{[ 1 ]}« Jean-Marie Luttringer, le droit au service de l'émancipation », Inffo formation, Philippe Grandin, mai 2026. . Il restera au Cnipe puis à Centre Inffo jusqu'en 1984, en tant que directeur du service juridique.

Un vrai travail de vulgarisation juridique

Rédacteur du premier numéro d'Actualité de la formation permanente de Centre Inffo et à l'origine de l'un de ses produits phares les Fiches pratiques de la formation continue, Jean-Marie Luttringer a mené un vrai travail de vulgarisation juridique. Ce qu'il voulait, c'était « donner les clés de lecture aux professionnels de la formation qui ne sont pas juristes alors même que le droit s'impose à eux », nous disait-il. Ce qui l'intéressait, c'était le rapport entre le droit et l'activité de formation. Cela ne l'a pas empêché de mener dans le même temps des travaux approfondis sur le droit émergent de la formation professionnelle dans son rapport avec le droit du travail, le dialogue social, la négociation collective et la gestion paritaire. Pour lui, l'intérêt de Centre Inffo était de mettre en synergie tous les acteurs du système et « de l'huile dans les rouages d'une approche systémique de la formation ».

Les enjeux européens n'étaient pas absents de son approche. Il a d'ailleurs été à l'origine de la création du Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop) en 1975.

Du Cnipe à la Caisse des dépôts…

Jean-Marie Luttringer décrit ces années à Centre Inffo comme « fondatrices ». Elles l'ont conduit à la tête de la direction emploi-formation de la Caisse des dépôts et consignations à partir de 1984 et jusqu'en 1992. Tout au long de ces années, il a gardé le plaisir d'enseigner et dirigé, de 1990 à 2000, le DESS (diplôme d'études supérieures spécialisées) de droit social-gestion des ressources humaines (RH) de l'Université Paris X-Nanterre qui a formé de nombreux juristes de Centre Inffo et des professionnels qui restent encore marqués par son enseignement. Comme nous le confiait Michèle Boumendil, fondatrice du cabinet Boumendil & Consultants : « Nous sommes tous des enfants de Jean-Marie Luttringer ! »

… jusqu'à Circé puis JML Conseil

Toute cette expertise accumulée lui a ensuite permis de créer en 1994 le cabinet « Circé, droit et politique de formation » qu'il cèdera en 2006 au groupe Amnyos, avant de poursuivre jusqu'à sa mort, une activité de conseil, d'études et de publication de chroniques d'actualité (JML Conseil). « La retraite ne trouva jamais chez lui aucune traduction concrète. Il continuait simplement sur le chemin qui avait toujours fait sens pour lui », écrit son ami Jean-Pierre Willems dans un hommage publié par News Tank.

Centre Inffo présente ses condoléances à la famille et aux proches de Jean-Marie Luttringer.

Portrait de Jean-Marie Luttringer dans le n°900 de l'Inffo Formation

Lire la dernière chronique de Jean-Marie Luttringer, consacrée au concept d'investissement formation.

Dans un article à paraître prochainement, nous partagerons les témoignages de professionnels qui ont travaillé avec Jean-Marie Luttringer.