Bertrand Martinot (Siaci Saint-Honoré), Sylvie Cohendet (Learn Assembly), Yann Wehrling (minsitère de l’Europe et des Affaires étrangères) et Paméla Veslot (Starbucks Coffee France).

Construire des organisations apprenantes suppose de bouleverser les habitudes

Avec la robotisation et l'intelligence artificielle, de nouveaux besoins en compétences émergent. Les employeurs repensent leur approche en matière de formation. Tour d'horizon des mouvements à l'occasion d'une table-ronde organisée le 3 octobre dans le cadre du Festival des compétences de la FFP.

Par - Le 07 octobre 2019.

La révolution digitale n'a pas seulement pour conséquences de créer de nouveaux métiers ou de menacer des emplois. La robotisation et l'automatisation des tâches font émerger un besoin croissant en softskills [ 1 ]Compétences comportementales, selon l'Institut Sapiens. Adaptabilité, flexibilité, empathie, capacité à travail en équipe et à apprendre… : autant de compétences recherchées par les employeurs.

 

Et dans un contexte de transformations permanentes, la formation doit désormais s'envisager différemment. « La compétence n'a de réalité que parce qu'elle existe dans une situation donnée. À l'avenir, il va falloir davantage s'intéresser aux processus d'apprentissage en situation de travail. C'est la clé d'entrée pour repenser la formation », observe Sophie Cohendet cofondatrice de la société Learning Assembly.

Implication des salariés et des managers

Construire une organisation apprenante ne  s'improvise pas. Cela suppose selon Bertrand Martinot, directeur du conseil en formation et développement des compétences de Siaci Saint-Honoré, de mettre en place une cartographie des compétences et de leur évolution, « afin de donner de la visibilité aux salariés sur les possibilités de passerelles et d'évolution ». L'implication des managers est également indispensable, à tous les niveaux. Ils ont, selon Bertrand Martinot, un rôle essentiel à jouer en termes « de veille, de maintien de l'employabilité et d'orientation des salariés ». Autre ingrédient incontournable : l'engagement et la responsabilisation des salariés. Enfin, les modalités de formation doivent être « adaptées aux  compétences visées, aux personnes concernées », et leurs contenus « enrichis par des experts de l'entreprise. »

Ouverture d'esprit

Dans ce modèle d'organisation apprenante, « le temps est un facteur essentiel, souligne Sophie Cohendet, déployer des solutions de formation informelles suppose de la réflexion en amont ». Ce nouveau contexte bouscule les habitudes. Contribuer à acquérir sans cesse de nouvelles compétences et développer la capacité d'apprendre à apprendre suppose de « sortir des cadres établis, de faire sorte que les équipes puissent oser et s'engager », estime Paméla Veslot, responsable formation et développement des compétences chez Starbucks Coffee France. L'ouverture d'esprit des managers est essentielle selon elle. Il faut donner aux salariés la possibilité de « s'essayer à de nouveaux métiers » et les aider ainsi à franchir le pas. Dans ce nouveau contexte, les prestataires de formation devront faire preuve d'innovation, de capacité d'adaptation pour accompagner les changements.

 

Rassembler tous les acteurs des compétences

La première édition de Skill Fest organisée par la Fédération de la formation professionnelle (FFP) a rassemblé plus de 250 participants les 3 et 4 octobre, sur le site d'une ancienne distillerie de Malakoff.

En lançant ce « festival des compétences », la fédération, dont l'adhésion n'est plus réservée aux seuls organismes de formation, entend rassembler tous les acteurs du développement des compétences : entreprises de formation, écoles, CFA d'entreprises ou d'organismes de formation, consultants RH, éditeurs de solutions numériques, certificateurs…

Objectif : « apprendre à travailler ensemble pour répondre aux enjeux auxquels font face nos organisations », indique Pierre Courbebaisse, président de la FFP. Compétences du 21è siècle, innovations pédagogiques, nouveaux modèles économiques des acteurs de la formation ont été les thèmes explorés au cours de ces trois demi-journées ponctuées de tables-rondes, de témoignages et d'ateliers.

En cette période de réforme, la FFP entend fournir aux acteurs des compétences de nouveaux outils et services et contribuer ainsi, selon le président de la FFP, à « redessiner le périmètre de nos métiers et l'identité de notre filière ».

Notes   [ + ]

1. Compétences comportementales