Jean-François

Cousin

Par - Le 10 décembre 2008.

“Le rôle du chef de projet est déterminant dans le déroulement du CTP"

Le président de la République s'est déplacé le 25 novembre à Valenciennes, l'un des bassins d'emploi qui a expérimenté depuis avril 2006 le CTP. L'occasion de faire le point avec Jean-François Cousin, directeur interrégional de l'Agefos-PME du Nord-Pas-de-Calais, financeur des actions de formation des bénéficiaires des sites de Valenciennes.

Inffo Flash - Comment avez-vous travaillé à la mise en œuvre du CTP sur le bassin d'emploi de Valenciennes ?

Jean-François Cousin - Le bassin de Valenciennes compte actuellement 260 contrats de transition professionnelle financés par l'Agefos-PME, ce qui représente 53 % des CTP. Nous avons nommé un chef de projet pour accompagner cette expérimentation. Le challenge était complexe car il a fallu mixer deux univers : celui de l'insertion et celui de l'économie.

Chaque action de formation est le fruit d'une individualisation de l'accompagnement, et les projets étant complexes, nous avons dû faire “dans la dentelle" ! L'Agefos a choisi d'utiliser la professionnalisation pour financer ces actions de formation, et a joué le rôle de moteur en matière d'accompagnement. Nous avons dû également nous impliquer dans les domaines de l'emploi, de la réinsertion, voire de la reconversion, ce qui s'est révélé être une opération extrêmement positive. Valenciennes connaît les meilleurs résultats : 70 % de placement en l'espace de six mois à la fin du CTP. Au 31 octobre 2008, on comptait 350 sorties durables nettes, parmi lesquelles 216 en CDI.

IF - Quels types d'actions de formation avez-vous financées ?

J.-F. C. - Nous comptons beaucoup de certificats d'aptitude à la conduite en sécurité (Cases) sur des cycles courts avec une insertion rapide. Les formations les plus longues portent sur les métiers de couvreur, chauffeur routier ou magasinier, entre autres. Les stages ont une durée comprise entre 40 heures, pour le plus court, et 800 heures pour le plus long (à l'issue duquel le bénéficiaire du CTP a obtenu un diplôme).

IF - Vous êtes-vous heurtés à certaines difficultés avec les bénéficiaires ?

J.-F. C. - Le CTP compte deux volets importants : une part technique relative à l'apport des connaissances, mais aussi une part “comportementale", qui constitue le “plus" du CTP, à savoir apprendre à réapprendre à ces salariés en difficulté.
Pour beaucoup, être licencié au bout de trente ans de travail dans l'entreprise, en ayant un petit bagage scolaire, a été un vrai choc. Certains avaient perdu confiance en eux, tournaient en rond. Il a donc fallu travailler sur l'accompagnement pour les remettre en confiance, les persuader qu'ils pouvaient réapprendre. Nous avons même travaillé sur la communication, le look, la relation avec l'entreprise.
Et puis certains étaient méfiants par rapport au dispositif, considérant qu'il ne s'agissait que d'“un de plus". Le rôle du chef de projet a été déterminant, puisqu'en prenant en charge trente personnes, il a pu individualiser l'accompagnement.

IF - Ces personnes sont-elles suivies après leur sortie du CTP ?

J.-F. C. - Une fois entrées dans le dispositif, beaucoup y ont vu une opportunité, une deuxième chance. Certaines ont échoué, mais, comme l'a dit Nicolas Sarkozy le 25 novembre, “ce qui est coûteux, c'est le désespoir des gens". Il y a effectivement un suivi des personnes qui sont sorties du contrat tant que leur situation n'a pas changé. Notre idée est la sécurisation des parcours, nous considérons que le CTP est un ciment, une plateforme, un lien entre le salarié en situation de travail et le moment où il devient un autre salarié, avec un autre métier, une autre entreprise. Cependant, il ne faut pas oublier que c'est un investissement partagé. Un certain volontarisme est nécessaire.

Propos recueillis par Sandrine Guédon