Conclusion de la COP 28 à Dubaï, le 13 décembre 2023.

Quels effets de la transition écologique sur la formation ?

Quels seront les effets de la transition écologique sur l'emploi et la formation ? Les acteurs, mais aussi les pouvoirs publics sont-ils prêts et coordonnés pour agir ? Mercredi 13 décembre, à l'heure où la COP 28 adoptait une résolution prônant la « transition » vers une sortie des énergies fossiles, l'Association des journalistes de l'information sociale abordait les impacts de la transition énergie/climat sur les emplois en France, avec le Shift Project.

Par - Le 14 décembre 2023.

Les rapports se suivent et se contredisent : les estimations du nombre d'emplois créés par la décarbonation de l'économie vont ainsi de + 300 000 à + 900 000 à l'horizon 2050, selon les auteurs et les stratégies bas carbone prises en compte. Mais une chose est sûre : il va falloir former, adapter les compétences aux nouvelles donnes, parfois règlementations. Sur ce sujet, les rapports convergent, nous disent les bénévoles dits Shifters, un réseau de 25 000 personnes qui soutiennent et diffusent les travaux du Shift Project.

« Pour une transition juste, pour que l'emploi soit un levier à la transition écologique, il faut accompagner ces transformations à la hauteur des enjeux et à grande échelle », dit Noëmie Martin-Pascual, co-fondatrice de l'organisme de formation Bloomr Impulse et bénévole Shifters. Elle a présenté une « méthodologie de la transformation de l'emploi pour une transition écologique » destinée aux pouvoirs publics, acteurs sociaux et économiques.

Un enjeu de coordination

Car si les dispositifs pouvant accompagner les reconversions sont multiples (« CV de site », CEP, CPF de transition, CSP, TransCo…), ils ne prennent pas suffisamment en compte les enjeux socio-écologiques, estime-t-elle, et restent dans des visions court-termistes et adéquationnistes. Intervenant trop tard, rarement en anticipation, ils sont mus par des acteurs cloisonnés, sans vraie stratégie de coordination.

Son rapport insiste donc sur le renforcement de l'articulation entre dimension collective et individuelle des transitions, tout en donnant des outils pour donner de la visibilité aux transformations, mais aussi de l'attractivité à certains de ces métiers, utiles mais pas toujours glamour : « l'agroécologie signifie plus de bras, moins de tracteurs ». Pour penser des dispositifs répondant aux enjeux des territoires et mieux les articuler, elle suggère des parcours mieux coordonnés entre tous les acteurs.

Noëmie Martin-Pascual a récemment participé à une table ronde sur ces enjeux à Lyon. Elle constate un niveau d'acculturation sur ces enjeux très variables, avec des secteurs en pointe car directement concernés (énergies) et/ou soutenus par les politiques publiques (la rénovation énergétique). Et surtout, des informations trop diffuses : « Il y a un manque d'outils et d'informations concrètes pour les personnes qui accompagnent. Par ailleurs, l'adaptation des compétences et la formation sont influencées par la réglementation, comme l'ont montré les travaux récents du Céreq. Il y a un grand besoin d'outils communs pour accompagner ces transitions. »

Le Shift Projet a organisé le 19 novembre dernier une table ronde avec les syndicats où ces questions ont été évoquées. Vinciane Martin, chargée de programme Emploi & Formation au Shift Project annonce qu'un travail sera mené prochainement sur l'appropriation par le secteur de la formation continue de la transition.