Pascale

Gérard

Les élus du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, rassemblés en séance plénière le 17 avril dernier, ont voté la création d'un “fonds régional de formation de résistance à la crise". Intitulé Iris (Intervention régionale pour l'investissement social), ce dispositif financera les programmes permettant d'accompagner les acteurs de la vie économique et sociale mobilisés pour renforcer les compétences des salariés touchés par la crise.

Par - Le 22 mai 2009.

Inffo Flash - La Région Provence-Alpes-Côte d'Azur vient de créer un fonds régional de formation de résistance à la crise. Est-ce un complément du fonds de sécurisation des parcours professionnels voulu par l'État ?

Pascale Gérard - Ce n'est pas un complément, dans la mesure où le fonds de sécurisation des parcours professionnels n'est pas encore opérationnel. Tel qu'il est présenté, nous ne savons pas a priori comment le Fonds d'investissement social (Fiso) sera capable de cofinancer les initiatives de territoire.

Nous sommes, en Paca, extrêmement préoccupés par les conséquences de la crise. Nous avons enregistré une hausse sans précédent de 4,3 % du chômage au mois de janvier 2009. Le Conseil régional a adopté un budget structurel de 650 millions d'euros afin de recentrer son action autour d'axes forts en matière d'emploi, de formation, de développement économique et d'aménagement du territoire.

Pour autant, nous avons choisi de faire un effort supplémentaire et de mettre en place des outils d'innovation sociale pour de bon, en créant un fonds d'urgence dédié à la formation professionnelle, afin de prendre en compte les personnes les plus fragilisées qui, notamment, passent à travers les “mailles" des interventions déjà existantes et ce, quel que soit leur statut. C'est un fonds de crise, donc conjoncturel, qui serait un “pot commun" constitué d'une partie des financements des partenaires sociaux et d'une partie de ceux de la Région pour construire un dispositif très souple et très réactif. Il permettra de répondre à des projets de territoire venant de personnes individuelles, d'entreprises, d'unions syndicales départementales, etc. Pendant cette période de crise et de réduction d'activités, les entreprises comme les salariés doivent mettre à profit leur disponibilité pour investir dans la qualification. C'est une condition de la reprise.

Nous expérimentons donc ainsi ce que peut être un dispositif de sécurisation des parcours professionnels.

Le fonds Iris est doté de 10 millions d'euros, dont la moitié financée par la Région. Les cinq autres millions d'euros sont apportés par les partenaires sociaux de la région, toutes branches confondues, dont les Opca, pour 3 millions d'euros, et par le Fonds social européen (FSE) et les autres collectivités pour 2 millions d'euros.

IF - Concrètement, quelles seront les actions concernées par ce fonds ?

P. G. - Toutes les actions sont concernées par le fonds Iris. Il s'agit, par exemple, de favoriser le maintien dans l'emploi, la transition ou la reconversion professionnelles des salariés des entreprises en difficulté. Ce sont prioritairement les salariés de bas niveau de qualification (qui ne maîtrisent pas les savoirs de base), y compris en contrats aidés, qui ne disposent d'aucun droit à la formation, ou de droits très limités. Nous pensons aux salariés en fin de CDD, en chômage partiel, ayant moins de deux ans d'activité dans l'entreprise, ne disposant pas d'assez de droits ouverts pour bénéficier des dispositifs existants.

Le fonds Iris servira à soutenir des actions de formation collectives qualifiantes et professionnalisantes ou des projets individuels d'entreprises de moins de 250 salariés ayant besoin d'approfondir leur plan de formation pour engager des restructurations dynamiques afin de maintenir leurs emplois. Il pourra également intervenir dans le cadre d'actions de préparation opérationnelle à l'emploi (POE), qui ont été créées par l'Ani du 7 janvier 2009 à destination des jeunes et demandeurs d'emploi qualifiés, connaissant des difficultés d'insertion ou de réinsertion professionnelle. Ainsi, le demandeur d'emploi susceptible d'occuper un emploi correspondant à une offre identifiée pourra bénéficier d'une action de formation ne pouvant excéder 400 heures, afin d'acquérir un socle de compétences professionnelles lui permettant d'occuper ce poste.

Le dispositif accompagnera également la mise en œuvre du contrat de transition professionnelle (CTP) dans les zones de Toulon et de l'étang de Berre.

Très concrètement, il s'agit pour nous de construire les réponses à partir des demandes exprimées sur le site – www.iris-crise-region-paca.org – mis en place à cet effet.

IF - Quelle est la répartition des rôles entre l'ensemble des partenaires de cette initiative ?

P. G. - Le dispositif Iris sera copiloté par la Région avec Opcalia et Agefos-PME, les deux Opca interprofessionnels, partenaires de la Région. Le fonds de sécurisation des parcours professionnels prendra en harge les coûts pédagogiques, une partie des rémunérations des salariés en formation, la coordination, l'évaluation, le suivi et la reconnaissance des nouvelles compétences. Certains projets sont déjà en cours d'examen.

Le fonds est donc doté de 10 millions d'euros pour les douze mois qui viennent. Nous avons la volonté d'aller au-delà de ce contexte conjoncturel. Ainsi, nous avons sollicité le groupe Alpha pour nous accompagner dans la mise en place, sur le modèle d'Iris, de fonds pérennes spécifiques aux différents secteurs d'activités de notre région. Il ne s'agit pas de mélanger ou de mettre en commun l'ensemble de nos financements. Chacun conservera ses compétences (salariés, employeurs, etc.). Mais de mutualiser une partie de ces financements visant un objectif commun : mesures de Pôle emploi, programmes européens, fonds mobilisés par les Opca, dispositifs nationaux, régionaux et territoriaux. Nous entendons tout simplement mettre ensemble nos efforts afin d'aider les personnes qui ne trouveraient pas de réponses à leurs besoins dans aucun dispositif existant.

Par ailleurs, nous allons créer en Paca un fonds régional expérimental de sécurisation des parcours professionnels qui sera piloté par la Région et les partenaires sociaux régionaux, en concertation avec l'État et les opérateurs de formation. Celui-ci sera adopté par le Conseil régional en octobre prochain.

Propos recueillis par Knock Billy