Afpa : le plan de refondation ambitionne de repositionner l'offre de formation et d'optimiser le maillage régional

À l'occasion du conseil d'orientation de l'Afpa tenu le 19 septembre, puis du conseil d'administration le 24, Yves Barou, président de l'Association pour la formation professionnelle des adultes, a présenté les grandes lignes du plan de refondation devant permettre à l'Afpa de redresser le cap d'une situation financière difficile.

Par - Le 01 octobre 2012.

Depuis la tenue du conseil d'orientation de l'Afpa du 19 septembre et la présentation du plan de refondation, plusieurs scénarios et hypothèses avaient été échafaudées quant à la stratégie imaginée par le président du conseil d'administration et son équipe pour sortir l'association de l'ornière financière dans laquelle elle se trouve. Le suspense aura été de courte durée, puisque le 24 septembre, le nouveau président a très officiellement présenté les grandes orientations de ce plan. Lequel passe par une nécessaire recapitalisation de l'Afpa, une restructuration territoriale, mais aussi un abandon des activités d'hébergement et de restauration traditionnellement dévolues à l'Association au profit d'un recentrage sur son activité d'ingénieur et de dispensateur de formation.
Révolue, l'époque du “tout-subventions". Mais terminée aussi, celle du “marché sauvage". Le modèle de fonctionnement de l'Afpa se veut, dès à présent, relever du “marché régulé". Une condition indispensable, aux yeux de son président, à cet organisme “fort de sa condition de serviteur de l'intérêt général". Mais si les missions de l'Afpa relèvent toujours du service public, le modèle économique qui prévaut désormais l'oblige à se placer sur le marché concurrentiel. Or, en l'absence de subventions publiques, l'association (qui facture désormais ses prestations aux Régions) ne peut faire l'impasse sur une recapitalisation visant à la doter de fonds propres. Des besoins financiers qu'Yves Barou chiffre à près de 200 millions d'euros, alors que l'Afpa terminera l'exercice 2012 déficitaire de quasiment 75 millions.

Refondation autour de l'offre et de l'ingénierie

Une situation qui pousse la présidence nouvellement nommée (laquelle se verra rejointe par un nouveau directeur général début octobre) à “redoper" l'Afpa sur ses points forts, en limitant au maximum la casse sociale, via, notamment, l'arrêt du recours aux CDD et le choix stratégique de favoriser des emplois durables. “Les 4 500 formateurs de l'Afpa constituent des professionnels exceptionnels, disposant d'un savoir-faire et d'une capacité de dialogue avec les stagiaires qui s'accorde mal avec des contrats précaires", a tranché Yves Barou qui ambitionne un “retour à l'équilibre budgétaire en 2015 et une situation d'excédent en 2016 !"

Un redressement financier qu'il compte assurer en développant l'activité de l'Afpa autour de partenariats avec les Conseils régionaux, d'accompagnement des salariés dont l'emploi serait supprimé ou menacé, d'accroissement des relations avec les entreprises, mais aussi le développement d'activités de conseils (transitions professionnelles, GPEC, etc.) À cet égard, l'association s'est donnée pour objectif à très court terme de remettre sur les rails son bureau d'étude en ingénierie de la formation, une instance qui “s'était étiolée" et qui pourrait être mobilisée vers la création de formations industrielles. Et si, dans un avenir proche, l'Afpa ambitionne de devenir l'opérateur de référence sur ces créneaux que sont la formation des demandeurs d'emploi et la reconversion des salariés touchés par un PSE, elle a également émis des propositions “pour constituer l'un des acteurs majeurs de la formation des emplois d'avenir et des contrats de génération".

“Rationalisation" des centres Afpa

Néanmoins, le redressement de l'Afpa ne pourra faire l'économie de coupes claires dans les budgets de l'association. En ligne de mire, particulièrement, les services d'hébergement et de restauration, dont l'Afpa devra se séparer. Yves Barou tempère toutefois : “Il ne sera pas question d'externaliser ces services, mais de développer des partenariats avec des acteurs du logement social – tels les offices régionaux ou Adoma – pour qu'ils prennent en main les questions d'hébergement des stagiaires." Quant à l'hypothèse d'une vente du patrimoine de l'Afpa, elle n'est pas à l'ordre du jour, puisque l'État demeure propriétaire des bâtiments gérés par l'association.

Quant aux 216 centres de formation répartis sur tout le territoire national, ils pourront, à l'avenir, se voir “rationalisés" selon des plans de regroupements territoriaux collant aux mieux aux réalités locales. Et concernant les stagiaires ne pouvant venir à l'Afpa, l'Afpa pourrait bien venir à eux, puisque Yves Barou prévoit le déploiement de formateurs itinérants, susceptibles, comme aux débuts de l'association dans l'immédiat après-guerre, de partir à la rencontre de leurs stagiaires.

Le dossier économique rendu public mi-novembre

Avant tout, Yves Barou souhaite éviter les “deux scénarios mortels" qui pourraient sonner le glas de l'Afpa. “Une solution à la grecque qui verrait les budgets réduits de 10 % chaque année jusqu'à disparition de l'association et le découpage de l'Afpa qui, à terme, l'empêcherait de répondre à sa mission nationale." Actuellement, le business-plan de recapitalisation est, aux dires d'Yves Barou, “achevé aux trois-quarts". Un plan conçu “selon les normes existantes dans les entreprises" et destiné à convaincre le pool bancaire de contribuer à l'effort de redressement de l'Afpa, alors que Dexia n'y a toujours pas été remplacé. En l'état, le dossier économique de l'association se verra finalisé d'ici octobre et rendu public à la mi-novembre.