« H » comme Histoire

Non, la VAE n'est pas née en 2002, encore moins en 2022, comme certains commentateurs, mal informés, le laissent parfois penser ! Faire un peu d'Histoire permet de mesurer que la réflexion sur la reconnaissance d'une expérience et sa traduction en diplôme remonte au siècle dernier. Rapide voyage dans le temps.

C'est en effet en 1934 que la France inaugure l'Histoire de la (future) VAE. Le contexte est alors à la stabilité dans une entreprise, où le salarié effectue bien souvent tout son parcours professionnel. Entrés ouvriers ou agents de maîtrise, quelques-uns connaissent une promotion interne qui les conduit à des postes d'encadrement : difficile toutefois de soutenir en France, « pays du diplôme », la comparaison avec des ingénieurs frais moulus des grandes écoles, quand on n'a pas ce précieux sésame ! C'est la raison pour laquelle l'État crée le titre d'ingénieur diplômé par l'État (ou ingénieur DPE) qui crédibilise le parcours de ces candidats autodidactes. 5 années d'expérience sont toutefois requises dans une fonction habituellement confiée à un ingénieur, pour un candidat minimalement âgé de 25 ans. Le principe de la prise en compte de l'expérience est donc né.

🎯 Quelques décrets et décennies plus tard, la suite de l'aventure nous conduit directement en 1985 avec l'avènement de la Validation des Acquis Professionnels et Personnels, également appelée « VAP 85 » ou « VAP avec 2P » : l'objectif n'est pas encore de généraliser une seconde voie d'accès au diplôme, mais de dispenser d'un niveau de certification, théoriquement requis, pour entrer et suivre une formation autrement inaccessible. Un nouveau palier est franchi en 1992, la loi du 20 juillet instaurant une sorte de « VAE partielle » avant l'heure : cantonnée aux diplômes de l'Enseignement Supérieur, ce texte permet au candidat d'être dispensé des épreuves relevant d'une partie des attendus du diplôme, moyennant justification de son expérience.

🔎 Suite logique de cet enchaînement de textes : la loi du 17 janvier 2002 consacre définitivement la possibilité d'obtenir un diplôme ou un titre professionnel en relation directe avec son domaine d'activité professionnelle, pour un candidat disposant d'une expérience égale à 3 ans. C'est est définitivement fini de la fatalité selon laquelle le défaut d'acquisition de diplôme à l'issue de la formation initiale équivalait à une quasi-condamnation à ne jamais en avoir !

Le rédacteur du texte, le regretté Vincent Merle, fait alors preuve d'un grand pragmatisme, posant aussi la conviction forte que le candidat ne peut valider que les compétences dont il dispose. Il ouvre ainsi la voie à la « VAE partielle », singularité du dispositif parfois critiqué, à tort.

📍D'autres textes suivront, notamment celui de 2016, participant de la loi Travail dite « El Khomry », qui réduira la durée d'expérience requise pour passer une VAE à un an. Objectif ? Que la VAE puisse aussi contribuer à une politique d'insertion professionnelle.

Cette réduction du temps d'expérience demandé trouve son aboutissement logique dans la loi du 21 décembre 2022 qui abroge définitivement tout condition de temps pour préparer une VAE : au terme de ce cheminement séculaire, c'est avec ce texte l'aboutissement d'une logique qui instaure la notion de « compétence réellement détenue » comme clef de voute d'un parcours de VAE. Le législateur reconnait ainsi et corollairement la valeur de l'accompagnement en consacrant l'avènement d'un nouveau rôle : celui de l'Architecte Accompagnateur de Parcours (AAP).