Lucie Gautier, le spectacle en apprentissage
À 24 ans, Lucie Gautier achève une formation de technicienne plateau. Une belle expérience d'apprentissage qui s'est terminée au théâtre des Folies Bergère (voir notre article).
Par Nicolas Deguerry - Le 01 octobre 2009.
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Pour Lucie Gautier, la sociologie aura moins été un sport de combat qu'une école de réflexion. “Après mon bac économique et social, je ne savais pas trop quoi faire, explique-t-elle. J'avais envie de faire quelque chose qui se rapporte au décor, mais ni les Arts-Déco ni les Beaux-Arts ne me tentaient ; je me suis inscrite en sociologie à l'Université de Limoges. Parce que ça m'intéressait et que je me suis dit que ça me laisserait le temps d'affiner mon projet."
Ni l'intérêt ni le besoin de réflexion n'étaient feints, puisque c'est seulement parvenue en master que Lucie Gautier abandonne l'étude des relations sociales humaines pour se consacrer entièrement à sa passion première. À ce sentiment, Lucie Gautier ajoute l'expérience, indispensable pour accéder aux métiers du spectacle. “Le théâtre, j'ai commencé dès l'époque du collège, poursuivi au lycée et à l'université". D'abord au sein d'ateliers scolaires et associatifs, puis au sein des Vilains poux, une troupe de théâtre de rue qu'elle rejoint en 2005, date à laquelle elle s'inscrit au Conservatoire d'art dramatique de Limoges, parallèlement à ses études de sociologie. “Intégrer le Conservatoire, c'était un peu comme intégrer un petit théâtre, ça m'a permis de mieux percevoir les différentes facettes du métier et de confirmer mon intérêt pour le décor."
Désormais sûre de son choix, la voici prête à se professionnaliser. Ce sera l'apprentissage, filière “Régisseur de spectacle option plateau" au CFA du spectacle vivant et de l'audiovisuel de Bagnolet. Commence alors deux ans d'alternance entre Paris, au théâtre du Rond-Point dirigé par Jean-Michel Ribes, et Cherbourg, où la promotion 9 du CFA de Bagnolet a exceptionnellement été délocalisée. Promotion qui accueille fraîchement ce double ancrage, mais pas question pour autant de renoncer, et seuls trois des 46 apprentis quitteront la promotion avant terme. D'abord plus à l'aise au CFA, où elle apprécie de pouvoir se familiariser avec des outils et techniques qu'elle maîtrise encore mal, Lucie Gautier prend peu à peu confiance au Rond-Point. “Considérée à 100 % comme une apprentie, et donc sans responsabilités, c'était un peu frustrant au début, mais je me suis rapproché des régisseurs qui m'ont petit à petit parfois laissé prendre la main ; cela restait officieux, mais m'a permis de beaucoup progresser au niveau construction." Spécialisée “plateau", la future régisseuse profite des périodes de regroupement pour échanger avec le reste de la promotion, répartie à égalité entre les filières son, lumière et plateau.
Ils seront finalement 43 à œuvrer au spectacle de fin de formation, qui s'est déroulé pour la première fois cette année au théâtre des Folies Bergère. Une dernière expérience pratique très formatrice, et pas seulement du fait qu'il s'agissait là de réaliser un véritable spectacle à présenter au public. Car si le théâtre des Folies Bergère est évidemment un “espace magnifique", concède Lucie Gautier, l'ancienneté du lieu n'en est pas moins source de “nombreux défis" pour des apprentis techniciens. On dira que c'est là tout le sel de l'apprentissage…
Nicolas Deguerry
in L'inffo formation n° 753, 1er au 15 octobre 2009