Individualiser la formation, promesse de l'IA (Learning technologies)

Comme tout le monde, celui de la formation s'interroge sur l'usage de l'intelligence artificielle (IA). D'une conférence organisée lors du salon Learning technologies, il ressort que l'IA permettra de personnaliser les formations. En théorie.

Par - Le 30 janvier 2024.

Comment utiliser l'intelligence artificielle (IA) pour créer des ressources de formation et accroître l'engagement des apprenants ? Au salon Learning technologies qui se tenait les 24 et 25 janvier à Paris, une table ronde était organisée sur « l'intelligence artificielle vue par les grandes entreprises ». L'intérêt de cet outil est présenté partout et pour tout comme une évidence. Mais l'IA est démocratisée depuis seulement un an et l'ouverture de chatGPT au grand public. Aussi, actuellement, « personne n'est mature, les grandes entreprises ne savent pas ce qu'elles veulent, il faut définir des cas d'usage », estime Romain Lasnier, responsable marketing de la plateforme de cours en ligne Coursera.

Peu de cas pratiques

S'il n'y a pas beaucoup de d'entreprises qui utilisent effectivement l'IA pour faire de la formation (une seule conférence lors du salon : celle de la CCI de Nantes), le sujet suscite en revanche une abondante prospective (une vingtaine de conférences). Les spécialistes de cette discipline sont d'accord : la valeur ajoutée de l'IA consistera à personnaliser la formation, à l'adapter à chaque salarié. « L'IA permet de trouver des informations parmi un grand nombre de données à l'intérieur d'un système complexe et de les rendre accessibles de manière personnalisée via, par exemple, un chatbot ou un avatar », explique Frédéric Kuntzmann, co-fondateur et dirigeant de My serious game. Selon le niveau de départ de l'apprenant, « l'IA saura s'il faut le former 10 minutes ou une heure », anticipe Artem Ismailov, responsable talents & expérience employés du groupe Seb.

Intéresser les salariés

L'intérêt de cette personnalisation fine n'est pas qu'économique. Pour Romain Lasnier, comprendre le niveau d'un apprenant et adapter sa formation en conséquence « va intéresser les salariés qui pensent qu'une formation ne leur est pas utile ou qu'ils n'ont pas le temps ».

Mais comment connaître le niveau de connaissance d'un apprenant sur un sujet ? Classiquement, le formateur lui fait remplir un questionnaire d'évaluation. Avec l'IA, « l'interaction de l'apprenant avec le contenu permet d'adapter le contenu », résume Stéphanie Fresson, responsable de la formation des clients de Google cloud. De la manière dont l'apprenant se comporte face à un sujet, des erreurs qu'il commet ou des questions qu'il pose, l'IA pourrait donc déduire son niveau de connaissance du sujet et proposer la formation adaptée.

L'écueil de la boîte noire

Mais les salariés accepteront-ils de travailler avec des outils aussi intrusifs ? De surcroît avec un délai d'acculturation très court. « C'est la question que se pose les entreprises », admet Frédéric Kuntzmann. Pour lui, la confiance des salariés passe par la protection de leurs données. Artem Ismailov estime quant à lui qu'« il n'y a rien de pire que de faire de l'IA une black box (boîte noire) » si l'on veut convaincre les salariés de se lancer. Aussi, « avant de confier une formation à l'IA, il faut d'abord analyser soi-même les données », conseille-t-il aux concepteurs de formations. Autrement dit : démystifier l'intelligence artificielle pour se l'approprier.